flux migratoires

  • Moi capitaine, film de Matteo Garrone

    Moi capitaine

    … Film sorti en salle le mercredi 3 janvier 2024, un long métrage d’une durée de 2h et 2 minutes…

     

    D’emblée et d’un « bras d’honneur à m’en bleuir le creux du coude » j’invective et conspue les critiques négatives de ce film qui font état d’une histoire – je cite - « banale, fade, ennuyeuse, pataude, et pitch »… Et qui s’appuient sur le fait que de nombreux migrants (Africains surtout) sont des « migrants économiques »…

    Ces gens qui émettent de telles critiques sur ce film n’ont à quasi aucun moment de leur vie subi de violences, d’agressions et d’humiliations extrêmes et leur « parcours de vie » est – dis-je - « une promenade dans les allées et les rayons d’un immense supermarché de produits consommables à gogo dont ils se gavent » (ce qui est d’une banalité et d’un « pitch » absolument déconcertant – et surtout révoltant et qu’en « bon iconoclaste » que l’on peut être – dont je suis- on a envie de rageusement écrabouiller)…

     

    « Moi capitaine » est « un film choc »…

    Qui présente dans une vision autant lucide que réaliste et dramatique, ce que sont les flux migratoires en tant que marché et source de profits financiers pour les trafiquants, redoutables prédateurs exerçant leurs activités dans une violence, dans une cruauté, dans une inhumanité et dans une barbarie extrêmes…

     

    Il faut savoir – et ce film en témoigne – que les flux migratoires sont autant sinon parfois plus encore, source intarissable et intemporelle de gigantesques profits, au même titre que le trafic d’armes, que la prostitution et que la drogue (et que fut l’esclavage – trafic d’êtres humains- aux 17ème, 18ème et 19ème siècles avec les navires négriers)…

    Car une réalité s’impose dans les flux migratoires : toutes les personnes qui « entreprennent le voyage » (des milliers de kilomètres) partent toutes, au départ, munies d’un « pécule » constitué de liasses de billets enroulés cachés dans leurs vêtements (cousus) ou même « enfoncés dans leurs entrailles, insérés dans un tube…

     

    Ainsi le désert du Sahara aux confins de la Lybie, du Niger, du Mali, et de quelques oasis, est-il parcouru par des bandes armées et équipées de véhicules tout terrain de pillards se faisant passer pour de la police, qui interceptent les colonnes de migrants cheminant à pied derrière un guide, et en pleine nuit, attaquent, violentent les migrants et les dépouillent, les obligent à déféquer pour récupérer le tube empli de billets enroulés…

    Ensuite, pour autant qu’ils arrivent à survivre, complètement démunis, les migrants arrivés aux confins de la Lybie sont emprisonnés par des « soldats policiers pillards » puis vendus comme esclaves à des « potentats » locaux qui les utilisent en travailleurs forcés tout juste nourris et logés tel du bétail…

     

    Quelques uns « dans le lot » parvenant quand même à gagner quelque argent en travaillant – s’ils tombent par chance sur des employeurs qui leur « file une pièce » finissent par se retrouver à Tripoli dans l’attente d’un « transfert en bateau » sur la Méditérranée à destination de l’Italie…

     

    Il est « assez significatif » - et dirais-je « peu étonnant » - que la plupart des trafiquants, à Tripoli, ne soient pas – loin s’en faut – des arabo-musulmans ou des Noirs… Mais des « blancs au faciès de pirates » exerçant des activités de passeurs ou de pourvoyeurs de main d’œuvre ou de bandits, tous originaires de pays méditérranéens (Grecs, Turcs, Libanais, Syriens etc. … Des Levantins) …

     

    Enfin, outre le « long voyage » périlleux ; parvenus et installés dans les pays de l’Union Européenne en travailleurs clandestins ou munis de « papiers » obtenus par « arrangement » (corruption) , les migrants constituent pour bon nombre d’exploitants (agriculture, industrie, commerce, services) une main d’œuvre « bon marché » et « peu revendicative » et donc corvéable à merci…

     

    « Bonjour la société et la civilisation humaines du 21ème siècle, autant « occidentale » que « tiermondiste » ! où se pratique encore l’esclavagisme, le trafic d’êtres humains et où les trafiquants redoutables et cruels prédateurs exerçent leurs activités dans une violence et dans une barbarie extrêmes, et bénéficiant de tout ce que la technologie « de pointe » leur apporte dans l’exercice de leurs activités »…

     

     

     

  • Le "drame de tous les drames", du temps présent ...

    ... Du temps présent c'est à dire en gros depuis plusieurs mois voire depuis 2 ou 3 ans déjà...

    C'est celui, ce drame, celui des 38 millions de personnes sur l'ensemble de la planète, à ce jour (statistiquement parlant) déplacées, ayant dû quitter le pays ou la région où ces personnes vivaient... et concentrées dans des camps de réfugiés, dans des "ghettos" de grandes villes ou mégapoles, ou encore disséminées un peu partout, plus ou moins regroupées entre elles...

    Sur ces 38 millions de personnes, la moitié d'entre elles environ ou presque (on va dire 15 millions) sont arrivées en Europe, via l'Italie, via les pays de l'est de l'Europe par la Grèce, le Kosovo, l'Albanie, la Bulgarie, la Roumanie... Venues de Lybie, du Nigeria, du Soudan, de l'Ethiopie, de plusieurs autres pays d'Afrique ; et aussi de Syrie, du Kurdistan, d'Afghanistan...

    Jusqu'en 2011 ces flux migratoires avaient pour cause principale, la misère et l'absence de développement économique, agricole, industriel ; le manque de perspective d'avenir pour les jeunes, la faim, et parfois une sècheresse, une catastrophe climatique locale survenant dans un pays d'Afrique par exemple... Mais depuis 2011 s'ajoute et dans des proportions sans précédent, un flux migratoire cette fois, ayant pour cause des guerres, de l'insécurité, des persécutions, les gens fuyant pour ne pas mourir massacrés...

    Que va, que peut faire l'Europe, la France notamment, l'Italie, l'Allemagne, la Grande Bretagne, de ces millions de gens qui ne cessent d'arriver ?

    Sur ces millions une partie seulement sont des gens qui ont un "savoir faire" sur le plan travail, professionnel, artisanal, etc. ... Ceux là, à la limite, arriveront sans doute à gagner leur vie quelque part en France, en Allemagne, en Italie... Ce qui contribue soit dit en passant, à un abaissement de plus en plus généralisé du niveau des salaires, du fait d'une demande accrue...

    Mais les autres, les millions d'autres, qui n'ont que leurs bras, leurs 20 ou 30 ans, qui n'ont "aucun savoir faire" spécifique, ceux là, que faire d'eux, d'autre, que les "ghettoïser" dans des banlieues de mégapoles, ou de les concentrer dans des "centres de rétention", les laisser vivre d'expédients, de toutes sortes de trafics illicites, et de leur apporter de l'aide alimentaire, de l'assistance ? Car les grandes industries et entreprises réduisent leurs masses salariales...

    Les emplois deviennent donc précaires, de temps partiel imposé, moins bien payés pour ceux d'entre eux qui n'exigent ni formation ni compétence particulières... Et de surcroît, le "travail au noir" se développe au détriment du travail légalisé selon des dispositions européennes ou propres à chaque pays, et cela du fait du nombre croissant de gens cherchant à travailler dans n'importe quelles conditions...

    Deux "discours" : un qui consiste à dire qu'il faut "endiguer, refouler, réduire, filtrer"... Ce qui est vrai...

    Et un autre qui consiste à dire qu'il faut "accueillir, aider, secourir"... Ce qui est aussi tout à fait vrai...

    Mais aucun de ces deux "discours" n'est la "solution"... et c'est bien là le drame, la "non réponse", le dilemme... Et c'est douloureux, lancinant, cauchemardesque !

    Une diminution brutale et rapide (par exemple d'un milliard d'humains sur Terre) par une guerre mondiale, une grande catastrophe climatique ou naturelle, une pandémie... serait "souhaitable?" La réponse est de toute évidence NON.

    Alors, alors, alors... ?

    Nous sommes confrontés là, au plus grand défi auquel l'humanité doit faire face, et cela dans les pires conditions...

    C'était déjà difficile au début du 20ème siècle lorsque la planète n'était peuplée que d'un milliard et demi d'habitants... Et c'est forcément encore beaucoup plus difficile de nos jours, avec sept milliards d'habitants dont plus de la moitié d'entre eux vivent dans des centres urbains gigantesques...