Souvenir d'un réveillon de la Saint Sylvestre à Paris

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  • Le 01/01/2020 à 09:20
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C'était le soir et la nuit du 31 décembre au 1 er janvier, passant de l'année 1999 à l'année 2000, sur les Champs Elysées à Paris.

J'avais pris, cette fin d'année là, quelques jours de vacances, une semaine, entre le 26 décembre et le 2 janvier où je m'étais rendu tout d'abord dans les Vosges et ensuite à Paris, avant de regagner les Landes où, à cette époque, depuis février 1999, je travaillais à la poste de Lesperon en tant que chef d'établissement (receveur).

J'avais précisé, dans une autre évocation de souvenirs, de cette année là 1999, où je travaillais à la poste et finissait ma carrière jusqu'au 12 janvier 2005 dans les Landes, que j'étais, dans ce village de Lesperon au cœur de la forêt landaise, au bureau de poste, un „receveur très atypique, très anti système et en conflit quasi permanent avec ma direction du Groupement Postal de Dax.

En cette fin d'année 1999, le 26 décembre une tempête carabinée avait balayé toute la partie nord de la France, et le lendemain, le 27, toute la partie sud de la France...

Néanmoins, le 26, je m'étais risqué à entreprendre le voyage en voiture, une Volvo 440, entre Lesperon dans les Landes et Bruyères dans les Vosges.

Le 30 décembre j'arrive à Paris, je gare la voiture dans un parking souterrain du 17 ème arrondissement, pour la durée de mon séjour jusqu'au 1 er janvier au matin, puis je me rends à l'hôtel où j'avais réservé une chambre, au prix de 550 Francs sans petit déjeuner, la nuit...

En début de soirée du 31, je me trouvais sur les Champs Elysées en grandes illuminations et féeries et sur le coup de 23 heures et quelque, me voici pris dans une foule extrêmement dense et fort nombreuse (des milliers de gens femmes hommes et enfants agglutinés, pressurisés pire que dans le métro aux heures de pointe)...

Suivant le mouvement nous avancions pas à pas, épaule contre épaule, dans une presse indescriptible, vers le Trocadéro et la tour Eiffel toute étincelante de lumières de toutes les couleurs où s'affichait le compte à rebours des dernières minutes du siècle finissant quoique le 21 ème siècle ne devait vraiment commencer à vrai dire, que le 1er janvier 2001...

Au plus fort de cette mêlée humaine alors qu'il devenait difficile de respirer, de faire le moindre mouvement, et que l'on n'avançait plus tant la foule était compacte et dense, près de moi, j'aperçois un jeune de 19 ou 20 ans à l'allure de banlieusard de zone, et vêtu d'un blouson de cuir à clous... Ce jeune homme assez grand dont la tête dépassait par dessus ses voisins, se met à crier ou plutôt à hurler d'une voix brutale au timbre évoquant la résonance d'un gros tambour d'orchestre „cœur de pieuvre“, et en levant haut et à bout de bras tendu vers le ciel une canette de bière : „AN 2000! AN 2000 ! …

Vingt ans plus tard, ce hurlement, cette vocifération brutale „An 2000! An 2000“, résonne encore dans mes oreilles...

Une fois minuit passé, et la foule refluant en partie, toujours aussi serrés les uns contre les autres ; l'écharpe de ma femme se met à glisser, se défaire de son cou puis à choir sur le sol que l'on ne voyait plus, couvert de chaussures qu'il était de tout ce monde en compression extrême. Impossible et hors de question de me baisser pour essayer de récupérer l'écharpe, au risque de ne pouvoir me relever et de mourir piétiné étouffé...

Nous cherchions, revenus sur les Champs Elysées, après cette dure épreuve du passage à l'année nouvelle devant la tour Eiffel, un restaurant car nous n'avions rien pris depuis le matin mais à cette heure là entre minuit et une heure, il y avait foule partout, toutes les tables étant occupées et des gens en files de dix quinze personnes attendaient devant les bars, les restaurants...

Nous trouvâmes enfin vers 3h, dans une rue voisine des Champs Elysées, une brasserie où l'on servait encore des sandwiches et pour optâmes pour des croque-monsieur assez racornis aux tranches de pain visiblement rassies et à peine réchauffés... Accompagnés de demis de bière...

Durant cette mémorable nuit de la Saint Sylvestre 1999/2000, je pensais -ayant eu des nouvelles de la tempête ayant sévi dans les Landes- au village de Lesperon et alentours sans électricité depuis une semaine, et au bureau de poste où les 2 ordinateurs étaient hors service, celui du guichet et le serveur à l'arrière pour la comptabilité et autres opérations... Je me demandais comment j'aurais fait dans une situation aussi précaire, avec toutes les difficultés que cela représentait.

J'ai appris par la suite qu'au bout de 5 jours, mon remplaçant, un brigadier particulièrement féru de bricolage et très débrouillard, avait réalisé un branchement pirate sur le réseau EDF afin d'alimenter en électricité le bureau, et avait aussi „mamaillé“ dans les ordinateurs et le modem, ce qui avait eu pour résultat de rétablir partiellement le fonctionnement de l'ordinateur de guichet afin d'effectuer des opérations de base...

 

Dix ans plus tard, la nuit du 31 décembre au 1 er janvier pour passer de 2009 à 2010, me trouvant encore à Paris pour les fêtes de fin d'année, j'ai passé toute la nuit du réveillon aux abords de la gare Montparnasse, après un krapahut assez sportif, à pied dans une traversée de Paris depuis Montmartre, et le lendemain matin 1 er janvier je devais prendre un train TGV à prix cassé pour Dax, qui partait à 7h 00...

Cette nuit là, je l'ai trouvé très longue, en partie passée dans un bar ouvert toute la nuit.

 

 

 
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