manifestations

  • Ces manifestations qui se terminent mal ...

         Ces "casseurs" comme il est courant -et comme "coulant de source"- de les nommer, et cela depuis en gros, une cinquantaine d'années lors de toutes les grandes manifestations, depuis en particulier mai 68... Ces "casseurs" habituellement définis comme des voyous, des marginaux violents, de la "racaille" (pour employer le terme de Nicolas Sarkozy lors des émeutes de 2005), ces "casseurs" qui ne sont autres (pour beaucoup) que des voleurs, des jeunes (et d'autres moins jeunes aussi) qui profitent de débordements dans les manifestations pour commettre des vols avec effraction de vitrines de commerces et autres dégradations...

    Ces "casseurs" qui sont et ont toujours été, soit des perturbateurs "manipulés" d'une part, soit vraiment, réellement, incontestablement, des pirates, des pillards d'autre part, et qui sont le plus grand nombre, ceux qui sèment la terreur, discréditent tout mouvement social de protestation, agissent en bandes organisées, anonymes parce que masqués et non reconnaissables... N'incitent pas à accréditer le fait que parmi eux, l'on y trouve aussi des gens qui eux, sont des "casseurs d'un système" on va dire...

    Ces "casseurs d'un système" mêlés aux "casseurs" que l'on connait depuis toujours, cette fois ci lors des manifestations contre la loi du travail (et d'ailleurs aussi depuis les autres manifestations précédentes de ces toutes dernières années), sont, du moins pour un certain nombre d'entre eux, motivés dans le sens d'une violence contestataire (anarchistes, marginaux, extrême gauche dure voire aussi extrême droite dure) en ce sens que, sporadiques, marginaux, sans mots d'ordre qu'ils sont mais néanmoins organisés ; ils "cassent" cette fois ci non plus pour voler, non plus pour seulement profiter des débordements de la manifestation, mais surtout, avant tout, pour exercer leur violence contre une société et un système politique économique qui les "laisse sur le carreau" dans une hypocrisie manifeste, pour exprimer le rejet qu'ils ont de ce système, de cette société, de ce pouvoir des puissants et des décideurs, un pouvoir qui ne sert que les intérêts d'une minorité possédante et accrochée à ses privilèges, un pouvoir en déliquescence, voire en absence, quand il s'agit de défendre l'intérêt public...

    Faut-il s'inquiéter de cette violence, de ces groupes de "casseurs du système" qui, tout aussi méthodiques et déterminés qu'ils sont ; fondent tels des commandos sur les forces de l'ordre, pour s'en prendre aux vitrines de grandes enseignes, en fait, aux "symboles" de cette société de consommation et du Pouvoir, à tout ce qui représente cette société qu'ils rejettent pour ce qu'elle a d'injuste, d'insolence et d'ostentatoire dans ce qu'elle montre et produit, cette société?

    Faut-il s'inquiéter?

    Oui et non, dis je...

    Oui parce que, bien sûr, de la violence dans la contestation et de la négation d'un système politique et économique, de la dégradation et de la destruction, n'a toujours surgi de tout temps à jamais qu'un autre, que d'autres pouvoirs tout aussi abusifs, tout aussi injustes, tout aussi ségrégatifs, partisans et fanatiques... Oui parce que lorsqu' aucun pouvoir, aucun système, lorsque rien ne surgit du chaos ; ne se perpétue, ne se généralise, que la déliquescence de la société, la disparition de tout ce qui fonde les valeurs de la relation humaine, et donc le risque de la disparition d'une civilisation, de l'ensemble des sociétés et de la civilisation humaine...

    Non en ce qui concerne les habituels "casseurs" pillards et profiteurs de troubles qui eux, soit dit en passant s'en prennent bien davantage aux vitrines des magazins, aux voitures, aux équipements urbains, qu'aux forces de l'ordre, et depuis toujours font "partie du décor" exactement comme les mauvaises herbes font partie de la nature, et qui ne sont que des prédateurs saisissant l'occasion de piller, de voler, de détruire, et qui jamais ne domineront le monde, médiocres et sans envergure qu'ils sont...

    Non dans la mesure où la violence contestataire (celle des groupes anarchistes et ou d'extrême gauche et droite et autres révoltés) -et qui tend à se reproduire à chaque manifestation- n'est que la résultante, la conséquence de tout ce que nous avons laissé s'accomplir depuis quarante ans environ : soumission, passivité, addiction au mirage d'un système économique fondé sur le pouvoir de l'argent et des apparences, addiction à une consommation de masse, addiction à tout ce qui, moyennant "cent balles dans le dada", nous satisfait, nous conforte, agit sur nous comme une drogue... Ainsi ces "colosses" que nous avons laissé grandir, se développer et nous soumettre, ces "colosses" que sont les grands lobbies, les grands groupes bancaires, les grands marchés, nous en sommes devenus entièrement dépendants, au point de penser utopique de les remettre en question, de réellement vouloir les abattre... (C'est d'ailleurs -les "bienfaits de la mondialisation"- ce que tous les grands économistes, les gouvernements de droite ou de gauche, les "tenants du Système" n'arrêtent pas de nous marteler par médias et discours et pensée sans cesse relayés)...

    Dans la mesure où l'on peut considérer cette violence contestataire et destructrice de ces "casseurs du système" agissant tels des commandos, comme étant un "signe" (l'un des "signes") qu'un monde est en train de changer, de changer dans la douleur certes... Il ne faut s'inquiéter que pour ce "dada qui ne nous trémoussera plus quand on mettra la pièce d'un euro dans la fente" ! (On pourra bien sûr à juste titre s'inquiéter d'autre chose, mais cette inquiétude poussera peut-être à de la réflexion, à des choix, à davantage de sens des responsabilités, à des actions plus organisées et plus efficaces qui contribueront à l'assèchement de ce système économique et politique en train de casser, lui, la planète toute entière!)...