jardins

  • "Effroyables jardins"

    Effroyables jardins oui, que toutes ces scènes de l'actualité présente !

    Effroyables jardins oui, que ceux de notre quotidien de violence, de débats stériles où l'on s'écorche, de haines, de crispations, de désarroi, de dénonciations, de scandales, d'ignominies, d'obscénités, de lâcheté, d'hypocrisie, d'arrogance, de médiocrité, d'indifférences, de silences ou de tapages, d'outrage dans le verbe et dans le geste, d'agressions homophobes et autres !

    Effroyables jardins oui, que tous ces paysages en état de bouleversements technologiques, géopolitiques, spirituels et culturels dont l'horizon roule comme une vague battant à la course et invalidant la pensée même de tous ceux et celles qui pensent encore...

    "Effroyables jardins"... Un film de Jean Becker avec Jacques Villeret, André Dussollier, Thierry Lhermite, sorti le 26 mars 2003...

    "Effroyables jardins" sur Direct 8 le dimanche 21 avril 2013 à 20h 45...

    Ce film est une adaptation du roman de Michel Quint sorti en 2000, même titre...

    Dérision, gravité et humour... dirais-je, dans ce film.

    Un véritable "pied de nez", une boule rouge de clown sur le nez oui, au beau milieu de cette furieuse mêlée dans les effroyables jardins de ce printemps 2013...

    Une boule rouge sur le nez, et un tout petit accordéon qui musique "y'a d'la joie", devant le portail de chacun de tous ces effroyables jardins...

    Lucien à 14 ans, méprise son père, un instituteur de village qui se produit dans un numéro de clown amateur. Mais André, le meilleur ami de son père, explique à Lucien le "pourquoi" et l'origine de ce numéro de clown...

    En 1944 à l'époque du débarquement de Normandie, André et le père de Lucien sont pris comme otages avec deux autres hommes du village à la suite du sabotage d'un poste d'aiguillage. Le père de Lucien et son ami André sont en même temps auteurs et otages, puisque ce sont eux qui ont fait le coup (l'un en attaquant au lance pierres une sentinelle Allemande, et l'autre en faisant sauter avec une charge explosive bricolée, le poste d'aiguillage)...

    La scène, à mon sens, la plus marquante, la plus significative (j'y vois là comme un symbole, ou plutôt comme un message d'une très grande portée, surtout en rapport avec ce que nous vivons et observons aujourd'hui dans l'actualité) :

    Le père de Lucien et son ami André, ainsi que les deux autres otages, ont été jetés par les soldats Allemands au fond d'une fosse glaiseuse, en attente d'être fusillés le lendemain matin si les auteurs du sabotage ne se dénoncent pas.

    Survient un soldat Allemand qui "fait le clown" avec une boule rouge sur le nez et un petit accordéon, et qui chante "y'a d'la joie" de Charles Trenet... Toute petite musique, toute petite voix...

    Le lendemain matin à l'heure de l'exécution, le soldat Allemand qui a fait le clown refuse de braquer son fusil sur les condamnés, se met la boule rouge sur le nez et se moque de l'officier commandant le peloton d'exécution. Mais le soldat Allemand est immédiatement et froidement abattu d'une balle dans la tête par l'officier... la boule rouge tombe dans la fosse...

    Entre temps, le gardien du poste d'aiguillage, qui avait été gravement blessé dans l'explosion, venait de s'accuser lui-même, et les "otages" sont remontés et libérés...

    Il y a bien là, à mon sens, avec autant d'humour, de gravité, et de dérision (dérision en face de ce "sens du monde" tel qu'il doit être, tel qu'on le fait être, tel qu'il doit s'imposer, tel qu'il uniformise, tel qu'il fait les modes, tel qu'il arrange les uns au détriment des autres, tel qu'il fait les guerres, tel qu'il broie les peuples, tel qu'il se fait religion, tel qu'il "encultéïse")... Il y a bien là oui... Une immense, immense capacité d'amour qui se manifeste... Et c'est cela, oui, par la capacité d'amour que l'on peut porter en soi, le seul, véritable et légitime combat à mener ; la plus grande et la plus efficace forme de violence qu'il y a au monde, à exercer...

    C'est "la seule chance qu'on a d'y arriver", de sortir de cette "impasse historique" dans laquelle on est en train de crever comme au fond d'une fosse glaiseuse avec des salauds au dessus qui s'empiffrent et font une fête obscène...

    ... Le film dure environ 1h 30, le voici :

    http://www.youtube.com/watch?v=yOyt-Msw4T4