facteur

  • Facteur à Sarlat

         Autrefois lorsque l'on demandait à un enfant ce qu'il voulait faire plus tard, il disait qu'il voulait être docteur, pilote, ingénieur, pompier... Ou plus rarement, facteur à Sarlat... Peut-être parce que ce gosse là, il avait été impressionné en voyant dans les rues de Sarlat, le facteur, ce personnage si populaire sur son vélo et entrant dans toutes les maisons...

    Et c'est curieux, l'on posait toujours cette question du métier futur aux petits garçons, et presque jamais aux petites filles auquel cas ces dernières répondaient : infirmière, hôtesse de l'air...

    Les temps ont changé... De nos jours les enfants disent “je veux être artiste” ou “je veux être champion”...

    Et aucune petite fille ne dit qu'elle veut être cassière dans un grand hypermarché de Saint Ouen...

    Et... est-ce qu'un petit garçon dit aujourd'hui qu'il veut être manager dans une grande banque du quartier de la Défense ?

    Artiste... Voilà que derrière ce mot magique se profilent toutes sortes d'aspirations : artiste de scène, chanteur, écrivain, musicien, poète, équilibriste, humoriste, dessinateur...

    Champion... Encore un mot magique... Champion de quoi? De foot, de tennis, de natation, de danse, star, chef de bande?...

    Alors autrefois pour devenir docteur, pilote ou ingénieur, il fallait “bien travailler à l'école”, passer son bac, aller en fac de médecine, être reçu à Polytechnique ou aux Arts et métiers...

    Et aujourd'hui pour être champion ou artiste, il ne faut peut-être que passer à la Télé dans un Talk Show, ou avoir été sélectionné sur un terrain de jeux... Mais cela fait tout de même “bien du monde au portillon”, bien plus que du temps des “docteur, pilote, ingénieur, pompier” ou des “infirmière, hôtesse de l'air”... Et pour le “facteur à Sarlat” c'est encore peut-être plus “problématique” puisque les facteurs de nos jours, n'entrent plus dans les maisons et qu'on en voit même sur des scooters avec des tenues d'extra-terrestres et des casques à visière noire.

    À défaut de devenir artiste ou champion, on fait chômeur, un stage de formation bidon, serveur dans un bar ou employé de banque ou vendeur de fringues et de gadgets dans une galerie marchande de Grande Surface... Et "encore heureux" si l'on peut être pris "à temps partiel au tarif du smig horaire" comme technicien de surface ou caissière au Grand Leclerc Géant du coin...

    Ou encore, pour les rêveurs, les "ceu's qui veulent pas "entrer dans le Système", on “fait un bouquin”, on “violonise”, on écume les forums sur le Net, on fait des blogs, on "fait un carton sur Facebook"...

    Et puis c'est vrai, maintenant on se fait à l'idée qu'on ne sera à la retraite qu'à 67 ans... Même si en 2050 il y aura -je crois bien- beaucoup moins de centenaires qu'il n'y en a encore de nos jours en ces années 2010 – 2020 ... et peut-être 2030 à la limite...

    Et toutes ces maisons de retraite médicalisées que l'on construit actuellement, qui coûtent déjà 2000 voire 2500 euros par mois par pensionnaire... Qui coûteront deux trois fois plus en 2040 et que les futurs vieux devenus trop pauvres voire sans ressources ne pourront pas se payer ?

    ... Si j'étais banquier, homme d'affaires, investisseur, PDG d'un grand fonds de pension américain... Je ne mettrais pas mon fric dans un vaste programme de construction de maisons de retraite privées : c'est "un filon" ces années ci, mais pas après 2040...

    ... De toute manière, “tout le monde veut être quelque chose que tout le monde ne fait pas”, chacun se lance dans "quelque chose que les autres ne font pas", tout le monde dans sa vie écrit, peint, fait de la musique, enfin un "truc original auquel on n'avait pas encore pensé et qui va peut-être avoir du succès, se vendre, te faire connaître"...

    Si les "temps de jadis" étaient "très durs", et certainement "pas si moraux" que l'on le dit aujourd'hui, si "dans le temps" on passait sa vie dans l'anonymat, dans le dénuement et sans autre perspective qu'une vie très banale faite uniquement de labeur et de contigences matérielles, si tout le monde n'était "rien de rien" en particulier...

    Les "temps d'aujourd'hui", ces temps que l'on dit être si prometteurs, si "nouveaux", si emplis de perspectives de développement personnel pour chacun... Ne sont en réalité qu' eaux de vaisselle et crevettes qui sentent le sexe sale... Avec d'énormes enseignes lumineuses, des galeries marchandes à perte de vue, et de la téléphonite i-phonite smartphonite ordinatorite généralisée ne faisant de toi qu'une "vedette" à 50 zaps par jour...