paysage

  • Le paysage de la poésie, un désert ?

    … Selon Salman Rushdie, dans “Les versets sataniques”, “ le paysage de sa poésie restait le désert”…

     

    … Plus encore que le terme de “désert”, c’est la formulation “restait le désert”, qui m’interpelle…

     

    Est-ce que le paysage de la poésie est un désert qui “resterait” toujours un désert ? Et quel désert ? Un désert de quoi ? De sable, de rocaille, d’absence d’amour, de violence, de solitude ?

     

    Le paysage de la poésie, désertique, serait alors un désert parsemé de fleurs de sable qui auraient un langage ? Et habité par une sorte de “petit prince” qui traverserait ce désert dans l’espérance d’une rencontre avec un renard des sables qu’il n’apprivoiserait pas ? …

     

    Le paysage de la poésie est un désert lorsque ce paysage par la ligne d’horizon qui le cerne, ne s’ouvre pas à ce qui est situé au delà de la ligne d’horizon, et qu’il ne reste que les fleurs de sable, plus imaginées que réelles par “le petit prince”, à perte de vue, aussi belles, aussi “immortelles” qu’elles soient mais n’illuminant le paysage que d’une clarté aveuglante…

     

  • Le tableau

    ... Au milieu du siècle précédent, jusque dans les années 1980, le monde était comme un tableau, un paysage avec des personnages. Et le tableau semblait immobile, comme figé dans le temps, un temps relié au temps qui précédait... Mais le tableau cependant était bien vivant, et les personnages animés, et c'était comme si l'on se trouvait, acteur ou spectateur ou témoin, à l'intérieur du tableau, un tableau dans lequel on respirait, on vivait...

    Les scènes, les personnages, tout ce qui constituait le tableau dans le détail et dans son ensemble, tout cela était de couleurs aussi criardes et violentes que dans le tableau d'aujourd'hui, celui des années présentes de ce début de 21ème siècle... Autant dire que le "monde d'avant" était aussi inique, aussi empli d'hypocrisies, et les gens aussi préoccupés de gagner toujours plus d'argent, d'accroître ou de conforter leurs possessions matérielles...

    Mais il y avait, dans le tableau d'avant, comme un fond, un arrière plan dans lequel on discernait des tons, des couleurs qui ne changeaient pas et qui, si lointaines que ces couleurs nous eussent parues, si peu visibles ; n'en étaient pas moins présentes et immuables... Des couleurs et des tons somme toute, dans le fond du tableau, qui étaient pour nos yeux comme le ciel du jour ou de la nuit au dessus de nos têtes...

    Dans le tableau d'aujourd'hui, celui de ce début de 21ème siècle, les couleurs de l'arrière plan du tableau sont craquelées, si craquelées qu'elles partent en éclats, des éclats de plus en plus dispersés, de plus en plus petits ; autant dire que le fond ou l'arrière plan disparaît peu à peu, et qu'il ne demeure dans le tableau devenu aussi mouvant que la rosace tournoyante dans un kaléidoscope, que les couleurs criardes et violentes du nouveau paysage avec des personnages dont la vie court comme un train sur des rails de gare en gare, et les gares sont des lieux de marchés et de consommation...

    ... Il sera plus difficile pour l'artiste, d'extraire du tableau, de l'immaculé... Difficile, mais nécessaire...

    Par exemple, ce n'est point parce que tant de gens (et pas forcément les plus jeunes), en bus, en tramway, avant que le film au cinéma ne commence, à table en famille... Ont les yeux rivés sur l'écran de leur smartphone, qu'il n'y a plus de relation, plus de regard vers les autres, plus de solitude, moins de liens, etc. ...

    C'est le regard porté sur le tableau, qui ne se fige pas sur les craquelures éclatées ; qui entre dans les couleurs mouvantes, qui suit les personnages de la vie qui court ; ce regard de témoin bienveillant mais lucide, indépendant, insoumis aux jugements, aux modes et aux complaisances... Qui appréhende le tableau dans sa dimension réelle et dans ce qu'il y a d'intemporel dans le tableau mouvant et changeant...


     


     

  • Le temps

         Les années n'existent pas, ce sont les jours, les nuits et les saisons, qui viennent et reviennent, sans commencement, sans fin...

    Un seul temps en somme...

    Un temps où le passé, le présent et le futur sont comme un immense paysage sans ligne d'horizon...

  • Paysage minéral

    Hoggar

    Un paysage désolé aride minéral

    Et de part et d'autre des points cardinaux

    Ces flancs rocheux et abrupts ne renvoyant jamais l' écho

    De ce cri pirate qui décide de briser

    Juste le temps d'une colère coup de poing

    Un long silence blême

    Le silence blême et ordinaire du pirate

    En réponse aux outrances aux violences aux indifférences

    Jetées des balcons et des trottoirs et des maisons et de tous les lieux inhospitaliers

    Au milieu de la circulation générale bruissante de sons discordants

    Emporter son silence jusque dans la chute finale au bout du chemin

    C'est ne laisser pour seule trace que ce silence

    Qui sera peut-être interrogé et dont on imaginera des sons

    Des sons enfouis et s'enfuyant

     

  • Les deux hémisphères de paysage dans la boule

         Tout le problème est là : la qualité littéraire d'une part, et l'homme -ou la femme- en tant qu'être humain (comportement, relation) d'autre part...Ainsi, Hugo homme, Rousseau homme, Voltaire homme par exemple ?...

    Le discours d'une part, et l'agissement d'autre part...

    Le paraître, le vouloir être, d'une part ; et l'être d'autre part...

    Mais bon, que c'est difficile d'avoir "le regard qu'il conviendrait" (pour autant qu'un tel regard puisse exister...)

    Déja, regardons ce que nous sommes nous-mêmes, de préférence sans personne devant nous, avec réalisme et humilité...

    ... Il me vient aussi cette pensée, à propos de ce regard qu'il conviendrait d'avoir, pour autant que ce regard puisse exister... Qu'il aurait toujours existé en fait, qu'il n'a jamais cessé d'exister, mais de l'autre côté du paysage dans lequel nous sommes et où nous regardons avec des yeux aveugles...

    Bien sûr, ce que je dis là ne veut pas dire grand chose... Mais je ne vois pas comment l'exprimer autrement que existant de l'autre côté du paysage dans lequel nous sommes...

    ... Deux "hémisphères de paysage" à l'intérieur d'une boule de verre...

    Entre les deux hémisphères, un "plan équateur" qu'aucune "surface frontière", qu'aucune sorte de "pellicule" ne sépare visiblement.

    Et cependant, les deux hémisphères de paysage sont comme deux paysages séparés : nous sommes tous, tous les êtres vivants, durant tout le temps de notre vie, dans un seul de ces deux paysages : celui de la vie que nous traversons.

    Et ce paysage où nous sommes tous, nous le voyons, nous l'observons, nous le parcourons, nous l'habitons, avec le regard que nous portons et qui nous semble lumière.

    Et il existe en dessous, ou de l'autre côté, dans l'autre hémisphère de paysage, ce regard, cette lumière que nous aurions si nous pouvions aussi être de l'autre côté en même temps... Dans cet autre côté où nous ne sommes jamais, sauf peut-être, virtuellement ou illusoirement ou au travers d'un miroir ou d'un mirage,  en ces moments de "nostalgie" ressentis comme du "paradis perdu" (ou de la connaissance perdue)... Mais alors le regard qui nous vient ainsi n'est encore pas celui que nous aurions si nous étions vraiment dans l'autre hémisphère de paysage...

    La boule aux deux hémisphères de paysage, est en fait Une et Une seule... Mais elle peut tout aussi bien être, la boule, grain de sable, galaxie, ou conglomérat de galaxies...