le pouvoir de l'écrivain

  • Quel pouvoir pour l'écrivain aujourd'hui ?

          Les écrivains aujourd'hui sont-ils "dans une consensualité du monde" ?... Mais une "consensualité du monde" tellement diversifiée qu'elle en devient pour ainsi dire "illisible"?

    L'écrivain à mon sens, n'a que peu de pouvoir, voire même aucun dans cette consensualité du monde et c'est pour cela que les régimes politiques, hormis les plus totalitaires, n'ont nul besoin de le censurer, et qu'il se fond dans le paysage social, devenant ainsi un "point de vue sur la mer", un "lieu à visiter", un "site historique ou archéologique", et souvent même, un "parc d'attractions et de loisirs", une "galerie marchande", une "boutique de mode"... Qu'il se fond également dans un paysage culturel si ouvert, qu'à aucun moment il ne se sent inquiété à produire, à s'exprimer, à diffuser...

    L'écrivain n'a de pouvoir que s'il se démarque de la consensualité du monde, dans laquelle il y a aussi (parce qu'elle la récupère) , de la révolte ou des formes de violence...

    ... La consensualité du monde tendrait progressivement à se révéler "plus dangeureuse, plus invalidante" encore on va dire... que la pression des régimes autoritaires et totalitaires... dans la mesure où cette consensualité du monde n'incite pas à la résistance qui s'impose.... dans la mesure aussi où elle offre à l'écrivain, à l'artiste, la possibilité de "s'exister" ( tout comme l'on existe et s'existe d'ailleurs, dans la société de consommation).

    ... Par là, avec les médias, les plateaux de télévision , le Net, l'image, la photo et tous les arrangements possible avec photoshop (et la vidéo), facebook, twitter, les "Leclerc culturel", maisons de la Presse, magasines People et revues de toutes sortes", l'on rejoint bien cette "consensualité du monde" dans laquelle se produisent écrivains, artistes et intellectuels... Dont le seul pouvoir qu'ils cherchent à avoir, et auquel certains d'entre eux accèdent, n'est autre que celui du paraître et de la notoriété, soit un pouvoir qui en aucun cas, ne peut inquiéter ni un état ni un gouvernement en place ni une société ni un système écomomique.

    Une résistance qui parviendrait à s'imposer dans une opinion publique "travaillée" par une oeuvre d'écrivain, ferait assurément peur aux décideurs politiques et économiques puisqu'elle tendrait par son contenu, par son action et par sa diffusion, à invalider tout le "bien fondé" d'un système et d'une "pensée unique" censés convenir au plus grand nombre et ainsi, assurer à chacun de "réussir sa vie à condition qu'il joue le jeu"...

    ... Mais je ne sais pas, à vrai dire, si c'est bien là la formulation qui convient exactement...

    Car se pose le problème de la notoriété (de l'écrivain)...

    Pour le paraître il me semble que le problème peut être résolu, en ce sens que l'écrivain peut ne pas paraître ou du moins ne pas exposer sa personnalité, ou son allant, sa faconde, son moi, sa vie privée, devant les médias...

    La notoriété serait-elle donc "inévitable" ? En toute logique elle est nécessaire... Mais alors, comment doit-elle être et se manifester, cette notoriété ? C'est bien là la question...

    Il me semble que... au delà de l'idée -et de la réalité- de la notoriété même, devrait s'imposer "ce que soutient la notoriété de l'écrivain qui a cette notoriété"... C'est à dire l'esprit, le "souffle", qui l'anime et qui se diffuse, se reçoit (comme de l'air ambiant qui est respiré, ou une nourriture qui donne de la force)...

    La notoriété donc, oui, mais pas la notoriété pour elle-même seule...

    Me suis-je bien fait comprendre ?

    Cela m'est difficile à exprimer, mais dans mon esprit c'est très clair...

    ... Si les médias sont mal perçus et critiqués et vilipendés par certains artistes, écrivains ou intellectuels, et aussi par une partie de l'opinion publique, c'est parce qu'ils sont corrompus et dévoyés...

    Mais les médias cependant, sont utiles et nécessaires dans la mesure où ils se font les vecteurs de la communication, de l'expression, de l'information ; dans la mesure où ils portent sur la voie publique la vérité et la réalité des talents, l'authenticité des faits, des actes, des évènements et des personnes et des choses... Et non pas comme ils le font aujourd'hui dans ce monde marchand et de consommation de masse et de voyeurisme outrancier ; comme ils le firent dans le monde d'hier et d'avant hier qui n'était "pas mieux", en mettant sans cesse en scène, en portant devant le public, tout ce qui stimule ce public dans ses aspirations les moins louables, parfois les plus indécentes, souvent les plus communes ou vulgaires...

    ... "L'écrivain n'a de pouvoir que s'il se démarque de la consensualité du monde", dis-je...

    Mais il s'agit ici d'un pouvoir qui est celui qui s'articule sur une ou des formes de résistance, d'opposition, et qui parvient à s'affirmer et à exister...

    Mais il est aussi un autre pouvoir, celui là sans doute plus évident et plus dominateur (et qui bien sûr "ne fait pas peur du tout à l'état puisqu'il conforte l'état")... C'est celui qui s'articule sur une ou des formes de collaboration avec l'état, ou d'encensement des principes de l'état ; ou qui soutient une forme de "pensée unique" et qui donc, dans ce sens, impacte l'opinion publique en son ensemble ou en partie... D'ailleurs à ce sujet, dans "ce pouvoir là", il y a des écrivains "de fort belle langue Française et de grand talent" (ce sont ceux là que je trouve personnellement "dangereux" en fonction de ma sensibilité et qui m'inquiètent dans la mesure où ils attirent vers eux, des gens dont je pourrais penser qu'ils "pourraient être de mon côté" -mais en vérité ne le sont pas tant que cela- )... Or, justement... Ils sont de belle langue et de grand talent, et donc ils séduisent...

    Faut-il envisager une sorte de "compétition" entre les : "de belle langue et de grand talent mais du bon côté du manche", et les "autant de belle langue et de grand talent mais de l'autre côté de la barrière" ? ... (il peut y avoir là un enjeu)...

    ...Mais ce qui est triste -et révoltant- c'est lorsque ce sont les "de laide et méchante langue et de petit talent" que les médias mettent en scène ; qui prennent le pouvoir et se révèlent arrogants et vendent leurs cochonneries...