L'Histoire de France vue d'ailleurs, de Jean Noël Jeanneney et Jeanne Guérout

Histoire de f... Collection Points Poche mai 2018, 50 événements racontés par des historiens étrangers. 

… Selon une idée chère à Montesquieu, il est sain et tonique pour un peuple, en l’occurrence le peuple Français, de se contempler dans un miroir tendu par ses voisins Européens et autres de par le monde…

Encore que, à l’époque de Montesquieu, l’idée de « patrie » ou d’appartenance à une nation, ne pouvait être que le fait de se sentir « sujet » du royaume, pour un Français de telle région, duché, province, village, coin de terroir…

En effet un Français de l’époque et cela est d’autant plus vrai que l’on remonte dans le temps, jusqu’au haut Moyen Age, se sentait dans sa vie quotidienne, appartenir à la communauté territoriale dont il faisait partie, limitée au village où il demeurait et vivait, qu’il ne quittait d’ailleurs jamais… Être Français n’avait donc aucun sens, ne correspondait à aucune réalité en ces temps là…

Il ne devait venir à l’idée de personne, dans les campagnes et dans les villes de l’époque, au 18ème siècle, pas même dans la bourgeoisie et la noblesse, de se mesurer ou de se comparer à un habitant de Milan, de Madrid, de Francfort, de Londres ou de Vienne, lequel habitant de l’une de ces villes aurait tendu à son voisin Français à Nancy ou à Toulouse ou à Chartres, comme un miroir… Chacun étant, pour les privilégiés, préoccupé de ses intérêts personnels et d’accroître son domaine et sa fortune ; pour les gens du peuple en général paysans, de survivre…

L’Histoire de France telle qu’elle est enseignée dans les manuels scolaires depuis la troisième République notamment après 1881 avec l’école républicaine laïque obligatoire et gratuite ; dans ses grandes lignes et ses principaux événements, est encore (mais peut-être un peu moins de nos jours du fait de certaines « remises en question ») la plus « acceptable » qui soit, ou si l’on veut, la plus proche de la vérité historique… Il n’en est sans doute pas tout à fait de même dans des pays non démocratiques, où la religion ou quelque idéologie dominante, « font l’Histoire »…

Outre les écrits, les documents, les témoignages, tout cela figurant dans les centres d’archives, qui ont pu être retrouvés de ci de là, transmis d’une génération à l’autre, il y a les œuvres de peinture, de sculpture, les statues, les monuments érigés, qui font trace…

L’Histoire de notre pays, La France, qu’elle soit vue « de l’intérieur » par les Français que nous sommes, ou vue « de l’extérieur » par les autres peuples, et cela au sujet de tel événement passé… Cesse d’être l’Histoire lorsque des visions s’imposent, lorsque des idéologies dominent, lorsque des dénis, des refus, de la morale, des appréciations, des modes, des interprétations, des déformations, s’invitent…

Ainsi ces appels à déboulonner, abattre des statues de personnages contestés, à mesurer à l’aune d’une « morale de bon aloi » ce qui à telle ou telle époque prévalait, se pratiquait et était la réalité de l’époque dans son contexte environnemental…

Nier, juger, condamner – au nom de valeurs du temps présent – défait l’Histoire. Et si l’Histoire est défaite, alors quelle Histoire peut se faire dans les temps qui viennent ?


 

 

 

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