public

  • UN public, DES publics

    Plus encore que le livre, le film de cinéma -ou de télévision- est -et devient- un produit de consommation...

    Mais ce qui est heureux, c'est que la diversité des sensibilités, aussi inégale qu'elle soit du fait de la réalité de celles de ces sensibilités les plus -on va dire- communes, répandues, et qui à elles seules dominent et emplissent pour moitié l'ensemble du paysage social, culturel en France et partout dans le monde ; c'est que dans une autre moitié du « paysage », la diversité plus particulière -ou plus singulière- des sensibilités, contribue à l'existence de ce qui différencie le livre, le film de cinéma ou de télévision, d'un produit de consommation, c'est à dire une œuvre...

    Certes une œuvre peut être, dans l'univers marchand qui est celui d'aujourd'hui, mondialisé et dominé par les décideurs, par les géants de l'économie du loisir et du marché de la culture ; autant une œuvre qu'un produit de consommation (Quoique l'on puisse se demander ce qui reste en fait, de l'œuvre, prise dans « l'appareil digestif » de la marchandisation)...

    Un produit de consommation (en l'occurrence un livre ou un film) divertit et cible UN public le plus élargi possible, une œuvre impacte DES publics particuliers...

    Aussi, les millions d'exemplaires écoulés -et en plusieurs langues et en plusieurs pays- d'un livre; ou les millions d'entrées pour un film... Ne font-ils qu'une postérité qui s'évalue davantage en « chiffre d'affaires » qu'en « portée littéraire ou culturelle »...

    La diversité des sensibilités particulières est proportionnelle au nombre d'habitants de la planète... Mais ce qu'il y a de commun et de plus répandu dans les sensibilités, l'est aussi, proportionnel au nombre d'habitants sur la planète...

     

  • Que la fête soit, et à chacun son public !

          Les grandes manifestations et fêtes culturelles, ne sont-elles pas un moyen pour les politiques et les municipalités, pour les associations et groupements divers organisant ces fêtes, ainsi que pour les clientèles de ces politiques et de ces municipalités... De "faire de l'argent" par le biais de retombées économiques ? Je pense à ces flux de tourisme de masse, à tout ce qui, par l'évènement créé, contribue au développement du commerce et de l'économie locale...

    Oui certes, je le crois, il y a effectivement ces questions d'argent, mais aussi le fait que ces grands évènements culturels drainent dans leur sillage, toutes sortes de modes et de tendances. Et que tout cela profite bien aux élus locaux ou nationaux, aux vedettes, aux intellectuels en vogue ; et satisfait une catégorie sociale "bon chic bon genre" ou "gauche bobo" ou "bien dans son confort ses certitudes et ses sous" ...

    Mais il n'en demeure pas moins que l'existence de ces manifestations et fêtes culturelles, permet aussi, indirectement, à ce qui est beau, authentique, "hors des sentiers battus", à ce qui innove, crée, fait rêver et émerveille... De pouvoir s'exprimer et d'avoir son public, également...

    Serait-il possible de faire de l'Art, sans places publiques, sans théâtres, sans galeries, sans salons, sans lieux de rencontre, sans interlocuteurs, sans spectateurs ?

    Alors, que la fête soit, et que les acteurs de la fête aient chacun leur public... Car il y a plusieurs publics, plusieurs sortes de public.

    Personnellement je me fous du public "bon chic bon genre", je me fous du public "branché" ou "gauche bobo" ou du public "bien dans son confort ses certitudes et ses sous" ...

    Mais s'il y a dans ces publics là (dont on n'est pas si sûr d'ailleurs, qu'ils soient forcément les plus nombreux), quelques personnes pour te sourire, te regarder autrement que comme une "bête curieuse", alors pourquoi, tout "apache" ou tout contestataire ou tout anarchiste que l'on soit, ne regarderait-on pas aussi ces personnes là, ne jouerait-on pas pour elles et ne leur dirions nous pas merci d'être venues ?

    Quand bien même il n'y en aurait qu'une seule parmi des centaines, de ces personnes "bon chic bon genre" ou "gauche bobo" ou "bien dans son confort" ou "tout ce qu'on voudra" selon la sensibilité ou la "vision du monde" que l'on a... quand bien même, oui, il n'y en aurait qu'une, il faut jouer, oser, pour elle...