Réflexion sur la marginalité

… Qu’est-ce qu’être marginal ? Comment peut-on définir la marginalité, en quoi un être peut-il être marginal, et d’ailleurs est-il possible de définir la marginalité “en général” et la marginalité d’un être en particulier ?

Si la marginalité se définit par une opposition à un ordre, à une pensée, à une norme, à un “consensus” adopté par une majorité, par une contestation de cet ordre, une résistance à cet ordre, et si, en conséquence elle fédère une minorité, ne serait-ce que quelques personnes partageant les mêmes vues ou idées… Alors elle n’est plus, à mon sens, vraiment, une marginalité… Et cela d’autant plus que d’autres marginalités apparaissent dans le “paysage social”…

La marginalité dans ce qu’elle a de plus marginal, n’est-elle pas celle à laquelle personne ne se rallie ? Pas même des personnes dont l’estime et la considération – à priori- nous semble acquise voire indéfectible, et cela, du fait d’une marginalité qui s’exprime de telle manière qu’elle ne peut susciter ni partage, ni approbation, ni adhésion, faite de propos, de comportements pouvant être jugés inacceptables, choquants…

Il s’agit là, en effet, d’une marginalité totale, qui n’ a rien à voir avec une marginalité se fondant sur telle ou telle vision du monde et de la société, sur telle ou telle opposition, résistance, révolte, par rapport à ceci ou cela…

En somme une marginalité qui déconcerte jusqu’à même des personnes qui à priori, nous sont acquises, nous reconnaissent…

Une marginalité inconfortable, difficile, isolante, à vivre, à porter en soi…

Une marginalité indiscernable, indéfinissable, peut-être en somme, faite de tout ce qui différencie une personne d’une autre personne ; ou de cette même personne de toutes les autres personnes, par rapport à tel “ordre des choses”, ordre de pensée, ordre d’expression et de comportement, ordre d’idée…

Une marginalité faite d’une révolte qui n’est pas la même que celle des révoltés contre ceci ou cela, qui s’exprime différemment, qui n’est plus de tel ou tel “autre côté de la barrière” …

Dans cette marginalité là, inconfortable, indéfinissable ; rien, jamais, n’est acquit de qui que ce soit fût-ce d’un ami de longue date, rien n’est acquit de ce qui est reconnaissance, soutien, fidélité… Soit dit en passant, marginalité ou pas, qu’est-ce qui est vraiment acquit, indéfectible ? Toute relation même d’amitié la plus constante qui soit, n’est-elle pas en réalité sans cesse à “réinventer” dans son évolution, dans ce qui la fait exister ? …

Ainsi une amitié, une relation de vingt ans d’âge ou même de toute une vie depuis l’enfance, peut-elle du jour au lendemain, cesser d’exister, se rompre, disparaître… Non seulement cette relation là entre deux personnes mais aussi, tout le cercle de relation autour de la personne…

C’est cela, le “prix à payer”, d’une marginalité dans ce qu’elle a de plus marginal…

C’est cela, le “prix à payer” de ce qu’il nous arrive d’exprimer, suscité ou induit par une force ou par un mouvement que l’on ne peut maîtriser, qui ne correspond pas à ce que l’on a de meilleur, de plus vrai en soi… Mais qui ne peut demeurer inexprimé, et, un jour ou l’autre “sort tel un gnome effrayant de sa boîte”, causant forcément des dégâts…

En définitive, peut-être que la marginalité dans ce qu’elle a de plus marginal, c’est ce qui met le plus à terre autant l’hypocrisie que l’imposture (l’imposture qu’il y a et qui est celle de quasiment chacun d’entre nous, à se présenter sous son jour le plus avenant)…

 

 

 

être marginal

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