hommes de bonne volonté

  • "Paix aux hommes de bonne volonté" ! ...

         La civilisation humaine dans toutes ses composantes et dans sa diversité culturelle, ne pourra avancer, évoluer, ou plus exactement "comme passer du vaste palier sur lequel elle se trouve depuis l'origine de l'humanité, sur le palier situé juste au dessus, et cela par quelques marches d'escalier"... Que par la bonne volonté de quelques uns de ces hommes.

    Le "vaste palier" dont le début se perd dans l'espace lorsque l'on regarde du côté d'où il peut commencer, est en fait comme un plateau, un paysage qui, de loin en loin, parfois de proche en proche, a des "rides", ou de "petits bourrelets" -mais aussi des creux, voire des fractures, des fossés... Comme dirait un cyclotouriste : "de longs faux plats ascendants ou descendants"...

    Mais le "seuil" (comme trois ou quatre marches brisées d'un escalier de pierre), un seuil menant au "palier" suivant... N'est pas encore visible... Le sera-t-il jamais d'ailleurs ?

    Mais qu'est-ce que la bonne volonté de quelques uns de ces hommes de bonne volonté ?

    Dans la réalité, dans le sens du monde d'aujourd'hui, du monde d'hier, et du monde encore de demain, les gens ne se comprennent pas parcequ'ils pensent, parce qu'ils ressentent, que leur mode de vie, que leur culture, que leur identité dans le sens de cette culture, se trouve menacé, agressé, maltraité, refusé... Et que tout ce qui s'oppose à cette identité culturelle dont on se réclame doit être combattu, voire éliminé... Que ne peut-on comprendre cet état des choses ?

    La bonne volonté de quelques uns des hommes de bonne volonté commence là où ces hommes parviennent à se rejoindre, à communiquer entre eux, autour de choses qui les unit dans un même ressenti, dans une même émotion, à vrai dire sur des "valeurs" (ne serait-ce que sur une seule de ces "valeurs") qu'ils ont en commun, aussi différents soient-ils, aussi "ennemis" qu'ils soient.

    Dans le sens du monde, dans la "logique" de la pensée humaine, dans la réalité de ce que ressentent les hommes... Il paraît "impensable" par exemple, qu'un Front National (de parti ou d'idée) puisse être l'ami d'un anarchiste ; qu'un musulman ou qu'un chrétien "pur et dur" (dans ses convictions, dans sa foi) puisse être l'ami d'un athée, d'un incroyant...

    A dire vrai, dans le sens du monde ; l'idée avancée, osée, déclarée publiquement, d'une telle amitié possible... Ne peut être perçue que comme suspecte, déraisonnablement utopique, dérangeante, inconvenante...

    Et pourtant... à bien, à difficilement, très difficilement réfléchir... La bonne volonté c'est cela...

    Nous ne sommes pas dans un monde -en particulier sur le Net où tout se dit/s'écrit/se diffuse sans aucune retenue dans l'exacerbation et dans la violence des passions, dans l'injure, dans la calomnie- dans un monde donc, où l'on peut sans risque, s'exposer, se déclarer ouvertement "de ceci, de cela"... Cependant le courage de dire, de dénoncer ou au contraire de louer et de "porter en avant", qui me semble être une nécessité -pour ne pas dire un devoir- doit aussi être associé à une forme de discrétion...

    Je suis persuadé qu'avec la plupart des gens de ce monde, pris "seul à seul les yeux dans les yeux sans témoins, l'on peut arriver à quelque chose"... Mais qu'avec ces mêmes gens pris dans le courant du monde et entourés d'autres gens pris eux aussi dans le courant du monde, il faut alors, lorsque il se révèle à peu près sûr que "cela ne va pas passer sans casse", que cela va être un frein pour ce que l'on veut "porter en avant", que cela peut discréditer ou nuire à ce que l'on veut "porter en avant"... Il faut alors avec ce "courage de dire", une "certaine discrétion"...

    Peut-être (c'est ce que je crois) que l'Art, que la Littérature, sont les meilleurs vecteurs pour ce que l'on tient, tout à fait personnellement et par conviction, à exprimer... que l'on n'exprimerait point dans un langage commun de la vie de tous les jours... L'impact de l'image par les mots? Les mots eux-mêmes ? Le ton qui transparaît ? La formulation ? La musique, le rythme qu'il y a dans la phrase écrite ou dite ? Et le "ciment" de tout cela qui en est "l'essence", le sens profond ?

    Mais l'Art, mais surtout la Littérature aujourd'hui... Ne semblent pas être "ces vecteurs" (ou ces "outils") d'accélération de la marche des hommes en direction du "seuil"... L'Art et la Littérature aujourd'hui seraient plutôt davantage des vecteurs pour une promotion, pour une exposition, de ce que l'on veut montrer, afficher, avec tout l'effet produit, et qui aura de l'audience (qui fera de l'audimat plus précisément). Car derrière l'audience, derrière l'audimat, il y a le Marché, de gros intérêts en jeu...