générations

  • Dans l'évolution du monde du travail

    … Les personnes de la génération dite du « baby boom », notamment les nés entre 1946 et 1955, ne sont plus dans la réalité « au plus près et au quotidien » du monde actuel du travail, ou s’ils le sont, cela ne peut être qu’indirectement (indirectement « au plus près » si l’on peut dire) par leurs enfants encore en pleine activité professionnelle.

     

    Les nés entre 1946 et 1955 ont connu le monde du travail durant une époque, de 1968 à 2005/2010, où le monde du travail était différent, très différent de ce qu’il est devenu aujourd’hui, surtout depuis 2010…

     

    Ayant cessé leur activité professionnelle entre les années 2005 et 2010, environ 15 ans se sont écoulés et en conséquence les nés entre 1946 et 1955 se sont au fil du temps, éloignés du monde actuel du travail dont ils ne perçoivent plus, depuis 15 ans, le vécu, la réalité dans leur quotidien de vie de personnes de 70/75 ans…

     

    Mais ils avaient cependant vécu à partir de 1995 jusqu’à leur départ en retraite entre 2005 et 2010, les évolutions dans le monde du travail…

     

    En revanche – et c’est bien là ce qui « creuse l’écart » entre leur génération de « seniors » (de « vieux seniors » osons dire) et les générations qui précèdent la leur – le monde du travail actuel avec toutes ses problématiques qui ne ne sont plus celles de la seconde moitié du 20ème siècle ; impacte directement et au plus près au quotidien, les gens de 25 à 50 ans (la majorité des actifs), des jeunes de moins de 25 ans, et des personnes de 50 à 60 voire 65 ans – puisque l’âge de départ à la retraite a reculé de quelques années…

     

    Quelque soit la nature du lien de relation entre gens de plus de 70 ans et leurs enfants, leurs petit enfants, leurs amis et connaissances des générations 40/60 et 20/40 ; même dans la configuration ou dans l’environnement le plus favorable, le meilleur ; il demeure indéniablement une différence perceptible dans le quotidien et dans le mode de vie, dans le vécu, la vision du monde et des choses, dans les repères culturels et autres, entre ceux et celles qui ont connu le monde du travail avant l’an 2000 et ceux et celles qui sont aujourd’hui dans le monde du travail.

     

    Entre la seconde moitié du 19ème siècle et la première moitié du 20ème, certes il y avait eu aussi une évolution dans le monde du travail ( avec le progrès technique notamment dans l’agriculture, l’industrialisation et l’exode des populations rurales vers les villes)… Mais nous étions dans une évolution qui s’inscrivait encore dans un environnement social fondé sur des traditions, sur des « valeurs », sur des repères culturels, cela dans le prolongement de ce qui avait toujours été depuis des siècles… Et il y avait donc « moins d’écart » si l’on peut dire, entre les générations…

     

    Nous sommes réellement aujourd’hui, au 21ème siècle, dans une configuration très différente, de la société, du relationnel, du monde du travail, des problématiques… Et cela devient difficile à gérer pour tout un chacun…

     

     

  • Quatre générations de retraités

    … Dans la population dite du “troisième âge” l’on peut de nos jours (en 2021) en fait depuis déjà une trentaine d’années, distinguer quatre générations de retraités :

    -Celle des tous jeunes retraités, en gros autour de 60 ans, des gens cessant leur activité professionnelle, et qui se prolonge à peu près jusque vers 68 ans…

    -Celle des installés dans la retraite, les véritables “seniors” en fait, âgés de 68/69 à 80 ans, en général propriétaires de maison en milieu rural urbanisé, ou d’appartement en ville, et autant que possible “portant encore beau” physiquement et intellectuellement, souvent actifs dans des associations locales…

    -Celle des retraités anciens, au delà de 80 ans – ce n’est déjà plus la même génération (ils étaient enfants durant la seconde guerre mondiale)… Et qui jusque vers 90 ans, cessent peu à peu de “porter beau” et que l’on ne voit plus trop dans les croisières et dans les grands voyages à l’étranger – et il faut dire aussi – qui se font klaxonner dans les rond points…

    -Celle, enfin, des retraités finissant, au delà de 90 ans, dont beaucoup d’entre eux sont en EHPAD et dont les maisons, les appartements sont à vendre – et rachetés par la nouvelle génération arrivante de jeunes retraités souhaitant s’installer de préférence à la campagne en milieu rural urbanisé (lotissement)… D’où les nouveaux voisins d’environ 60 ans dans le lotissement…

    … Ce qui implique forcément un “florissant marché de l’immobilier”, avec l’arrivée de la jeune génération de retraités…

    Sauf que… Ces maisons qui ont été durant 20, 25, 30 ans, occupées par les générations précédentes de retraités, en général question agencement intérieur, ne correspondent plus aux besoins, au mode de vie, aux aspirations environnementales des “jeunes retraités” arrivant – et encore moins d’ailleurs, des jeunes couples trentenaires avec enfants…

    D’où d’importants travaux d’agencement intérieur et d’extérieur, à réaliser, à financer, en plus de l’achat de la maison telle qu’elle est avec son bout de terrain attenant… (Il arrive même, cela se voit en zone de forte demande où le mètre carré est hors de prix, que l’arrivant fasse raser la maison existante afin de faire construire sur le terrain, une autre maison conforme à ce qu’il souhaite c’est à dire dans les nouvelles normes d’aujourd’hui)…

     

    … Cela dit, avant l’âge de la retraite ou de cessation d’activité professionnelle, une génération c’est la durée de temps qui correspond en gros à la différence en nombre d’années entre les parents et leurs enfants, soit environ 20 ans…

     

  • Chaque génération a eu ses hommes et femmes de bonne volonté

    Generation

    … “Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais ma tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse.” [ Discours de Suède, remise du Prix Nobel de Littérature le 10 décembre 1957 à Oslo, Albert Camus ]

     

    … La génération d’Albert Camus fut en gros celle des gens nés entre 1910 et 1920 ayant traversé le 20 ème siècle jusqu’en ses dernières années…

    Certes, de grands esprits, de grands auteurs, de grands artistes, gens de cinéma et de théâtre, et de littérature, aujourd’hui en 2021 quasiment tous disparus… Furent en leur temps, de cette génération qui n’a pas pour autant, même avec ses “géants”, ses “immortels” de l’Art, de la Littérature, du Théâtre et du Cinéma ; refait le monde…

    D’ailleurs, quelle génération à vrai dire, de quel siècle, de quelle Histoire, de quel passé, l’a refait, le monde ?

    La génération d’Albert Camus étant celle de tous les hommes, de toutes les femmes de partout dans le monde, de 1920 jusqu’au début des années 2000; est cependant celle qui, depuis la Renaissance au 16 ème siècle, a commencé à défaire le monde, ce qui explique à quel point la tâche d’Albert Camus consistant à empêcher que le monde se défasse, a été difficile…

    La génération qui suit celle d’Albert Camus, en gros celle des gens nés après 1950, et à plus forte raison celle des nés après 1980/1990… Est celle qui a continué à défaire le monde encore davantage, en dépit de tous ces hommes et femmes de bonne volonté, artistes, intellectuels, bâtisseurs, créateurs, qui n’avaient jamais été aussi nombreux…

    Aussi la tâche de chacun de ces hommes et femmes de bonne volonté, artistes, intellectuels, penseurs, créateurs, bâtisseurs, fondateurs, meneurs – ou gens du commun tout autant chacun à leur manière et selon leurs capacités… La tâche de chacun d’entre nous en ce siècle, le 21ème, qui consiste à éviter que le monde se défasse ; est-elle encore plus difficile, plus incertaine, que du temps d’Albert Camus…

    Non pas que cette tâche soit impossible – est-il vraiment “trop tard”? - mais ce sont les “dés pipés” jetés sur le tapis qui roulent et dont on sait quelle face ils vont présenter en s’immobilisant… Ou les “mauvaises cartes” qui vont s’abattre sur le tapis, celles avec lesquelles on ne peut gagner la partie…

    Et avec ces jeux là, de dés ou de cartes, qu’il faut continuer la partie…

    Les générations d’avant celles du 20 ème siècle, aussi loin que l’on remonte dans le temps, ont toutes “salopé” le monde, fait des sociétés violentes, des guerres de domination et de conquêtes… Mais aucune de ces générations n’avait encore défait le monde comme a commencé à le faire la génération des nés entre 1920 et 2000, et comme a continué à le faire davantage, la génération des nés après 1950…

    Ce qui défait le monde dépasse le cadre des sociétés violentes et inégalitaires, dépasse le cadre des guerres de domination, dépasse même le cadre des progrès technologiques dans la rapidité de leur évolution…

    Ce qui défait le monde tient à l’absence de repères, d’horizon, dans un paysage que l’on ne reconnaît plus tant il a été dénaturé et transformé ; à l’oubli conscient ou inconscient de nos origines naturelles, au désintéressement tout aussi conscient ou inconscient de notre avenir…

    Des sociétés violentes et inégalitaires, des guerres, des grandes crises économiques et sociales, des obscurantismes, de toutes les périodes sombres de l’histoire de l’humanité, l’on peut toujours s’en remettre, c’est d’ailleurs ce qui s’est passé durant des milliers d’années dans un mouvement de va et vient, de retours, de recommencements, d’avancées et de reculs, de hauts et de bas se succédant comme des marches ou des paliers…

    Mais, de la disparition des repères et des racines, du désintéressement de l’avenir dans la consommation la plus effrénée du présent, l’on ne s’en remet pas…

     

     

  • Ils auront cent ans en 2100/2105...

          Jusqu'à une période que je situe, en gros, vers la fin des années 1980 et le début des années 1990 ; et cela depuis des temps immémoriaux, le seul vrai changement qui s'opérait dans la vie des gens tenait du fait du vieillissement, de l'altération progressive des facultés physiques et -ou- intellectuelles de chacun...

    Et à ce changement qui peu à peu au fil des ans s'opérait, venait en parallèle si l'on peut dire, un genre ou un mode de vie "un peu différent" en fonction justement de l'avancement en âge des personnes... Et avec ce genre ou mode de vie évoluant, venaient une "vision du monde", un regard sur le monde et sur les gens, une pensée, de nouvelles habitudes de se loger, de se déplacer, de se distraire, de se nourrir, de s'habiller ; et sans doute, en particulier durant le vingtième siècle, une manière personnelle d'intégrer dans sa vie quotidienne les nouveautés (voiture, TSF, téléphone, télévision, et pour finir, l'ordinateur, le téléphone mobile, l'internet)...

    En somme, la vie, à l'âge de trente ans comme à l'âge de soixante dix ans, demeurait "à peu près la même pour tout un chacun avec quelques nouveautés scientifiques ou technologiques en plus de temps à autre"...

    Lorsque l'on parlait de "conflit de génération" il n'y avait alors en cause que la vision du monde en fonction de l'expérience vécue et des aspirations et des espérances de chacun, qui réellement, opposait les "vieux" aux "jeunes"... Cela, tout cela, dans un monde qui, en gros, demeurait le même... Et, parce que le monde demeurait à peu près le même, le lien entre les générations continuait d'exister, tel qu'il se maintenait tant bien que mal certes, mais il existait...

    ... Il n'en est plus du tout de même aujourd'hui, de tout ce que je viens de dire plus haut, depuis que nous avons franchi cette période transitoire "entre deux mondes" que je situe en gros de 1990 à 2005/2007...

    Nous ne sommes même plus dans la lignée ou dans le prolongement de l'idée et de la réalité du conflit de génération. Il n'y a plus à proprement parler, de conflit de génération. Il y a au vrai, au réel, de l'indifférence, du désintérêt, de l'oubli, de l'absence de lien, entre les générations...

    Pour un jeune né dans le début des années 2000, lorsque ce jeune va à l'école primaire, lorsqu'il sera un adolescent puis une personne adulte et qu'il aura terminé ses études (études supérieures le plus souvent)... Eh bien le vieux tonton, la vieille tati, le cousin ou la cousine machinchouette né en 1965, le grand père un tel du côté de la maman ou du papa... "on n'en a rien à foutre"... C'est à peine si l'on en a "entendu vaguement parler" dans la famille, c'est à peine (mais on s'en fout) s'il l'on a su qu'il était poète, qu'il jouait de l'accordéon, qu'il faisait de la photo ou de la marche ou du vélo...

    Avant, dans "le monde d'avant", autour de tel ou tel personnage dans la famille, personnage qui vivait encore ou qui avait disparu, se faisait parfois une sorte de "légende"... Une "légende" entretenue et transmise...

    Aujourd'hui cependant, une réalité s'impose -et dans une certaine mesure- "excuserait" cette indifférence ou ce désintérêt : le souci, le terrible et lancinant souci, de savoir "ce qu'on va faire de sa vie", quel boulot on va trouver...

    Et puis il y a aussi ces jeux, ces préoccupations, ces aspirations, ces intérêts qui, pour ces jeunes nés après l'an 2000, ne sont plus du tout les mêmes : le téléphone portable, facebook, internet, les blogs, les copains, la télé omni présente, les nouvelles technologies encore plus performantes... Et déjà, pour les parents de ces jeunes, qui habitent désormais en lotissement pavillonaire, avec clôture, toutou ou minou et cabane de gosse en plastique rouge et jaune de chez Jardiland au fond du carré de gazon ; pour le papa qui a vingt cinq ou trente ans, on se couche très tard le samedi soir après "On n'est pas couché" et on ne va pas le dimanche matin à 9h en vélo chercher son pain et son journal...

    Et comment aussi, le "vieux tonton la vieille tati le pépé la mémé ou le vieux cousin machinchouette" va-t-il, lors d'une visite tout à fait occasionnelle, d'un évènement familial de type mariage ou baptême ou anniversaire ou enterrement... Comment oui, va-t-il pouvoir communiquer, ne serait-ce que de trois mots, avec ce bambin, cette petite fille, ce garçonnet... qui aura cent ans en 2100/2105, et qui "n'en a rien à foutre de ce vieux tonton, de ce vieux cousin, qui va sans doute finir dans une maison de retraite médicalisée et dont on vendra la baraque avec tout le fourbi dedans et dans le fourbi, les albums et cartons de photos, de souvenirs, de vieux écrits et autres trucs à la con, tout cela fourgué à la déchetterie" ?