festival géographie

  • Le Festival International de Géographie, 28ème édition, Saint Dié Vosges

    Fig st die 2017

    ... Pays invité : l'Afrique du Sud ; thème : territoires humains, mondes animaux.

     

    Du vendredi 29 septembre à 9h jusqu'au dimanche 1er octobre à 20h...

     

    -7 films projetés qui, tous déjà l'ont été une première fois, présentés durant les deux journées précédentes, mercredi 27 et jeudi 28 septembre.

     

    -220 conférences, débats et discussions cafés géographiques, rencontres littéraires, lectures présentation ouvrages.

     

    -Animations spectacles, expositions, concerts, salon du livre, salon de la gastronomie, restauration.

     

    Les deux "temps (ou moments) forts" du festival :

     

    -La séance inaugurale de cette 28 ème édition du F.I.G dans la salle Yvan Goll de l'Espace Georges Sadoul ("Quartier Général" du F.I.G) le vendredi 29 septembre de 18h à 20h.

     

    -La cérémonie de clôture dans cette même salle Yvan Goll, le dimanche 1er octobre de 16h à 18h, avec notamment le témoignage de Jean Claude Guillebaud Grand Témoin de cette édition du F.I.G 2017.

     

    ... Et j'ajouterais pour ma part, outre ces 2 "moments forts" : le Grand Entretien avec Jean Claude Guillebaud, animé par Antoine Spire, le samedi 30 septembre de 11h à 12h 30 à la cathédrale.

     

    Les personnalités du festival :

     

     

    -Michel Pastoureau, historien du Moyen Age, qui nous a présenté lors de la séance inaugurale, sa thèse portant sur le bestiaire héraldique du Moyen Age : les animaux au Moyen Age n'intéressaient que peu les historiens de l'époque, n'étaient pas considérés au moyen âge selon la classification qui s'est faite à partir de la seconde moitié du 18 ème siècle...

     

    -Jean Claude Guillebaud, grand témoin de ce festival, est un baroudeur ayant fait du reportage tout autour de la planète. Il a obtenu en 1972, le prix Albert Londres, travaillé au journal Le Monde puis au Nouvel Observateur, et aux Editions du Seuil en tant qu'éditorialiste. Son enquête, en fait une grande partie de son oeuvre a pour thème le désarroi contemporain et il interroge les travaux des grands penseurs de toutes les disciplines afin de saisir, de comprendre les métamorphoses des civilisations.

    Il écrit notamment chaque semaine dans le journal Sud Ouest Dimanche une rubrique "Paris Province" portant sur un sujet d'actualité.

     

    -Lydie Salvayre, présidente du Salon du Livre, fille de républicains espagnols, psychiatre et romancière, ayant obtenu le prix Goncourt pour son livre "Pas pleurer".

     

    -Gilles Fumey, professeur à l'université Paris IV et à Sciences Po, qui nous invite à une réflexion sur le confinement des animaux dans les parcs, zoos, fermes ; sur la place des animaux dans notre alimentation, sur le rôle qu'on dénie aux animaux dans la crise écologique... sans cependant faire le procès de notre époque, mais en reconnaissant les liens entre les espèces animales et les sociétés humaines.

     

    ... A mon point de vue, un certain nombre de conférences et débats portaient sur des thèmes très particuliers qui n'étaient point liés à de "grandes problématiques de premier ordre"... Aussi ai-je évité ou plus exactement fait le choix de ne point assister à aucune de ces conférences ou débats ou entretiens dont je ne pensais point qu'ils pouvaient être d'un intérêt majeur... D'ailleurs vu le nombre (quelque 220 en tout), il m'eût été impossible d'assister à plus de dix tables rondes et conférences sur les 3 jours du F.I.G...

     

    Outre, donc, la séance inaugurale et la séance de clôture, j'ai assisté à "L'Afrique, les enjeux multiples du continent" le vendredi 29 ; à l'entretien avec Jean Claude Guillebaud et à "L'Afrique du Sud ou les visages contrastés de l'émergence" le samedi 30...

    J'ai consacré environ une demi heure à la visite du salon de la gastronomie (qui est un des lieux du festival chaque année, le plus fréquenté soit dit en passant) ; deux heures au salon du livre et une heure dans les salles du musée Pierre Noël pour voir une exposition de photos "Brakpan and Flatlands" en noir et blanc, de Marc Shoul, artiste et photographe sud africain vivant et travaillant à Johannesbourg ; et "Black Beach Day" une exposition photographique de Madeleine Caillard-Pisani-Ferry, en couleurs, des vues de la plage de bonne espérance un soir de 26 décembre seul jour où cette plage est accessible aux Noirs.

    Marc Shoul s'attache au travers de ses différents travaux, à mettre en exergue les questions sociales complexes (et difficiles) que traverse l'Afrique du Sud...

    En fait j'ai plus appris de l'Afrique du Sud en regardant ces photographies (et à lire les commentaires associés), qu'en assistant aux conférences tables rondes... Ce qui m'a interpelé c'est cette liberté d'expression autant en politique qu'en art, qu'en expression écrite, liée à un foisonnement de diversités culturelles et d'idées mêlées en de mêmes lieux urbains, tout cela dans une quasi absence d'hypocrisie, dans une authenticité, un naturel tels qu'il n'en existe que peu ailleurs dans le monde (et avec un regard sur l'avenir, la modernité)... Mais aussi il faut le dire, tout cela dans la violence, dans une insécurité présente, sur fond de grandes inégalités sociales...

    En somme l'Afrique du Sud me semble un pays "plus démocratique" en dépit de la violence, de l'insécurité et des inégalités sociales régnantes, que la plupart des pays européens... En ce sens que pour le dizième de ce que tu peux dire en Afrique du Sud sur le gouvernement, par exemple... eh bien en Turquie ou en n'importe quel autre pays d'Afrique, ou en Russie ou en Chine, tu te retrouves en taule vite fait... Jamais en Afrique du Sud (mais à côté de cela, que de violences, que d'assassinats, que de rivalités raciales ou ethniques liées aux arrivées de migrants et d'étrangers et surtout aux conditions d'extrême précarité dans laquelle vit une partie de la population)...

    Le seuil de pauvreté en Afrique du Sud est situé à moins de 50 euro par mois de revenu... C'est dire que le niveau de revenu pour les gens de la "classe moyenne" doit tourner autour de quelques centaines d'euro par mois (donc beaucoup moins qu'en Europe)... 1 euro, au change, vaut 16 Rands sud africain...

    Pour le tourisme (je pense au tourisme de Touropérator surtout), on peut dire que budgétairement parlant, l'Afrique du Sud est un pays "attractif" (qui mise d'ailleurs sur cette "manne" qu'est le tourisme et qui met à disposition des sites -plages et autres- pour tous les goûts, toutes sortes d'activités -randonnées, circuits etc.)... D'autant plus que durant ces deux ou trois dernières années, l'Afrique du Sud qui a connu sa période la plus "heureuse" (croissance économique) entre 1994 et 2010 en gros, est entrée en stagnation voire en récession (tout le textile a foutu le camp ainsi que d'autres industries, à cause de la concurrence et de la mondialisation)...

    L'"héritage" de la période Nelson Mandela est en train -en partie- de se diluer quelque peu et l'on assiste à un retour du racisme... Cependant en dépit de cette dilution de l'"héritage", l'oeuvre de Nelson Mandela a laissé tout de même en Afrique du Sud, des traces qui ne vont pas s'effacer de sitôt...

    Il faut noter aussi que la corruption (tous milieux, politiques et autres) en Afrique du Sud, fonde en partie une économie de substitution non négligeable...

    Pour résumer l'Afrique du Sud : une quasi "vraie démocratie" (si l'on excepte la domination des lobbies et des cartels), moins (bien moins) d'hypocrisie qu'en Europe, plus de liberté d'expression mais plus de violence, plus d'insécurité, plus d'inégalités sociales qu'en Europe... En somme "on ferait pas trop dans la dentelle mais sur un fond de poésie, de liberté et de culture de la modernité"... du moins dans les "couches populaires" même les moins éduquées (car pour l'éducation, il y a de grandes inégalités en Afrique du Sud)...

    Il faut encore noter que ce n'est que depuis 1994 que l'Afrique du Sud s'est finalement dotée d'un régime démocratique en instituant le vote jusqu'à lors réservé aux Blancs, aux Noirs : c'est d'ailleurs le vote Noir en 1994, puisqu'il y avait en Afrique du Sud davantage de Noirs que de Blancs, qui a porté au pouvoir (à la présidence de la république) Nelson Mandela.

    Vers la fin des années 1980, déjà, la société tout entière évoluait en Afrique du Sud, en ce sens que l'apartheid, institué dans ce pays depuis 1948, n'avait plus l'adhésion d'une partie de la population Blanche et surtout, l'adhésion encore, des élites, des dirigeants, des catégories aisées de la population (du moins en partie) du fait que cette partie des Blancs pensaient que l'apartheid était devenu un "boulet" pour leur pays désormais impacté par la mondialisation de l'économie marchande et de surcroît faisait l'objet d'une "mise au ban des nations" et même de sanctions sous forme d'embargos (difficulté pour trouver de la clientèle à l'exportation)...

    Soit dit en passant dans le même temps, en ces années 1980 et 1990, et à plus forte raison avant 1980, les Etats Unis d'Amérique pratiquaient un apartheid qui n'était pas moins dur que celui qui existait en Afrique du Sud depuis 1948. En effet dans toutes les villes américaines des années 1960/1970, les Noirs et les Blancs ne pouvaient jamais se trouver ensemble dans les mêmes autobus, transports publics, écoles, certains magazins, etc.

    Mais alors même que l'Afrique du Sud était considérée par la communauté internationale comme un état "scélérat et raciste", en revanche les Etats Unis d'Amérique étaient considérés comme un "modèle de civilisation", de modernité, un partenaire incontournable et ne faisaient pas l'objet de la moindre critique au sujet de la ségrégation raciale qu'ils pratiquaient au vu et au su de tous les observateurs étrangers présents dans leur pays. C'est dire de l'hypocrisie, du niveau d'hypocrisie de l'ensemble de la communauté internationale et en particulier de l'Europe Atlantiste (pays de l'OTAN et en même temps pays partenaires économiques)...

    C'est en février 1991 que Frederick De Klerk, président d'Afrique du Sud, prend la décision de mettre fin à l'apartheid, et en effet 4 mois plus tard, le parlement Sud Africain abolit les lois qui fondaient la domination blanche.

    Depuis lors, et surtout à partir de 1994, l'Afrique du Sud prend un essor économique notable avec un taux de croissance supérieur à celui des pays européens et bénéficie pleinement de l'ouverture des marchés, de la mondialisation de l'économie marchande, et devient un pays qui exporte... Mais cela s'infléchit à partir des années 2008, 2009 et 2010 du fait d'une concurrence plus dure et plus diversifiée et venant de pays qui eux ont émergé dans le début des années 2000 (Brésil, Chine, autres pays d'Afrique)...

     

    ... J'ai été tout d'abord "quelque peu surpris" puis ensuite après avoir cherché à me renseigner (parce que j'arrivais pas à le croire)... Par la non présence en ce festival international de géographie édition 2017, de personnalités, enfin, de gens venus d'Afrique du Sud en délégation : autrement dit "pas le moindre petit bout de visage de vrai/vrai Africain du Sud !"... J'en étais "le cul par terre" !

    Alors que lors de F.I.G précédents, où les pays invités furent le Rwunda, la Russie, La Chine... Il y avait eu de "vrais Rwundais, de vrais Russes, de vrais Chinois" !

    Pourtant l'affiche (celle que je poste en image au début de mon texte) porte en inscription : "Pays invité, l'Afrique du Sud".

    Si vraiment, il n'y a pas de personnes en délégation, venues d'Afrique du Sud, alors l'inscription sur l'affiche aurait dû être : "Pays présenté, l'Afrique du Sud" !

    ... Je formule 2 hypothèses (juste des hypothèses) :

    -Soit la municipalité de Saint Dié et le comité gestionnaire du F.I.G "n'est pas -n'est plus assez riche" pour pouvoir payer les frais occasionnés par la venue d'une délégation du pays invité, notamment le billet d'avion pour 8 ou 10 personnes...

    -Soit (peut-être plus logique et plus probable) que l'Afrique du Sud n'a pas elle même souhaité envoyer à ce festival, une délégation (et je crois en percevoir si c'était le cas, les raisons-en rapport de ce que j'ai écrit plus haut au sujet de la "vue de l'Europe" sur l'Afrique)...

     

    Voici d'ailleurs ce qu'écrivent à ce sujet, Georges Ramaïoli, dessinateur Niçois ; et Tanella Boni, philosophe Ivoirienne :

     

    -Georges Ramaïoli :

     

    "Je trouve que le festival est un peu calme et je suis étonné par le manque de présence du pays invité d'honneur"...

     

    Tanella Boni :

     

    "Je suis frappée par le fait qu'il n'y ait pas plus de dialogue avec des intervenants d'Afrique du Sud et que ces derniers n'interviennent pas plus sur les tables rondes. L'Afrique est vue de l'Europe."

     

    ... C'est dommage -mais sait-on jamais à l'avenir- que je n'aie point sur le Net (en quelque forum que je fréquente ou sur Facebook) un (ou deux ou trois) "ami de longue date" Africain du Sud habitant par exemple Le Cap (Capetown) ou Johannesbourg, et avec lequel j'aurais pu correspondre... Si cela avait été le cas, je lui aurais dit "viens passer tes vacances chez moi en France, et à mon tour je lui aurais demandé de me prendre sous son aile lors d'un séjour en Afrique du Sud... Moi qui ai "une peur bleue" (à cause de l'insécurité et de la violence) à l'idée de me retrouver dans une ville telle que Johannesbourg, je dois dire que, sous l'aile d'un ami, immergé que je serais au beau milieu de tant de diversités mêlées dans un même lieu urbain, tant de diversités en apparence si impensables à coexister vu d'Europe, comme j'ai pu le voir au travers de l'exposition photographique de Marc Shoul ; tout comme Marc Shoul je me dirais sans doute que cette diversité, que cette liberté et que cette atmosphère qui s'en dégage me ferait surmonter ma peur (peur de l'insécurité, peur de la violence)...

    Mais bon, je me vois mal, à bientôt 70 ans, prendre un billet d'avion aller retour et devoir visiter l'Afrique du Sud par mes propres moyens (rien que les embouteillages monstres sur les voies autoroutières enserrant Johannesbourg par exemple...)... Ni même opter pour un voyage de Touropérator de type consommation de masse loisirs vacances, ou pour une croisière le long de la côte australe dans un bateau de 2500 personnes !

     

    ... Lors de la séance de clôture du F.I.G 2017, le dimanche 1er octobre de 16h à 17h, fut annoncé par monsieur Christian Pierret fondadeur du F.I.G ( 1ère édition en 1990) le thème retenu pour 2018 ainsi que le pays invité d'honneur :

    -La France demain ; la scandinavie (Norvège/Suède/Finlande/Danemark) avec en plus l'Islande.

    Personnellement, le thème retenu "la France de demain" ne me convainc trop guère en ce sens que je le trouve "plus ou moins politiquement orienté" et que de ce fait, cette "France de demain" me semble plutôt être celle des "du bon côté de la barrière"... En revanche la "France de demain" ne me paraît pas être une France "si heureuse que cela à vivre" pour des millions de gens (à commencer d'ailleurs par des gens de Saint Dié et des Vosges qui ne sont guère trop favorisés socialement et économiquement)...

     

    ... Quant au thème retenu pour le F.I.G 2017 "Territoires humains, mondes animaux", les interventions de géographes, de spécialistes du monde animal, que j'ai trouvées vraiment intéressantes dans la mesure où l'on évoquait l'intelligence animale (nombreux comportements étonnants évoqués) ... Ne m'ont pas cependant fait oublier cette dramatique réalité de la disparition de nombreuses espèces animales (dont on n' a pas suffisamment parlé dans les conférences et tables rondes)...

     

    ... Je ne voudrais pas terminer mon exposé cependant, sans souligner cette initiative des organisateurs (et de la ville de Saint Dié) de faire participer les jeunes au F.I.G (cela avait d'ailleurs été le cas en 2015, en 2016)... Au travers d'animations, de petites conférences, de jeux éducatifs, de présentations de livres, de bandes dessinées. Ainsi furent mobilisés et inclus dans ces trois journées du F.I.G les enfants des écoles, collèges et lycée, bien accompagnés et encadrés... C'est bien là en effet, un souci, une heureuse initiative, de la part de la municipalité de Saint Dié, de sensibiliser et de faire participer la jeunesse à l'évolution du monde, à la géographie, à l'histoire du monde...

    ... Je dirai aussi, enfin, que, une grande partie de l'atmosphère de ce F.I.G, résidait dans la déambulation musicale dans les rues de Saint Dié, sur la place du marché, dans l'avenue Thiers, de la fanfare Ensemble National de Reggae sur des reprises de grands succès sud africains aux rythmes endiablés, aux mélodies par moments émouvantes dont les notes retentissaient encore après la fin des morceaux...

    Une déambulation musicale de marionnettes géantes, Caramantran ; et "Au rythme du Bushmen" une chorégraphie musicale de l'association Danser sans compter... également présentes lors de ce festival...

     

  • Le festival international de géographie à St Dié Vosges

         Depuis son origine, sa création en 1990, à Saint Dié dans les Vosges, le Festival International de Géographie draine depuis déjà quelques années, bon an mal an, environ 50 000 personnes venues de toute la région Lorraine, ainsi que d'autres régions de France et  d'autres pays, et cela durant quatre jours chaque année du premier jeudi jusqu'au premier dimanche du mois d'octobre (à moins que le jeudi précédant le dimanche ne tombe un 29 ou 30 septembre)...

    Il y a 600 intervenants (scientifiques, géographes, maîtres de conférence, presse, audiovisuel, organisateurs, invités et autres) sur 24 sites ou lieux de réunions, conférences, spectacles, expositions... 300 temps de rencontre avec le public dont 20 tables rondes (5, 6, 7 spécialistes dans un débat en face du public, lequel public peut intervenir en fin de scéance), 80 conférences ; un salon du livre avec 150 auteurs présents et plusieurs dizaines d'éditeurs nationaux ; 18 cafés géographiques, 50 heures de cinéma (films et documentaires) sur 5 jours (à partir du mercredi qui est le jour du forum des professionnels où le public est invité) avec un total de 4000 spectateurs sur les 5 journées...

    À noter également (une innovation assez récente) : une ancienne usine textile désaffectée dont le destin n'a pas été celui de devenir une friche industrielle, mais un vaste centre permanent (toute l'année) de création artistique... Bien sûr cette année 2013, investi par le FIG...

    À noter aussi (mais là c'est "moins glorieux" de la part du ministère de la Culture), que depuis 2013 (donc pour ce FIG ci) la subvention habituelle allouée a été totalement supprimée... (Par contre dans des villes de plus de cent mille habitants on subventionne plus que de raison des manifestations ayant un impact culturel et social et "planétaire" dirais-je, bien moins essentiel, que le Festival International de Géographie)... Saint Dié des Vosges n'est qu'une commune de 23 000 habitants mais à fort dynamisme culturel et artistique innovant - ce qui ne semble pas intéresser "commercialement" (ou en termes de "retombées économiques") les "Hautes Autorités Gouvernementales et Affairistes et Grands Marchés de type consommation de masse)...

    À noter enfin, car c'est encore cela qui marche le mieux purement commercialement parlant, et qui draine d'ailleurs pas mal de monde (pas tout à fait les mêmes gens que ceux qui vont aux conférences)... L'espace gastronomique et des saveurs (une véritable foire dans un grand bâtiment et ses alentours) …

    ... Le thème cette année, du FIG, était : "La Chine une puissance mondiale", et le pays invité, la Chine...

    Président : François Jullien, philosophe et sinologue ; Grand Témoin : Ivan Levaï ; invitée d'honneur : Noëlle Lenoir...

    Président du Salon du Livre : Jean Christophe Rufin.

    L'an passé, le "Grand Témoin" était... Régine Desforges ( J'avais été surpris de ce choix, pour un « Grand Témoin » de ce festival de géographie), et cette année en 2013, avec Ivan Levaï, nous sommes à mon sens, davantage dans la dimension qui convient...

    Un mot, justement, au sujet du "Grand Témoin" de ce festival 2013, qui fut Ivan Levaï :

    Ce journaliste né en 1937 aujourd'hui âgé de 76 ans, est "de la vieille école" pourrait-on dire, mais... de même envergure, de même dimension qu'un Albert Londres... "Il en a dans les tripes", vraiment, avec le langage qu'il tient, ce qu'il ose dire -à fort juste titre- et tout cela dans un discours de grand style, d'une grande profondeur de pensée, de réalisme, d'humour par moments, et d'un certain optimisme "non angélique"... Une "vision du monde", un sens de "certaines valeurs", une "philosophie" de la vie, de la relation, une manière de témoigner de ce qu'il observe, que je ne puis que partager et qui d'ailleurs recueille mon adhésion...

    ... Une réflexion encore, que je me suis faite lors d'un entretien devant un public nombreux et compact, entre Jean Christophe Rufin l'auteur de Rouge Brésil, et Alain Spire, un journaliste :

    Jean Christophe Rufin évoquait son voyage de pèlerin de St Jacques de Compostelle et disait, entre autre (je ne reproduis pas les termes exacts mais seulement en gros, le sens, le contenu) :

    « Ce n'est pas tout à fait ce que la plupart des gens croient, les chemins parcourus ne sont pas toujours des sentiers dans la montagne, en pleine nature, ni des chemins de grande randonnée du genre GR 5 ; parfois on marche durant des kilomètres sur des routes bitumées, ce n'est pas non plus cette convivialité, ces échanges, cette spiritualité auxquels les gens aspirent avant leur départ ; il y a cette réalité brute au quotidien, toutes ces petites surprises désagréables, ces aléas auxquels on ne pense pas... Et tout cela, il faut le savoir, et je le dis dans mon livre... »

    Ayant donc entendu cela, je me dis que parfois, nous nous faisons "tout un cinéma" dans la perspective d'une aventure, d'un voyage, d'une rencontre que nous allons bientôt faire, et le rêve nous vient alors d'un "monde différent" à vivre, avec des gens "pas comme les autres" c'est à dire plus ouverts, plus culturels, plus ceci plus cela etc. ... Et nous nous faisons ce cinéma dans notre tête, bien sûr, en fonction de nos aspirations profondes, de notre imaginaire, de notre sensibilité, de notre culture personnelle, et le "film" se met en place, puis nous entrons dans le film tant et si bien qu'au départ nous y croyons... Mais très vite, la réalité brute nous rattrape, nous fouette, nous cingle... Ainsi en est-il de tous ces univers, de tous ces mondes "différents", de relation, de gens même avec lesquels nous allons vivre un temps et avons rêvé de rencontrer...

    Ce qu'il m'en ressort de cette réflexion, c'est que c'est toujours et nécessairement "en connaissance de cause" qu'il faut partir, s'aventurer, "tenter le coup", aller de l'avant, choisir... Et que finalement le "film" ne pourra être que ce qui s'accomplira avec les acteurs, les figurants, les paysages, les scènes, qui y seront dedans...

    ... Un grand nombre de préjugés sur la Chine ? Oui, c'est certain.

    Mais il me paraît nécessaire dans le monde où l'on vit, en dépit de tous les paradoxes, de toutes les différences, de toutes les difficultés de relation, et surtout de la complexité du monde associée à la diversité des cultures, des modes de vie et de développement économique... Il me paraît nécessaire oui, de surmonter l'obstacle majeur à mon avis, que constitue l'existence de tous ces préjugés, de ces idées reçues et de ce qu'impliquent dans nos mentalités tant "occidentales" que "non occidentales", ces préjugés, ces idées reçues...

    ... Il faudrait déjà, dans un premier temps, ne pas perdre de vue ce qu'il est essentiel de comprendre d'un pays tel que la Chine :

    -La densité et la diversité de la population sur un territoire géographique de plus de 4000 km dans ses deux plus grandes longueurs, et d'environ 3000 km dans deux de ses largeurs nord sud... Une population qui, officiellement, avoisine 1 milliard 350 millions d'habitants, mais une population cependant concentrée pour plus de 50% dans des villes gigantesques et des régions surpeuplées autour de ces grandes mégalopoles... Ce qui veut dire que sur la moitié du territoire, soit de très vastes espaces géographiques, la population est disséminée, parfois même quasi inexistante (par exemple toute la partie nord du pays, avec les déserts du Taklamakan, d'Alashan et de la Mongolie intérieure)...

    -La géographie de ce pays : au nord d'immenses déserts et de hauts plateaux entourés de chaînes de montagne ; à l'ouest et dans la moitié de la partie centrale, le plateau du Tibet et la chaîne de l'Himalaya ; au Sud Est toute la Chine du Sud soumise à la mousson et aux tempêtes de l'océan Pacifique ; à l'Est sur 1500 km de profondeur jusqu'aux côtes, les régions les plus peuplées, là où se trouvent les grandes mégalopoles, les terres d'agriculture, l'industrie...

    -L'histoire de ce pays : elle est comme d'un seul bloc, le bloc des dynasties successives entre 221 Av JC et 1911, et constituant l'Empire du Milieu (vu aussi comme "toutes les terres sous le ciel") avec pour bases durant toute cette période, un système bureaucratique et centralisé élaboré, les rites ancestraux et chamaniques, le confucianisme, le taoïsme, le Bouddhisme, une langue écrite...

    Alors que les Amériques, que l'Afrique, l'Inde et l'Indonésie subirent dès le 16 ème siècle l'influence (et la domination) de l'Europe des Blancs et des Chrétiens... La Chine (l'Empire du Milieu) ne fut en relation avec l'Occident (l'Europe) avant le 19 ème siècle, que et uniquement par la route de la soie (terrestre depuis le milieu du 1 er siècle Av JC jusqu'au 15 ème siècle, puis maritime ensuite, par la navigation autour de l'Afrique)... Cette route de la soie était un réseau de routes commerciales, en fait de pistes multiples par lesquelles circulaient les marchandises entre l'orient et l'occident... Soit dit en passant, dans le sens Orient Occident, des découvertes chinoises majeures telles que la boussole, la poudre à canon, le papier monnaie et l'imprimerie furent diffusées en Europe.

    Les deux périodes les plus marquantes, on va dire, de l'histoire de la route de la soie, se situent la première à l'époque d'Alexandre le Grand lors de son expédition et de ses conquêtes jusqu'aux confins de l'Afghanistan actuel, et la deuxième à l'époque de l'expédition de Marco Polo vers la fin du 13 ème siècle...

    On le voit bien : la communication entre la Chine (Empire du Milieu) et l'Europe fut essentiellement marchande, technologique et culturelle, et ce, des temps anciens jusqu'au début du 19 ème siècle...

    Passé le début du 19 ème, ce sont les empires coloniaux occidentaux (entre autres et surtout l'Angleterre) qui "débarquent" en Chine et "foutent la merde" (excusez moi l'expression) dans les dernières dynasties et dans l'Empire du Milieu, avec notamment les "guerres de l'opium"... De telle sorte que pour finir, en 1911 le dernier empereur est déposé, et qu'une république s'installe avec toute une série de guerres civiles jusqu'en 1949. (Mais bon, je ne rentre pas dans les détails, il y aurait tant à dire...)

    Donc, pour conclure :

    Une population de 1 milliard 350 millions d'habitants (qui n'est pas homogène et qui est inégalement répartie, avec la nécessité d'un gouvernement fort pour gérer cette immensité, mais un gouvernement décentralisé puisque les gouvernements locaux sont puissants et agissent) ; une géographie difficile... Et une histoire dans laquelle le contact réel autre que commercial ou culturel, ne s'est réalisé avec l'Occident, qu'à partir du 19 ème siècle...

    Ce sont donc ces trois données qu'il ne faut pas perdre de vue...

    ... Pour vous donner une idée générale dans un premier temps, de ce festival ayant eu pour thème "La Chine une puissance mondiale" :

    http://www.fig.saint-die-des-vosges.fr/


    ... Mais "tout n'y est pas" loin s'en faut : les conférences et tables rondes les plus "significatives" seront intégralement reproduites d'ici quelque temps, tout comme celles d'ailleurs, des années précédentes...