Révolutions, de Jean Marie Le Clézio

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                                                                Editions Gallimard, 30/04/2004, collection Folio

Biographie de Jean-Marie-Gustave Le Clézio

J. M. G. Le Clézio est né à Nice le 13 avril 1940 ; il est originaire d'une

famille de Bretagne émigrée à l'île Maurice au XVIIe siècle. Il a poursuivi des

études au collège littéraire universitaire de Nice et est docteur ès lettres.

Malgré de nombreux voyages, J. M. G. Le Clézio n'a jamais cessé d'écrire depuis

l'âge de sept ou huit ans : poèmes, contes, récits, nouvelles, dont aucun

n'avait été publié avant Le procès-verbal, son premier roman paru en septembre

1963 et qui obtint le prix Renaudot. Son oeuvre compte aujourd'hui une trentaine

de volumes. En 1980, il a reçu le Grand Prix Paul-Morand décerné par l'Académie

française pour son roman Désert.

Le livre :

Ce n'est pas le paradis qui est perdu, c'est

le temps avec ses révolutions. Nice, dans les années cinquante et soixante,

était l'endroit rêvé où rendre un culte intérieur et un peu désespéré à l'île

Maurice de mes ancêtres. La réalité semblait ne cesser de s'y transformer, des

populations très pauvres, venues de tous les coins de l'Europe et de l'Asie, des

Russes, des Italiens, des Grecs, des émigrés africains, et les premiers

rapatriés fuyant la guerre d'Algérie, s'y croisaient chaque jour, et quelque

chose de la fabrication de la pensée classique, c'est-à-dire de la philosophie,

y était encore perceptible. Peut-être, à un degré différent et sur un autre

mode, ce qu'était Alger ou Beyrouth à la même époque. L'exil, la recherche d'une

terre, font partie de ce qui m'a été donné premièrement. Il m'a toujours semblé,

comme l'a dit Flannery O'Connor, qu'un romancier doit être porté à écrire sur

les premières années de sa vie, où le principal lui a été donné. J.M.G. L.C.

Mon avis :

De Jean Marie Le Clézio, dans “ Révolutions”, page 403 livre de poche collection Folio :

Que reste-t-il, quand le temps a tout miné, et que plus rien de ce qui existait si fort ne semble tenir ensemble?”...

... Et, à la fin de la page suivante : “Le soleil des philosophes était entré dans sa phase occultée. Jean pensait que longue serait la révolution.”

... Ce “temps qui mine tout”, est-il donc comme l'onde clignotante d'éclats de lumière sur l'eau et s'éloignant puis disparaissant? Et cet éclat si vif, lorsqu'il est entré dans notre vision en nous donnant un regard que nous n'avions pas avant que n'apparaisse l'onde d'éclats de lumière, cet éclat si vif et d'une seule trace de lumière... Doit-il avec ce “temps qui mine tout”, se fracturer en paillettes de lumière errantes et de plus en plus séparées les unes des autres?

Que reste-t-il? Peut-être la mémoire, comme un grand livre endormi jusqu'à ce que des mains, un jour proche ou lointain, le découvre et en ouvre les pages...

... Ce “soleil des philosophes” n'est-il pas la pensée de quelques êtres de ce monde et plus généralement la pensée exprimée avec les mots de tous les jours de tant d'êtres de ce monde,

une pensée venue de très loin dans le temps, du temps d'Anaxagore et d'avant ; une pensée seulement occultée en apparence?

Comme Jean, je pense que longue sera la révolution... Mais longue comme quoi? Un “jour” de la Bible? Un “jour” à l'échelle du cosmos? Un “jour” à l'échelle de la durée de nos civilisations?... Ou un souffle venu tout à coup des profondeurs de millions d'êtres peuplant la Terre?

Le Clézio

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