exprimer

  • Très rares, extrêmement rares ...

    … Très rares, extrêmement rares sont les personnes auxquelles, toute notre vie durant, ou du moins à certains moments de notre vie et pour un temps indéterminé, nous pouvons vraiment nous confier, tout dire, tout exprimer, de ce qui nous “habite”, de ce qui vit en nous, de ce dont on s’interroge, de nos incertitudes, de nos pensées les plus intimes…

    Si rares, si extrêmement rares sont ces personnes, qu’il arrive même que l’on peut, toute sa vie durant, n’en rencontrer aucune… Et cela, ce n’est pas une exception, ce n’est pas courant non plus, mais cela est…

    Reste cependant tout ce que l’on peut exprimer, produire, de ce qui nous “habite”, dans le domaine public…

    Mais le domaine public est de la plus grande incertitude qui soit. C’est, en quelque sorte, un domaine bien plus imaginaire que réel, avec, certes, quelques repères de ci de là, mais le plus souvent les repères sont flous, ou apparaissent telles des étendues d’eau éclatantes de luminosité au beau milieu d’un nulle part où s’animent des ombres, où bruissent des voix…

    Il y a ce que l’on ne peut confier qu’à sa femme ou à son mari – pour autant que l’un et l’autre soient vraiment très liés, liés au point de n’être qu’une seule âme, qu’un seul être (mais en double)…

    Il y a ce que l’on ne peut confier qu’à une mère, qu’à un père, qu’à un frère, qu’à une sœur, ou encore qu’à un ami, une amie…

    Il y a ce que l’on peut confier à une personne en particulier, qui n’est pas forcément une personne “proche”, par exemple à l’une ou l’autre personne parmi nos connaissances en telle ou telle situation de relation…

    Il n’en demeure pas moins, quelle que soit la nature de la confidence, selon si c’est sa femme, son mari, sa mère, son père, son frère, sa sœur, son ami, son amie… La relation qui s’établit entre celui ou celle à qui l’on dit, et celui ou celle qui écoute, reçoit… Est unique, ne peut être partagée avec d’autres : c’est une affaire entre toi et l’autre, quel que soit cet autre, qui ne s’adresse pas à l’autre, fût-il cet autre, un proche, un très proche même…

    Ainsi le rapport “au dehors”, de ce qui est confié, par celui ou celle qui reçoit la confidence, ne devrait-il jamais, au grand jamais, être…

    La crainte ou l’appréhension du “rapport fait au dehors”, par celui ou celle à qui l’on s’est confié, ce n’est guère il faut dire, très confortable…

    Nous passons notre vie entière, depuis l’enfance jusqu’à la plus grande vieillesse, dans l’incertitude de ce que les autres autour de nous, y compris les proches ; ressentent, éprouvent pour nous, et nous ne savons pas, nous n’avons aucune idée de la manière dont les autres nous considèrent, nous perçoivent … Ou, pour palier à cette incertitude inconfortable, s’impose en nous la croyance ou la non croyance de ce que nous représentons pour les autres…

    “Ils n’en ont rien à foutre” peut-on se dire… Ou, au contraire “ je peux compter sur leur adhésion, ils me voient d’un bon œil, ils ont connaissance de ce que j’exprime”…

    Mais il est un “signe” qui ne trompe pas : ces autres, justement, que tu crois être dans ton auditoire, dont tu penses qu’ils ont connaissance de ce que tu exprimes, si jamais ou presque jamais ils ne se manifestent, ne réagissent, ne te font voir d’une manière ou d’une autre qu’ils ont su et vu… C’est que cela ne les impacte point, ou peu… Ou ils s’en foutent carrément…

    Et il est encore un autre “signe” qui ne trompe pas : lorsqu’autour de toi, l’on ne te pose jamais comme on dit “les bonnes questions”…

    Quant à ceux et celles dont tu penses – et croies – “qu’ils n’en ont complètement rien à foutre”… Là, ce n’est pas “si certain que celà”… Mais c’est, il faut dire “très probable”… Et dans le cas – peu probable – où ils “ne s’en foutraient pas” et où ils te considèreraient sans que tu le saches jamais… C’est dramatique… (Mais ça se termine inévitablement – pour tout le monde- le jour où tu “t’envoles dans les étoiles”)…

     

  • La différence entre "exprimer sur la Toile" et "exprimer en face de personnes présentes

    … Ce que l’on exprime ou montre, sur la Toile, que ce soit dans un blog, sur Facebook, Twitter, Instagram… Et cela lorsque l’on s’y livre assez souvent, à exprimer, à montrer, et depuis plusieurs années… À exprimer tant et tant de choses ordinaires de la vie, ou d’un tout autre ordre notamment sur un sujet d’actualité, pour développer une pensée nous venant…

    N’est-ce point comme si l’on se trouvait devant un mur – en l’occurrence l’écran d’un ordinateur – mais un mur en quelque sorte qui ne serait pas un mur ou une cloison fait d’une matière solide, en briques, en bois, en contreplaqué, en métal, ou un simple écran… Mais un mur “transparent” (et donc traversable) au travers duquel ce que nous exprimons se diffuse dans un espace dont on ne discerne pas les limites, un espace dont on sait qu’il est empli de personnes dont on ne voit pas les visages, ou dont on voit seulement par une image d’eux, apparente, ce qu’ils peuvent être… Et pour bon nombre d’entre eux, que l’on ne rencontrera jamais ? …

    Il y a donc une réelle différence entre “exprimer sur la Toile dans un espace indéfini”, et “exprimer en face de personnes que l’on a devant soi dans un espace délimité”…

    La différence résidant dans la portée et dans l’impact, sachant que, de toute évidence, la portée et l’impact en face de personnes que l’on a devant soi, sont mesurables, visibles, identifiables, notamment par ce que traduit l’expression du visage, du regard de l’autre en face…

    Sans doute l’impact et la portée de ce que l’on exprime, ont-ils “un peu plus de chances” de s’inscrire dans une durée, ou dans une mémoire, lorsque ce qui est exprimé l’est devant des personnes en face de soi…

    Sur la Toile, vient cette impression d’un “vide” en face, du fait que l’on ne voit pas l’exprimé s’accrocher, dont on ne peut mesurer la portée ou l’impact… Et de surcroît, lorsque l’exprimé à l’instant, faisant suite à de l’exprimé des jours d’avant, et de tant encore de jours d’avant… Se dilue jusqu’à finalement devenir invisible, ou enfoui, tellement enfoui qu’il ne peut être retrouvé ou “remonté à la surface”…

    … Il n’y a peut-être que le pouvoir, que la puissance de l’esprit, de la pensée, qui peut en quelque sorte “reconstituer” (façon de parler) une proximité physique entre deux ou plusieurs interlocuteurs…

     

    … Sans aller jusqu’à des “Eurockéennes de Belfort”, ou un “festival d’Avignon” ou à des “Francofolies de La Rochelle” réunissant des milliers de personnes…

    Pourquoi pas… Des “Facebookéennes” de groupes d’amis, de “vivre échanger partager ensemble”, ne serait-ce que pendant trois jours ou même une semaine ? Dans un lieu déterminé, avec une organisation, un hébergement collectif… En somme une vraie réunion ?

     

    … Pour le moment, avec la crise encore persistante du covid, des “Facebookéennes de groupes d’amis” en un lieu déterminé et avec une organisation… C’est “plus qu’un peu difficile” !

    … Mais par la suite, lorsque seront tombés les masques – et soit dit en passant – “bien d’autres masques, ceux là non covidiens” … Ce serait une expérience à tenter…

     

     

  • Tout ce qu'il me paraît important d'exprimer...

    ... Et donc, de dire déjà, puis d'exporter, de diffuser, de communiquer, de publier dans des livres ou sur des blogs... Tiendrait -au moins- en plusieurs livres de plus de mille pages chacun...

    Encore faudrait-il que tout ce qu'il me paraît important d'exprimer, le soit dans un langage que tout le monde puisse entendre d'une part, mais aussi et en même temps dans un langage imagé, un langage où la parole se fait écriture, et réciproquement, où l'écriture se fait parole...

    Au lieu de cela, au lieu d'exprimer tout ce qu'il faudrait -à mon sens- exprimer, diffuser, exporter, communiquer... sur des questions, des sujets, des interrogations... qui sont si nombreux et si divers... et si essentiels en considérant séparément chacun d'entre eux... L'on voit sur des pages de journaux, sur la page d'accueil de Yahoo en "actualités", sur tant et tant de pages personnelles de Facebook... l'on voit défiler une masse considérable et cacophonique de messages, de "petits évènements", d'informations, de "scoops" petits et grands, de tweets, en général rédigés à la hâte, souvent brefs... qui sont d'une banalité, d'un "non intérêt", d'une vacuité absolument désespérants... Et d'ailleurs, même écrits en quelques mots, quelques lignes au plus, dans un langage tout ce qu'il a de plus ordinaire et peu fatigant à lire... Ces informations, ces commentaires de ceci ou de cela sur tel évènement "non évènement"... L'on a de la peine à aller jusqu'au bout, de telle sorte qu'on "zappe" vite fait, on fait défiler la page en vitesse... Et puis basta, ça file comme l'eau par le trou de la baignoire sans laisser la moindre trace... Désespérant! Vacuité, non sens, de notre époque où tout va si vite... Et où ce qui est essentiel passe inaperçu, n'est jamais lu, jamais vu, est noyé dans une masse d'information, d'écrits et de paroles sans visages...

    Ces livres de plusieurs milliers de pages chacun, ces livres, qu'ils soient des livres réels en pages de papier ou des livres virtuels en blogs ou en documents PDF, EPUB ou autres formats, ces livres qui contiennent tout ce qu'il est si essentiel d'exprimer, quand bien même il y en aurait des milliers de ces livres (et d'ailleurs il y en a)... eh bien ces livres aussi présents, aussi existants -et visibles- qu'ils soient... ils passent aussi inaperçus qu'une aiguille dans une meule de foin...

    Mais c'est, bien pétant, bien voyant, avec une grande photo, tout ce qui défile sur la page de Yahoo, sur les pages de Facebook, à longueur de journée et de nuits... ce qui paraît, ce qui "percute", ce qui un instant retient l'attention mais "déséduque", "désinforme", "lessive", et fait que l'on ne pense plus, que l'on ne réfléchit plus... Et que l'on en arrive même à déconsidérer totalement l'essentiel, le "vrai essentiel"... qu'évidemment, on ne lit pas, qu'on fuit comme la peste...

    Ce qu'il est si important d'exprimer ? Il a déjà en partie été exprimé (en partie parce que même dans une civilisation en déclin, ça s'arrête pas d'un seul coup sauf cataclysme nucléaire ou impact d'une grosse météorite, ça laisse encore quelques années voire quelques dizaines d'années devant nous) ... Exprimé par exemple, dans les chansons, dans les textes de Jacques Brel, dans des poèmes de Michel Houellebecq, ou encore par un humoriste tel que Coluche...

    Il y a manifestement une intemporalité dans ce qui est essentiel d'exprimer...

     

    ... Et, ce qui est extraordinaire, paradoxal, et qui génère ou entretient une grande, une réconfortante espérance... C'est que... Si tu parviens à communiquer sur l'une ou sur plusieurs de ces "choses essentielles" avec quelqu'un en particulier (seul à seul), que ce "quelqu'un" soit de n'importe quel "niveau social, culturel etc."... Eh bien ça marche ! (assez souvent sinon "presque toujours")...

    Bien sûr, il faut trouver les mots, l'image, la manière de dire...

    La "conscience aiguë en soi, de l'existence de l'Autre", de son intimité, de son ressenti... Comme si on arriverait à toucher l'enveloppe de la bulle et à la traverser sans pour autant traverser par effraction...

     

    ... Bernard Clavel a vraiment raison... de dire qu'écrire pour être lu, ce n'est pas manquer de modestie... à condition quand même de ne pas faire rien que comme sur la page de Yahoo ou de Facebook pour que ça pète et que ça congratule et que ça émotionne un instant et basta !