Céline

  • Extrême droite, antisémitisme

    … Je me moque de savoir si le régime politique d’Israël de Benyamin Netanyaou est d’extrême droite…

    Oui sans doute l’est-il, d’extrême droite. Il y a bien – c’est une réalité – de par le monde, des pays de régime d’extrême droite… Et de dictatures…

    … Je me moque de savoir si Louis Ferdinand Céline est antisémite (soit dit en passant le médecin qu’il fut à Courbevoie dans les années 1930, qui a soigné gratuitement des Juifs pauvres devrait nous amener à réfléchir sur ce qu’est l’antisémitisme dans ses différents sens et visions)…

    … Je n’adhère ni à l’extrême droite ni à l’antisémitisme, je ne vénère pas loin s’en faut Benyamin Netanyaou (et le soutien qui est le sien aux colons grands propriétaires) et je n’ai pas non plus la photo de Louis Ferdinand Céline accrochée sur un mur dans ma maison…

    Mais j’adhère à l’idée selon laquelle, selon Louis Ferdinand Céline «  il faut mettre sa peau sur la table »… Notamment lorsque l’ on fait ou que l’on essaye de faire dans sa vie « œuvre d’écriture » (et de témoignage de tout ce que l’on observe – autant que possible en toute indépendance d’esprit par rapport à ce qu’il convient de penser et d’agir, ou par rapport à ce qu’il ne convient pas d’être)…

    De nos jours – mais « ça ne date pas d’hier » - « on fait, sur la table, avec la peau des autres plutôt qu’avec sa propre peau »… Dans un certain sens « ça me fait rire »… Et davantage « iconoclaster » que pleurer…

    Quand tu mets ta peau sur la table, il faut t’attendre à ce qu’elle soit battue, déchirée, ou laissée à sécher sur la planche indifférente aux regards ; c’est pour ça que tu l’engages pas, ta peau… Avec la peau des autres c’est bien plus confortable, et c’est ça qui te porte en scène, qui te fait les prix, la reconnaissance, les « followers » et tout le bastringue !

     

     

  • Céline, un auteur qui fâche

    ... De son vrai nom Louis Ferdinand Destouches, né à Courbevoie le 27 mai 1894, et décédé le 1er juillet 1961 à Meudon.

    Soit dit en passant, ce même 1er juillet 1961, Ernest Hemingway se tirait dans la tête une décharge de chevrotines...

     

    Céline, un auteur qui fâche... L'on sait pourquoi...

     

    Mais de surcroît, et peut-être plus encore qu'il ne fâche, Céline est un auteur "difficile" en ce sens que lire un livre de Céline impose un effort de lecture...

     

    Quel professeur de Lettres Modernes (prof de français pour appeler un chat un chat) aujourd'hui dans un lycée en classe de seconde ou de première littéraire, envisagerait sereinement de proposer à des jeunes de 15/16 ans de sa classe, de lire (le livre à lire dans la semaine) "D'un château l'autre" ou "Guignol's Band" ?... "Voyage au bout de la nuit" est sans doute "plus buvable" (c'est incontestablement, "Voyage..." le livre le plus lu, de Céline)...

     

    ... De toute manière, en matière de lecture, toutes cultures et sensibilités confondues je crois bien dans le monde d'aujourd'hui... Où l'on passe une partie de la journée sur Internet et sur les réseaux sociaux notamment Twitter ( tout ce que l'on peut dire et lire faisant 140 caractères maximum) ; tout livre étant "un peu plus qu'un produit de consommation", ainsi que toute "chose écrite" de plus de 15 lignes sur le Net... Demande assurément "un effort de lecture"...

     

    ... Pour ma part, m'étant cependant intéressé et m'étant senti motivé à lire Céline, j'avoue que pour "Guignol's Band" j'ai "déclaré forfait" au bout de 50 pages... (Et pourtant je suis sensible à ce style ou type d'écriture qui est celui de Céline, et dans lequel "je me reconnais plus ou moins en partie" ...

    Soit dit en passant, quand "on se reconnaît dans l'écriture d'un auteur"... En fait, "on s'y reconnaît mais avec quelque chose de soi-même, de tout à fait différent"...

     

    ... "D'un château l'autre"... J'essaye, j'essaye... J'avance...J'avance... Page après page...

     

  • Céline l'homme en colère, de Frédéric Vitoux

         Frédéric Vitoux, de l'académie française, fut en 1968 l'un des premiers étudiants français à entreprendre une thèse consacrée à l'auteur du Voyage, parue en 1973 sous le titre Louis Ferdinand Céline, misère et parole (Gallimard)...

    En janvier 2009, Frédéric Vitoux publie Céline l'homme en colère...

    Voici ce qu'écrit Frédéric Vitoux dans son introduction à « Céline, l'homme en colère » :

    «  Un écrivain happé par l'université...

    Il a été disséqué, laminé, écartelé, embaumé – de thèse en conférence et de colloque en diplôme. Là aussi, le phénomène s'est révélé mondial. Des universitaires australiens lui ont consacré dans leurs revues des numéros spéciaux, des universitaires italiens se sont penchés sur ses hallucinations romanesques. Des études savantes ont été publiées par-ci, par-là, sur les structures stylistiques de sa langue, la répétition chez lui de quelques tournures syntaxiques, les fonctions de ses néologismes... D'autres universitaires s'épuisent encore à dresser des lexiques, des catalogues, des index, des tableaux analytiques de sa vie et de son œuvre. Bref, Céline est mis en fiches, son texte saisi par les ordinateurs et la proie des moteurs de recherche... »

    Il en est de même pour quelques autres écrivains ou poètes entre autres Arthur Rimbaud, Marcel Proust... Sur l'oeuvre desquels « planchent toujours » les universitaires, les critiques, les chercheurs...

    Mais il est à mon sens, comme  une vérité éternelle  ou plus exactement une réalité éternelle : « l'on est tout seul dans sa peau jusqu'à la fin de ses jours » et cela quoiqu'il soit dit, écrit, disséqué, commenté, interprété, de l'homme ou de la femme écrivain, poète, artiste... par les universitaires, les chercheurs, les biographes, et en règle générale tout un chacun... De même que « l'on est tout seul dans sa peau jusqu'à la fin de ses jours » en tant qu' être ordinaire de ce monde au beau milieu de ses proches, de ses connaissances, de tout un chacun aux alentours et cela quoique ces proches, que ces connaissances et tout un chacun puissent dire de ce que l'on est, de ce que l'on fait...

    Et Céline écrit dans une lettre à Milton Hindus du 22 juin 1947 :

    « Je m'intéresse peu aux hommes et à leur opinion, et même pas du tout... C'est leur trognon qui m'intéresse... pas ce qu'ils disent, mais ce qu'ils font... La chose en soi... presque toujours le contraire de ce qu'ils racontent, c'est là que je trouve ma musique dans les êtres... Mais malgré eux... »

    Cette lettre fait écho à une simple et exemplaire profession de foi du médecin des pauvres qu'a été Louis Ferdinand Céline (de son vrai nom Destouches) :

    « La fuite vers l'abstrait est la lâcheté même de l'artiste – Sa désertion. » (lettre à Elie Faure du 2 mars 1935)...

    Le « trognon » n'est-il donc pas la « peau » autrement dit la réalité intérieure, profonde, authentique, en dehors de tout regard porté par les autres, de l'être ?

    Et, fuir cette réalité intérieure, profonde, authentique de l'être, s' absoudre de cette réalité par les artifices de l'abstraction, c'est à dire par une représentation qui n'a plus rien à voir avec la réalité première ou qui est une contrefaçon, une contrefaçon même « habile » si l'en est, de cette réalité... C'est, cela s'assimile à de la désertion, de la lâcheté de la part de l'artiste... Car la réalité s'impose et exige que l'on se confronte à elle dans toute sa dimension, de sa surface jusqu'en sa profondeur ; et que l'on ne baisse pas les yeux vers le sol, là où s'étend ce qui n'est que le reflet ou la représentation « cultuo-culturelle de confort relatif », de cette réalité...

    Écrivain maudit, controversé, ordurier, consacré... (et tout ce que l'on peut en dire) Avec cependant son style ajouré, éclaté comme de la dentelle... ? L'oeuvre de Céline, à l'exception de Voyage au bout de la nuit et de Mort à crédit, reste encore aujourd'hui, largement ignorée du « grand public » mais aussi d'un certain nombre d'intellectuels de formation universitaire...

    Et que dire de tous ces écrivains qui, d'une manière ou d'une autre pour telle ou telle raison se réclament de Céline, tout comme d'ailleurs ils peuvent aussi se réclamer de tel ou tel auteur ?... Que dire, oui, de ces critiques littéraires s'exclamant à propos de tel écrivain « c'est du pur Céline »... Alors qu'en vérité, oui, « on est tout seul dans sa peau jusqu'à la fin de ses jours » ?

    Ce n'est -peut-être- que par le « trognon », ce « petit bout de trognon  pris en pleine poire »... Que tu parviens, à peine le temps d' une étincelle de lumière traversant le ciel de nuit, à ne plus être « tout seul dans ta peau »...



  • Les "pas rigolos"

         Cioran et Céline... Et d'ailleurs Boris Vian, Jacques Brel, Léo Ferré, Jean Ferrat, Georges Brassens, Magritte, et même parfois Coluche, oui... N'étaient pas vraiment des "rigolos" dans la mesure où ils exprimaient, caricaturaient, peignaient, mettaient en évidence, certaines réalités dures et brutes que tant de leurs concitoyens s'obstinaient à ne point voir en face...

     

    Les "pas rigolos", auprès des "qui ne veulent pas se prendre la tête", ou des "pour qui le moindre coup de noir fout le bourdon et fait se carapater vite fait"... N'ont pas en règle générale, "le vent en poupe"... Mais "dans leur genre", ils se révèlent "assez rigolos" d'une autre manière, fort peu "orthodoxe" il faut dire...

    En somme, les "pas rigolos" jettent de gros cailloux dans la mare aux eaux doucement dansantes , touillent dans le fond de la mare, extraient la boue putride, et s'ils le peuvent même, ils te prennent par la peau de la nuque et te mettent la tête dans le caca !

     

    Les "rigolos", parfois, sont "très banalement tristes"... Et si de surcroît, ils montrent les dents et commencent à aboyer dès que l'on ne rit plus avec eux ; alors là, gare au coup de bâton sur le museau, du "pas rigolo qui rue dans les brancards" !