les ondes voyagent et se propage

  • Autour d'un verre

         Que de sujets de discussions dans le genre « autour d’un verre » sur le Web via les forums et les réseaux sociaux !

    Au temps de Flaubert et de George Sand, de Verlaine, de Rimbaud et des Impressionnistes, il y avait les cafés littéraires, les clubs, les salons et les cabarets où l’on se rencontrait… Certes l’absinthe pouvait couler à flots, relayée par quelques « pétards » et fumées de pipes ou de cigarettes ; l’on y « refaisait le monde », l’on s’y présentait les derniers poèmes ou projets de livres… L’on y escagassait les bourgeois, les convenances et la médiocrité de l’époque et l’on y cabalait de tout son esprit, de sa verve et de ses pamphlets.

    Mais c’était là un autre temps que le nôtre ! Avec les mêmes déserts relationnels, les mêmes solitudes, les mêmes exclusions, les mêmes misères qu’aujourd’hui cependant…

    De nos jours, il y a les forums du Web, les sites et les blogs… Avec son petit verre, son absinthe, son "petit noir"virtuels, en face de l’écran ! Il faut certainement -enfin peut-être- plus de talent, d’imagination, de flamme d’esprit et de cœur, de gravité et d’humour, de mots à trouver dont on discerne le ton et la voix ; de « smiles » et d’art de la ponctuation… Pour pallier à l’absence des visages, des regards, des gestes, des sourires, du son de la voix...

    Dans la communication virtuelle par e-mail et par forum, même en collant sa photo ou son avatar, il doit falloir à mon avis un talent qui n’existe pas, tout un art à inventer, pour concurrencer ces rencontres d'hier et d'aujourd'hui dans les cafés et les cabarets !

    Si l'on peut rêver d’avoir ce talent, et quand bien même l'on parviendrait à l'avoir, à quoi servirait-il donc, ce talent, tout seul que l'on peut l'être en définitive, devant un ordinateur ou un i-phone dans une pièce fermée, dans un espace public où vont et viennent des centaines de gens, en tout lieu où ne se font pas ou se font très aléatoirement, de rencontres véritables ?

    Si la beauté de ces âmes que l'on perçoit ou que l'on croit percevoir et que l'on a tendance à surdimensionner, à la seule lecture de quelques lignes d'un interlocuteur dans un forum ou d'un "ami" sur Facebook, nous peuvent donner de si belles nuits ou de si clairs matins, nous inspirent les mots que l' écrit, nous peuvent émouvoir comme un garçon de 15 ans amoureux de sa première fille… Le "petit verre dans le cœur" et les regards imaginés, seul en face de l’écran de l' ordinateur…Valent-ils de vrais regards autour d'un vrai petit verre à la terrasse d'un café ? Ou même -et c'est peut-être par là que commence l'essentiel de la relation- valent-ils ce regard d'une seule fois, ce regard de passage, ce regard que l'on a donné et qui a été perçu et dont le souvenir persistera?

    Les mots peuvent beaucoup mais n'ont pas d'ondes... Alors il leur faut de l'écrit que l'on peut lire soit dans des livres soit sur Internet... Internet censé avoir "en partie résolu" le problème de la communication en abolissant le temps, la distance et l'absence de présence physique...

    Les mots ne produisent pas d'ondes mais seulement (et ce n'est pas neutre) des "effets"...

    Le regard, la voix, le geste, la main, le visage, et d'une manière générale tout ce qui émane de l'être, tout cela oui, a des ondes, émet des ondes...

    Et les ondes traversent peut-être mieux que les mots, que les simples mots écrits... le temps, les distances, les espaces, les écrans, les murs, les absences...

    Les ondes "voyagent" et donc se propagent, bien mieux et avec davantage de portée réelle, que les mots ou que les images de mots...