followers

  • "Faux-vrais" amis et interlocuteurs

    ... Je n'arrive pas à comprendre, pas plus à me faire à l'idée, que sur le Net, l'on puisse se résoudre (du moins certains internautes) à acheter de l'audimat (des visiteurs, des "followers") et qu'il puisse exister un "marché" en matière de visibilité, de lectorat, de gens qui suivent tout ce que l'on peut présenter, publier...

    Cela est en effet possible par un clic sur un bouton "boostez vos publications" , ouvrant sur plusieurs options selon l'importance de l'audimat souhaité, d'une centaine d' abonnés à plusieurs milliers voire cent mille et plus... Avec bien sûr la tarification qui s'impose pour un tel espace d'audimat...

    Je me demande d'ailleurs si, dans les "amis", dans les abonnés ou les followers, il n'y aurait pas de "faux-vrais" profils d'amis, totalement fictifs, conçus tout exprès selon la sensibilité, les goûts, la culture de chacun, par l'intelligence artificielle des plateformes de réseaux sociaux, de Google et autres moteurs de recherche, et si ces "faux-vrais amis" ne seraient donc pas de "faux-vrais interlocuteurs" qui réagiraient, commenteraient...

    ... Pourquoi pas, tant qu'on y est, "acheter de la postérité" ! Dix euro pour 3 jours après sa mort, 150 euro pour 10 ans après sa mort, 1000 euro pour 100 ans... Le prix d'un Jet privé pour un milliardaire qui veut qu'on se souvienne de lui, de l'oeuvre de son vivant, dans mille ans ?

    ... Et à propos des espaces de stockage sur le Net (photos, vidéos, fichiers et dossiers formats PDF ou Word), tous les gratuits offrent en général un espace limité ( compris entre 2 et 15 Go), au delà, il faut prendre la version payante pour laquelle il faut s'abonner et renouveler chaque année...

    J'ai dans l'idée que, en s'abonnant et en devant en conséquence, payer tous les ans, le jour où tu meurs et où tu peux plus payer... Coucou c'est cuit, ton espace existe plus ! (Il vaut mieux alors opter pour plusieurs espaces limités (l'un pour les photos, l'autre pour les fichiers par exemple) qui eux au moins, du fait qu'il n'y a pas de renouvellement à effectuer chaque année, continuent d'exister quoiqu'il arrive...

    ... Quand tu meurs, est-ce qu'il y a un "neunoeil" qui voit tout qui sait tout ; qui dira que t'es mort sur la Toile, quand on voudra te chercher, te connaître, savoir ce que tu deviens, communiquer avec toi? (Je veux dire un "neunoeil" pour des gens qui sont pas destinés à être dans wikipédia, à faire l'objet d'une médiatisation, d'une annonce de ta disparition)...

    ... "Tiens, il publie plus rien, on le voit plus nulle part..." qu'on se dit, ne voyant plus un tel une telle... (il est peut-être mort, on le sait pas ou on le saura par hasard un beau jour)...

    ... A moins qu'il (qu'elle) ne se soit "suicidé littérairement ou écrivaillement"... (rire)...

     

     

     

  • Les followers followent-ils vraiment ?

    ... Ce que l'on appelle un follower, dans le plein sens de ce terme de follower, autrement dit dans son sens véritable -et logique- c'est... (cela devrait être)... Une personne qui, inscrite en tant que follower dans le compte twitter de telle ou telle personne diffusant chaque jour des messages de 140 caractères, suit régulièrement (et donc lit) le tweet produit et diffusé par l'auteur du tweet... Cela devrait donc faire, logiquement, naturellement, cent, mille, plusieurs dizaines de milliers de gens, en même temps, le même jour ou en un espace de temps variant de quelques heures à une semaine, suivant, regardant, lisant et réagissant ou non...

    En réalité, un follower est une personne inscrite dans une liste, et ce n'est pas parce que mille ou cent mille personnes sont inscrites, qu'elles vont toutes chacune d'elles, voir, lire, réagir, suivre régulièrement...

    Les followers de Twitter, les amis de Facebook, même, aujourd'hui sur Internet s'achètent... Par cent, par mille, en cliquant sur une option, cent, mille ou davantage, et en payant le prix demandé pour avoir tant de followers ou d'amis... ("Boostez votre publication") par exemple...

    Je me refuse totalement à concevoir et plus forte raison à admettre (à me faire à l'idée) que le tweet, que le propos sur Facebook, que l'image ou que la photo acccompagnée d'un bref message sur Instagram... Puisse devenir -ou s'imposer- "genre littéraire du 21ème siècle"...

    Twitter, Facebook, Instagram... Sont une négation de la littérature, dis-je... (Mais cela ne veut pas dire, ce que je dis là, que Twitter, que Facebook ou qu'Instagram ne puissent point être des "relais" de la littérature (ce qu'hélas, ils ne sont pas -ou si peu)... Des "relais" ou des "vitrines" si je puis dire...

    Peut-on -honnêtement- parler de "texte", de "contenu" (avec un style, un art, une facture, une portée, un sens, une réflexion ou une pensée qui se dégage), pour un tweet (une ou deux phrases en 140 caractères), pour un bref message ou un post sur Facebook, pour une communication avec image ou photo ou vidéo sur Instagram ?

    Dans un monde où la "vitrine" n'est rien d'autre qu'une "galerie marchande", où le "relais" n'est rien d'autre qu'une "enseigne" publicitaire...

    La littérature du 21 ème siècle -si elle existe- (et elle existe, même si elle n'est pas évidente) c'est -et ce sera- celle qui résiste, qui se démarque, qui refuse d'être formatée, et qui, surtout, reconstitue le lien qui a été rompu ou qui s'est dilué, réinvente la relation... Twitter, Facebook, Instagram, immédiateté, followers, amis ou inscrits ou pas...

     

  • Un public de "followers" ou un public de spectateurs et de lecteurs ?

         Il y a ce paradoxe hallucinant sur le Net, entre d'une part le fait évident de la possibilité pour tout un chacun d'être visible et donc, d'être lu ; et d'autre part ce qu'il y a d'aléatoire à être découvert, à être lu en dépit de l'immensité de ce que l'on peut diffuser...

    Avant le Net, avant les réseaux sociaux, avant les blogs et les sites, pour être visible et pour être lu, il fallait nécessairement passer par une maison d'édition (livre, roman, essai, poésie...) ou exposer dans une galerie, une salle d'exposition (peinture, photographie, dessin...) ou trouver un producteur, un réalisateur (film, cinéma...)... Ce qui pouvait assurer dans une certaine mesure, une reconnaissance, une visibilité, une audience, un public, tout cela bien réel...

    Depuis qu'Internet permet à tout un chacun de se produire et de diffuser (littérature, écrits, peinture, dessin, photographie, cinéma, vidéo, tout cela avec la technologie, le numérique), rien n'est moins assuré en fait, que cette reconnaissance, que cette visibilité, que cette audience, que ce public, qui, avant le Net, pouvait être, certes limité mais réel... Du fait qu'il fallait passer par une porte dont il convenait qu'elle s'ouvre...

    Dans le meilleur des cas sur le Net - je pense là aux personnages, à tous les personnages, auteurs, musiciens, artistes, écrivains, journalistes, personnalités du monde politique, économique, du monde du spectacle – qui ont tous des blogs avec des milliers de visiteurs, des comptes Facebook et Twitter... Il y a plus, bien plus à mon sens, sur le Net, pour tous ces personnages bien plus visibles et plus lus que le commun des mortels... Un public de "followers" qu'un public de spectateurs et de lecteurs...

     

    ... Gustave Flaubert, Marcel Proust et Jean Gabin (entre tant d'autres d'avant le Net et d'avant le Numérique et du monde d'avant 1989) n'avaient pas de "followers"mais un public, un vrai public... Et ce public là, soit dit en passant, existe toujours même s'il n'est plus du tout celui de ces générations contemporaines de Gustave Flaubert, de Marcel Proust, de Jean Gabin...

     

  • Les followers et les créateurs

         Les followers ne franchissent pas les portes par lesquelles passent les créateurs, du moins quelques uns d'entre eux, de ces créateurs...

    Les followers tout au long de leur vie followent...

    Il n'y a nulle magie à passer sa vie à follower : c'est ce que pensent et ressentent au fond d'eux les créateurs, tous les créateurs même ceux d'entre eux qui sont les plus nombreux et ne peuvent jamais franchir les portes, les portes on va dire du succès et de la postérité...

    Il y a comme un abîme entre le monde des followers et le monde des créateurs... Un abîme en ce sens que le follower passant sa vie à follower, n'est en général pas un créateur et ne peut donc "se mettre dans la peau" -et dans l'âme- d'un créateur.

    En fait le follower followe ces personnages qui ont franchi la porte et sont à la Une des médias...

    Ces personnages qui, dans la société de consommation de masse en matière de divertissement, de loisir, de spectacle, de scène littéraire, artistique... Sont des personnages que l'on voit à la télé et qui ont un compte Twitter et dont les petites phrases sur Twitter sont followées par une flopée de followers... Ce qui ne garantit pas cependant le succès et la reconnaissance à long terme et une postérité "un peu plus longue" que deux ou trois saisons, deux ou trois annnées...

    Le follower ne followe jamais ce personnage qui vit tout près de lui, qui peut être son voisin, l'un de ses proches, l'une de ses connaissances et qui est en quelque sorte un créateur à sa manière mais sans flopée de followers, un personnage dont il ne comprend pas le besoin de "s'exister", le besoin de s'exprimer, le besoin de produire et de diffuser...

    Le créateur, quant à lui, followe peu, parce qu'il passe le plus clair de son temps à créer...

    Et l'on dit du créateur parce qu'il followe peu voire même pas du tout parfois, qu'il "vit dans son monde à lui"... Alors qu'il porte à sa manière le monde en lui, qu'il témoigne par ce qu'il produit, du monde qu'il observe...

    Le follower ne créant pas, ne portera jamais le moindre coup de hache sur la mer gelée...

    Si encore le follower "existait" le créateur, au lieu de seulement le follower !