Gao Xingjian

  • La montagne de l'âme, de Gao Xingjian

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                                                             Editions de L'Aube, Prix Nobel de Littérature en 2000

    L'auteur :

    Romancier, dramaturge, metteur en scène, critique littéraire et peintre, Gao Xinjian, né en 1940, est réfugié politique à Paris depuis 1988. Son oeuvre foisonnante en fait l'un des plus grands créateurs de notre temps.

    Résumé :

    Dans les années 80, un homme s'embarque dans un long voyage pour fuir les troubles de Pékin communiste. Il suit la piste d'une mystérieuse montagne et traverse une Chine méconnue, infiniment riche, qu'il n'imaginait pas...

    À la recherche de lui-même, son voyage est aussi spirituel et philosophique...

    Mon avis :

    "La montagne de l'âme" est sans doute à mon sens, l'un des plus grands chefs d'oeuvre de la littérature contemporaine...

    À lui seul, de toute l'oeuvre de son auteur, ce livre a justifié l'attribution du Prix Nobel de Littérature en l'an 2000. (En fait "La montagne de l'âme" est son livre le plus connu, mais Gao Xinjian est également l'auteur de nouvelles, de poèmes, et d'un opéra "La neige en Août")...

    Un livre surprenant, où l'on se laisse aller, ou plutôt conduire à travers paysages, lieux, légendes, personnages ; où l'imaginaire et le réel semblent ne plus avoir de frontières précises...

    Il n'y a pas vraiment de trame ni d'intrigue ni de suite organisée, mais du vécu, de l'exprimé, de la confidence, de la douceur, de la liberté, du pensé... et des personnages émouvants. Et ce tutoiement comme si l'auteur s'adressait lui-même à son lecteur par l'intermédiaire du personnage du livre...

    Ce qui m' a interpellé dans cette oeuvre, dirais-je, presque "sculpturale", c'est ce dédale de galeries en pleine nature où l'on est emporté comme sur des voies d'eau aux rives féériques, comme dans une sorte d' "asiatique marais poitevin"...

    Un livre qui se lit et se relit...

    Où l'on est loin du "sens commun", où nous est suggéré l'existence d'un "passage" non pas vers un monde meilleur ou un "différent" hypothétique, mais vers ce monde qui est sans doute en nous, que nous devons apprendre à connaître et qui a toujours existé ; et qu'aucun pouvoir en place et en force ne peut rayer de la carte...

    Quelques passages :

    Page 371 :

    Elle dit qu'elle te donnera la liberté à la condition que tu l'aimes, que tu ne la quittes pas, que tu restes avec elle, que tu continues à la satisfaire, que tu veuilles encore d'elle, elle s'entortille autour de ton corps, elle t'embrasse frénétiquement, elle couvre ton corps et ton visage de salive, elle ne forme plus qu'une boule avec toi, elle a gagné, tu ne peux plus résister, tu retombes dans le désir charnel, tu ne peux t'y soustraire.

    Page 590 :

    Et c'est ainsi que Zheng Banqiao a été gâché par ses contemporains. Ce qui était un détachement chez lui est devenu un simple ornement pour ratés. On a tant abusé de ses traits de bambou qu'ils sont tombés dans la pure convention, une simple manière de régler ses relations sociales chez certains lettrés.

    Ce que je supporte le plus mal, c'est la prétendue "stupidité rare". On serait stupide simplement en pensant l'être, en quoi est-ce difficile ? C'est en fait une manière de paraître intelligent en simulant la bêtise.