araignée

  • L'araignée-coucou

         Il me semble "de bonne guerre", de se servir de ce qui existe déjà, en l'occurrence de l'immense toile d'araignée de tous les systèmes, de toutes les modes, de toutes les cultures , même si l'on est loin d'être un "aficionado" de ce qui existe, ou de ceci/cela qui existe sur l'immense toile, et dont on déplore et dénonce les effets pervers ou contrefaits...

    Bien sûr, il y a la manière de se servir de ce qui existe, et ce que l'on va en faire, et dans quel but... Et c'est là que l'on reconnaît l'artiste, l'artisan, ou l'imposteur, ou l'ordinaire... Mais surtout l'Etre, l'homme, la femme, dans sa "vérité intérieure, profonde et authentique"... Cet Etre qui est comme "l'araignée-coucou" funambulant sur les fils de la toile, n'entrant en concurrence avec aucune des autres araignées dont les proies piégées ne l'intéressent pas ; enduisant les fils d'une sorte d'essence qui lumine et résiste aux principes généraux dilueurs d'enduit...

  • Le livre dévoré par des rats

         Sur un dépôt d'ordures, un groupe de rats se bat bruyamment pour dévorer La Peste, d'Albert Camus... (page 372 dans Le miroir de Cassandre, de Bernard Werber).

    Au fond d'une crique en cul de sac aux parois rocheuses abruptes et très hautes, est acculé un intellectuel, poète, scientifique et philosophe, en face d'une araignée de la taille d'un éléphant, et l'araignée s'avance vers l'intellectuel, et va le dévorer... (l'une de mes histoires)...

    Dans La Peste d'Albert Camus, justement ce sont des rats qui commencent à mourir en nombre à Oran en Algérie, et véhiculent la peste...

    Dans mon histoire, l'araignée est sans doute une araignée mutante, peut-être à la suite d'une expérience de manipulation génétique...

    La réalité dans "ce groupe de rats qui dévore le livre" ou "cette araignée géante qui va dévorer l'intellectuel", c'est que ni le livre d'Albert Camus ni la science ni la pensée de l'intellectuel, ne vont "changer le cours des choses"... Et qu'il y a peut-être, bien au delà de ce qu'on dit -en tant qu'humain- être cruel, injuste, "avoir du sens", être absurde, être beau, être laid... Une vérité qui nous échappe, et peut-être en définitive, une "vraie, une authentique, une violente, une nécessaire beauté crue, nue et cosmique, universelle et intemporelle"...

    Mais l'intellectuel s'imagine que par la science, par la connaissance, par la sagesse, par la réflexion "grave" qu'il a ; que par sa poésie, sa conception de la relation, son approche d'une certaine vérité... Il va "convaincre" l'araignée de ne pas le dévorer... Il va même s'imaginer qu'il va "apprivoiser" l'araignée, s'en faire une "amie"... Ou "mieux" encore, que l'araignée pour une raison qui lui échappe, par quelque relation imprévisible qui va se produire entre elle et lui, et qui n'a rien à voir avec quelque pouvoir qu'il a de convaincre... Ne va pas le dévorer... Il n'imagine pas un seul instant "qu'il se met le doigt dans l'oeil" ! Il est là, en face de l'araignée, avec son orgueil, ses certitudes, sa science, sa philosophie... Mais la vie, ce n'est point cela... Ou plutôt la vie c'est "cela", tout cela, mais sans l'homme, sans l'orgueil de l'homme...