Articles de yugcib

  • L'astronef imaginaire

         Un astronef imaginaire se pose devant moi, le matin, lorsque j’ouvre la porte d’entrée de ma maison, près d'un massif de fleurs, dans mon jardin…

    Sur la plage de Contis dans les Landes, à proximité d’un blockhaus de la seconde guerre mondiale ; ou bien au sommet du Hohneck dans les Vosges un jour de grand beau temps, il apparaît, étincelant dans son fuselage argenté…

    Cet astronef imaginaire n’ouvre pas ses portes en grand cependant. Je ne sais rien des éventuels « cosmonautes » qui pourraient venir d’un autre monde, à bord de cet « autobus de l’espace ».

    Seraient-ils, ces « gens », porteurs de quelque message, viendraient-ils d’un monde meilleur que la Terre ? Je n’en sais rien.

    Dans un tout premier mouvement je fonce droit vers l’ astronef, apercevant une sorte d’ échelle de corde jaillie d’une ouverture…

    Et tout mon être est tendu vers un ailleurs inconnu, et peu m'importe la destination...

    Et, d’une voix à peine plus audible que le cri d’un oiseau, je dis : « je quitte la Terre, je laisse derrière moi toutes les indifférences, tous les mépris, toutes les clameurs, toutes les rumeurs, toutes les humeurs et agitations et violences du monde »...

    Mais saisissant l'échelle de corde jaillie de l'ouverture, je ne pose pas mon pied sur le premier degré de l'échelle...

    Un visage, des visages, un regard, des regards, viennent tout juste de tomber du ciel de la Terre...

    Alors je me sens solidaire de ces visages et de ces regards, et mes émerveillements si près de se décolorer, reprennent leurs couleurs...

  • Le cirque de Gavarnie

         Voici quelques photos que j'ai prises dernièrement au cirque de Gavarnie dans les Hautes Pyrénées...

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    Du pied de la cascade la plus haute d'Europe (423 m), jusqu'à la ligne de crête tout en haut, il y a trois étagements de roches sédimentaires, le tout d'une épaisseur de 1500 m, de telle sorte que les pics et que la ligne de crête tout en haut, culminent entre 3000 et 3100 m. Derrière le cirque de Gavarnie, côté Espagne, s'étend un énorme bourrelet de forteresses rocheuses et de pics, une zone totalement déserte et assez vaste et de haute altitude moyenne (entre 3000 et 2500 m pour l'ensemble de la zone)...

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    Quelques précisions :

    - L'hôtel du cirque, où l'on ne peut arriver qu'avec un sac à dos et à pied ou à cheval ou à âne. Cet hôtel est alimenté en électricité par un câble souterrain de six kilomètres de long depuis le village de Gavarnie. Il a sa propre station d'épuration pour les eaux usées. Idem pour le téléphone et l'internet : un câble souterrain.

    -Un joli minou juché sur le rebord d'une fenêtre...

    -Et une photo du preneur de vue...

  • Les oeuvres de pierre

         Seules les oeuvres de pierre, ce qui est gravé dans la pierre... demeure "un peu plus longtemps" et témoigne...

    Et tout juste au delà des oeuvres de pierre et de ce qui est gravé dans la pierre, demeure encore -peut-être un peu moins longtemps mais longtemps quand même- ce qui est écrit, inscrit, sur des supports à la consistance de feuille (papyrus, parchemin, papier) ou de tablettes, et qui a pu résister au temps, qui n'a pas subi le feu, l'eau, la folie destructrice et guerrière des hommes...

    Les sociétés humaines qui vivaient à la fin de la dernière période glaciaire, qui ne connaissaient pas encore l'écriture mais cependant dessinaient et gravaient et confectionnaient des outils de pierre taillée ; ont laissé davantage de traces que n'en laisseront nos sociétés actuelles avec l'électricité, le numérique, les mails, la téléphonie mobile et l'internet...

    Que demeurera-t-il d'ici déjà quelques siècles, et à plus forte raison dans dix, vingt, trente mille ans... De nos kilomètres de blogs et de sites, qui, il faut le dire pour un certain nombre d'entre eux, sont tout de même intéressants, et dignes d'être qualifiés d'oeuvres littéraires ou artistiques... Mais ne seront pour ainsi dire jamais découverts, pour autant qu'il y aura encore des humains dans dix, vingt, trente mille ans ?

    "Demain" n'existe pas...

    "Demain" c'est un concept purement humain, une projection par la pensée et par l'imagination, de ce qui pourrait être au delà du moment, du jour, du vécu, du pensé, du réalisé présentement ; et qui s'appuie en fait, sur le présent, sur ce qui s'est passé et qui est connu, et qui a évolué...

    "Demain" n'existe pas, c'est le présent qui est la réalité, et c'est le passé qui a existé, qui a lui aussi été une réalité (même si ce passé nous est inconnu)...

    Aucun autre être vivant que l'être humain sur cette planète, n' a "demain" dans son vécu... Mais cependant, tous les êtres vivants font naturellement "ce qu'il faut" pour assurer l'existence et la survie de leur espèce... La vie est intemporelle : on pourrait la comparer-

    non pas pour chaque espèce puisque les espèces disparaissent- mais pour l'ensemble des êtres vivants, à une ligne continue d'un seul tenant, une ligne qui oscille et semble parfois s'effacer mais réapparaît plus loin... Et nous, présentement depuis -on va dire- un million d'années, nous sommes "sur cette ligne"... Une ligne qui se perpétuera sans nous, les humains, vraisemblablement...

  • La guerre de Syrie, février 2011 jusque ... ?

         J'ose dire ceci (qui risque fort- mais à juste titre- de choquer les personnes horrifiées par les massacres perpétrés par les armées de Bachar Al Hassad, et voudraient "qu'on intervienne" pour "ne pas laisser impunément se perpétrer tous ces massacres"...

    "Je ne veux pas d'intervention" !

    Certes, oui, cent fois oui, je trouve absolument horrible, inhumain, atroce, tous ces massacres perpétrés par les armées de Bachar Al Hassad... !

    Mais... Réfléchissons 2 minutes : de "l'autre côté", celui de l'opposition, du combat armé contre le régime de Bachar Al Hassad... Ne commet-on pas les mêmes atrocités ? (ces atrocités, on pourrait aller jusqu'à dire qu'elles seraient justifiées vu l'horreur d'en face)...

    Soyons réaliste : les guerres, c'est toujours des atrocités, de la barbarie, du sang, des souffrances, de la mort, de la torture... Et cela dans chaque camp, quelle que soit la cause... Dans la guerre, les sensibilités, les certitudes des uns et des autres, sont tellement exacerbées, que "personne, absolument personne, n'est un enfant de choeur" !

    On l'a bien vu, avec la guerre d'Espagne 1936/1939, avec la guerre de 14/18, la guerre de 39/45, toutes les guerres du monde depuis les temps antiques, les guerres Napoléoniennes, la guerre de Yougoslavie en 1992, les guerres de religion au 16 ème siècle, la guerre d'Indochine, la guerre d'Algérie... la liste est longue...

    "Je ne veux pas d'intervention" !

    ... Parce que... "si on intervient, ce sera encore pire que tout ce qu'on déplore, que tout ce sur quoi on s'insurge"... Tellement pire que ce qui arriverait alors, dépasserait en horreur la guerre de 14/18 par exemple...

    2013, même configuration internationale (mais bien sûr dans un contexte différent) que 1913...

    ça me fait peur...

    "Je ne veux pas d'intervention" !

    ... Cela dit, je ne suis pas tout à fait "un pur et dur" pour la paix à tout prix, à n'importe quel prix"... En effet, il arrive que la paix fasse parfois plus de dégâts que la guerre : lorsque cette paix, par exemple, laisse entrer des vainqueurs, des conquérants tout puissants, des dictatures, des fanatismes religieux, et avec tout cela, dans tout cela, une domination qui est bien plus terrible à subir pour les peuples, pour les gens que nous sommes, que de mourir...

    Vivre à genoux, vaincu, humilié, exploité, spolié, privé de liberté... Mieux vaut alors mourir les armes à la main plutôt que vivre en mort vivant ! Dans ce cas là, en effet, le seul espoir qui reste, c'est de risquer sa vie, puisque "ne pas prendre les armes et ou le maquis", c'est mourir ou subir à coup sûr...

    Dans le cas de la guerre en Syrie, cependant, plutôt que de risquer une intervention qui aurait des conséquences désastreuses, la seule solution si l'on peut dire, c'est, avant toute négociation éventuelle, avant toute entente, avant tout traité possible... avant toute menace des uns et ou des autres... Et surtout avant toute forme d'intervention militaire impliquant par exemple, de l'aviation, des tirs ciblés depuis des bases mobiles situées en arrière, à distance... La seule solution dis-je... Consiste en une rencontre, en un dialogue, en une prise en compte des intérêts, des stratégies, des uns et des autres à savoir :

    -De Bachar Al Hassad lui-même en personne

    -Des chefs de la résistance, de quelque tendance qu'ils soient, y compris les plus "durs", les plus extrémistes, c'est-à dire ceux dont on ne voudrait pas qu'ils dirigent seuls le pays une fois le régime de Bachar Al Hassad abattu si telle était l'issue de la guerre.

    -Du nouveau président Iranien (qui n'a pas tout à fait la même "vision" ou la même stratégie que son prédécesseur)

    -Du Président des Etats Unis Barak Obama

    -De Vladimir Poutine et des dirigeants de la Russie

    Que veulent vraiment les uns et les autres ? Ne peut-on pas parvenir sinon à un accord, du moins à une prise en compte d'un intérêt qui lui, serait plus ou moins commun à tous ?

    ... J'avais lu quelque part, et ou entendu dire (je ne me rappelle plus où)... Qu'Israël "c'était un rempart, un bastion, une forteresse contre l'Islamisme guerrier, lequel Islamisme guerrier en question est considéré comme dangereux pour le monde occidental" ...

    Et que si un jour ce bastion, cette forteresse, ce rempart tombait, cela ouvrirait tout grand la porte à l'islamisme guerrier, conquérant et envahissant et destructeur de notre mode de vie, de nos libertés...

    Dans une certaine mesure je pense que cela est vrai... Mais, à trop s'allier stratégiquement, idéologiquement parlant, à Israël (aux dirigeants d'Israël et à la politique que ces derniers mènent), à trop les soutenir, cela ne peut qu'envenimer la situation internationale, crisper les sensibilités extrémistes, et finalement, provoquer un conflit dans lequel par le jeu d'alliances, Israël pourrait alors ne pas avoir forcément le dessus...

    ... Partant de la constatation suivante :

    Que l'on soit Chiite ou Sunnite, ou Chrétien ou Juif  d'après ce que j'ai pu apprendre il existe comme une continuité entre les trois religions que sont le Judaïsme, le Christianisme et l'Islam ; trois religions qui en fait sont "des religions du Livre" : l'Ancien Testament (la loi ancienne), le Nouveau Testament (la loi nouvelle), le Coran (les dernières et nouvelles prescriptions)... Tout cela en effet s'inscrit dans une suite, dans une continuité, dans une logique même dirais-je...

    Il n'est pas possible, à mon sens, de demeurer figé dans l'une ou l'autre des trois composantes de l'ensemble, et cela en invalidant ou rejetant les deux autres composantes...

    ... Partant de cette constatation donc,  il y a bien là une pensée, une porte, une voie qui s'ouvre... et donc une nouvelle vision et une nouvelle intelligence devenant possibles dans la relation entre les uns et les autres...

    Restent, ensuite, bien sûr, les intérêts particuliers des uns et des autres (les questions de genre de vie, de mode de gouvernement, de territoires sur lesquels on vit, de richesses, de ressources, de culture... Tout cela à régler au mieux, au plus équitable)...

        Le drame même du monde, depuis l'aube des Temps Historiques, c'est que les Hommes (les êtres humains) demeurent inflexibles dans leurs croyances et dans leurs certitudes, et que, partant de là, les sensibilités sont forcément exacerbées -ou le deviennent- d'autant plus encore que des intérêts sont en jeu et que prédomine la loi du plus fort...

    Je crois que le destin de l'Humanité, c'est de parvenir à surmonter ce drame, à s'affranchir de ce principe de la loi du plus fort et à trouver une autre voie qui serait celle d'une intelligence naturelle dans la relation...

        Quand je dis "je ne veux pas d'intervention" (en Syrie) je suis parfaitement conscient de ce que l'on peut, à juste titre, me répondre... À savoir que "ne rien faire" c'est accepter que Bachar Al Hassad et son régime en Syrie, et que par la suite, un autre dictateur, une autre puissance militaire, puissent utiliser aussi, des armes chimiques ou bactériologiques...

    Autrement dit, réprouver, condamner, menacer, hurler d'horreur, trouver une solution politique par le dialogue... Cela ne suffirait pas... Il faudrait donc des frappes ciblées, "marquer le coup", quoi !

    Mais il y a déjà eu un précédent, dans l'utilisation d'armes chimiques...

    Un précédent, à au moins deux reprises :

    -Lors de la première guerre mondiale

    -Lors de la guerre entre L'Iran et l'Irak en 1988 quand l'Irak de Saddam Hussein, soutenu et armé par la France de François Mitterand, décida de gazer 5000 kurdes dissidents (des civils, des femmes et des enfants)...

    Aujourd'hui on crie à l'abomination parce que des armes chimiques ont été utilisées vraisemblablement en Syrie contre des populations civiles par un dictateur et par un régime que l'on condamne... Mais en 1988 l'on fermait les yeux sur l'utilisation de ces mêmes armes chimiques par un régime que l'on soutenait, du fait que l'on espérait que ce régime , l'Irak de Saddam Hussein, vaincrait les Iraniens islamistes "purs et durs et guerriers"...

    Ne rien faire, cela créerait un précédent et donc un encouragement, un "nouvel ordre des choses qui pourrait devenir hélas banal et normal dans un conflit armé : Voilà bien un argument qui "ne tient pas la route" puisque le précédent existe bel et bien, et même "est passé sous silence" pour une question d'intérêt stratégique, politique et économique...

    Bachar Al Hassad "n'aurait donc pas la primeur" en matière d'utilisation d'armes chimiques, et, partant de là, ne peut en aucun cas, se sentir plus conforté, plus impuni, plus sûr de son  fait, qu'un autre dictateur de la même espèce...

    En quoi donc Bachar Al Hassad serait-il davantage un salaud, un criminel de la pire espèce, qu'un Saddam Hussein ou qu'un Kadhafi ? Pourquoi la France de François Mitterand en 1988 a-t-elle accepté de "traiter" avec Saddam Hussein, pourquoi la France de Nicolas Sarkozy en 2008 a-t-elle reçu "en grande pompe" dans les jardins de l'Elysée, le colonel Kadhafi? Et pourquoi la France de François Hollande en 2013, s'indignerait-elle, alors, de l'utilisation d'armes chimiques par les armées de Bachar Al Hassad... Puisque la même France en 1988 a fermé les yeux sur le gazage de 5000 kurdes ordonné par un général de Saddam Hussein?  

    S'il peut exister (et je pense qu'il en existe une) une autre option que l'option militaire -et donc guerrière- cette option là serait sans doute plus efficace que des frappes ciblées, bien que, comme toujours, ce soient les populations civiles qui souffrent le plus...

    Il me paraît évident que, dans "un ordre des choses" qui pourrait s'établir à la place d'un "ordre des choses" du genre conflit et guerre mondiale, il y a pas mal de plumes à laisser pour les uns comme pour les autres, et encore plus de plumes à laisser (comme toujours hélas) pour ceux qui subissent c'est à dire les peuples, les gens comme vous et moi)...

    Mais... Entre "y laisser des plumes quitte à se retrouver à poil"  ; et "y laisser la peau" il y a tout de même une petite différence...

    J'ignore et je n'ai pas idée comment pourrait s'établir cet "ordre des choses" différent, qui remplacerait "l'ordre des choses" selon une opération de frappes ciblées en Syrie... Je sais seulement que cet "ordre des choses" différent, aurait bien évidemment des conséquences lui aussi, et ne serait pas un ordre facile loin de là...

    Mais c'est un "ordre des choses" qui ne peut qu'être envisagé, étudié, puis finalement décidé et choisi, que par l'ensemble des parties concernées, toutes les parties concernées... Et non pas "seulement" par quelques unes de ces parties, en l'occurrence les Etats Unis d'Amérique et la France, et les alliés de ces derniers...

  • Le 4 septembre...

         C'est le 4 septembre 1870 que tomba le Second Empire (qui durait depuis le 2 décembre 1851), avec l'enfermement à Sedan de l'armée de Napoléon III... Et que débuta la III ème République...

    Comme assez souvent, depuis pas mal d'années d'après ce que j'ai pu observer (observations et notes météo), fin Août début septembre est ensoleillé, parfois très chaud même... Et "cela ne date pas d'hier" puisque par exemple, fin Août et début septembre en 1870 fut une période "caniculaire" en particulier dans le nord de la France, du côté des Ardennes, Sedan, Metz... Là où se trouvaient concentrées les armées de Napoléon III, entourées de toutes parts par les troupes Prussiennes...

    Si la guerre de 14/18 fut une hécatombe, celle de 1870 en fut une aussi... 140 000 morts côté Français (pertes en vies humaines militaires et civils) dont une très grande partie de tous ces morts durant les batailles autour de Metz et de Sedan fin Août début septembre 1870.

    A tel point que des milliers de cadavres jonchaient les champs, les coteaux, et flottaient en grappes dans les rivières... La capacité de destruction par l'artillerie de l'époque était assez impressionnante : de nombreux bourgs furent totalement rasés dans la région de Metz Sedan...

    Il faut, question documentation sur la guerre de 1870, lire "la débâcle", d'Emile Zola : un véritable récit journalistique (mais aussi un roman)...

    L'alliance germano prussienne avait mobilisé 500 000 hommes au début du conflit et la France 265 000 pour l'armée du Rhin en fin juillet et août, mais le nombre de soldats une fois achevée la mobilisation atteignit côté Français 800 à 900 000 hommes, et côté Germano Prussien 1 200 000 hommes. Le nombre de tués s'explique aussi par les pertes civiles dues aux bombardements, à la destruction quasi totale de nombreux bourgs lors des batailles autour de Sedan et de Metz..

    ... C'est aussi le 4 septembre, en 1792, qu'eurent lieu à Paris et dans d'autres villes de France, le massacre dans les prisons, de "suspects" qui avaient été préalablement enfermés en attente de jugement... Ces gens arrêtés et emprisonnés étaient soupçonnés de "haute trahison", "intelligence avec l'ennemi", mais pas seulement puisque parmi eux se trouvaient aussi des "indésirables", c'est à dire des personnes qui étaient accusées de comploter contre l'état révolutionnaire, ou qui étaient inquiétées pour leurs opinions royalistes ou jugées trop modérées ou contraires à la pensée dominante...

    En réalité, ces massacres ont eu lieu durant plusieurs jours, du 2 au 6 septembre.

    Les gens du peuple, excités et conditionnés, dans un climat alors, d'extrême violence, conduits par des meneurs, se ruèrent à l'assaut des prisons, enfoncèrent les portes, et tuèrent, égorgèrent, massacrèrent les prisonniers en grand nombre... Ce fut une épouvantable boucherie...

    Danton, alors ministre de la Justice, venait de rédiger le 25 Août 1792 un texte de proclamation qui se terminait par ces mots " Sans les traîtres, le combat serait bientôt fini"...

    Puis début septembre il fait publier, placarder sur les murs de Paris et d'autres villes en France, une affiche "compte rendu du peuple souverain", écrite par Fabre d'Eglantine, secrétaire général de Danton, et cette affiche appelait au massacre...

    Le 4 septembre n 'est donc pas, loin s'en faut "une date qui honore notre pays, la France" puisque qu'en 1792 furent perpétrés ces massacres de citoyens de notre pays, avec l'aval du Gouvernement ; et qu'en 1870 il y eut cette défaite honteuse et si coûteuse en hommes, de la France de Napoléon III devant les armées de l'alliance germano prussienne...

    Mais Danton fut par la suite, guillotiné, tout comme Robespierre et les chefs de la Terreur...

  • La nuit du 4 Août 1789...

    ... Ou l'abolition des privilèges...

    Vous êtes-vous demandé ce que c'était vraiment, que l'abolition des privilèges, votée durant la nuit du 4 Août 1789 ? Par qui, en fait, en définitive, fut voté l'abolition des privilèges ?

    Tous les livres et manuels d'Histoire, les manuels scolaires en particulier, présentent cet évènement comme "quelque chose de très heureux, qui fait référence et qui est "très noble, très beau, absolument formidable et qui fait date, et qui est mis en avant tel un étendard de la sainte Justice"...

    Je ne pense pas, pour ma part, que les nobles, que les aristocrates de l'époque, qui, rappelons le, en partie et en partie seulement, ont voté l'abolition... Etaient "des enfants de choeur"... Ils étaient, ces "privilégiés là", les plus riches, les plus possédants en terres, en domaines, en avantages de toutes sortes, et c'étaient eux qui détenaient les plus grandes fortunes... Mais ils savaient tous pertinemment, que s'ils votaient cette loi, ils en tireraient des avantages, des profits encore plus substantiels que du temps de ces "fameux privilèges" datant du Moyen Age, du temps des rois, de l'Ancien Régime... Les temps avaient changé, déjà depuis le début du 18 ème siècle avec ce qu'on pourrait appeler à l'époque, "l'émergence d'une économie de marché", une économie des "grandes affaires" d'autant plus florissante que les grands vaisseaux, les voiliers au long cours sillonnaient les océans, accostaient dans tous les grands ports du monde, envoyaient leur soldatesque, leurs conquérants, leurs explorateurs vers des territoires, des continents jusque là inconnus ou presque... Les richesses, les marchandises, et même des produits de consommation "de masse", circulaient d'un continent à l'autre, de port en port, des industries naissaient, des fortunes se bâtissaient sur l'esclavage, sur le commerce de matières premières...

    Les nobles qui n'ont pas voté l'abolition, en revanche, étaient pour la plupart d'entre eux, de petits hobereaux de province, ne possédant guère de très grands domaines, n'étant point dans les "grosses et nouvelles affaires", n'ayant pas de grandes fortunes, et vivant de revenus limités et aléatoires. Certains même étaient déjà totalement ou en partie ruinés, sans doute du fait qu'ils n'avaient pas adhéré au "Système" de l'époque, et qu'ils demeuraient attachés à des "valeurs"... Ou qu'ils avaient "mal, très mal géré leurs affaires" pour quelques uns d'entre eux (ceux là n'étaient pas très attachés à des "valeurs")...

    C'était donc, l' abolition des privilèges, à l'époque, "dans l'air du temps", c'est à dire que cela correspondait dans une certaine mesure à "l'idéal révolutionnaire" (idéal révolutionnaire entre guillemets en fait, qui était plutôt un changement "de décor", de société, de système, bien plus qu'un "vrai/vrai" idéal)...

    La façon dont on nous présente "cette affaire là" dans les manuels d'Histoire, c'est "une supercherie ayant pignon sur rue"...

  • Le monde selon Garp, de John Irving

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                                                                   Edité par Le Seuil, 1 ère édition en 1981

    Résumé du livre :

    Roman culte des années 80, Le monde selon Garp raconte le destin hors du commun, malgré de faux airs de banalité, d'un des personnages les plus attachants de la littérature contemporaine.

    Le livre s'ouvre sur la conception de Garp, résultat d'une brève étreinte entre une féministe déjantée et un aviateur cloué sur son lit de mort. Dès cet instant, il devient impossible de relever les yeux du récit et d'abandonner les péripéties du héros, de ses bêtises enfantines à ses premiers émois amoureux et de son mariage à sa paternité.

    John Irving excelle dans l'art de transformer les évènements de la vie quotidienne en aventures magiques et loufoques. A travers ses romans, il nous plonge dans un monde onirique peuplé de personnages baroques, originaux et hauts en couleurs. Il nous submerge d'émotions, nous faisant osciller entre l'hilarité et les pleurs.

    Rares sont les écrivains qui peuvent se vanter d'arracher des larmes à leurs lecteurs. John Irving est de cette trempe.

    Des éléments autobiographiques ponctuent ce récit, comme de nombreux autres romans de cet auteur prolifique. Ainsi Garp, à l'image de son créateur, est professeur d'Anglais, pratique la lutte Gréco Romaine et vit en Nouvelle Angleterre.

    Mon avis :

    Un "livre culte", à mon sens, ce "monde selon Garp"...

    Déjà, ce Garp (ST Garp pour être plus précis) il faut voir comment il est né, à l'hôpital Mercy de Boston, en 1943!

    Et la mère de ce Garp, une sacrée femme, Jenny Fields, dans son uniforme blanc d'infirmière (qu'elle ne quitte pratiquement jamais)...

    Quelques épisodes sont particulièrement "sublimes", par exemple celui où Helen, la jolie épouse de Garp "en pince quelque peu pour un certain Michael Milton" (l'un des élèves d'Helen en classe de littérature, qui à vrai dire, "en pince lui-même encore davantage pour son professeur de littérature)...

    Soit dit en passant, notre Garp avait auparavant, et cela dans les cinq premières années de son mariage, eu des vues (et même plus) sur la baby sitter qui gardait son fils aîné Duncan alors tout petit bambin...

    Absolument émouvante la relation de ce couple Helen et Garp!

    Nombreux sont les passages drôles dans ce livre, étranges parfois, et complexes... Et très bien analysées, des situations, des anecdotes, sont "tordantes" de rire (mais d'un certain sérieux cependant)...

    Quant au style, à l'écriture, je trouve "sublime"! Très nuancé, et cocace!

    Chapeau pour la traduction de l'Américain en Français par Maurice Rambaud! (Parce que cela n'a pas dû être évident de bien rendre à ce point là, en Français, la langue de John Irving qui doit encore être plus savoureuse en Américain de notre époque, depuis la 2éme guerre mondiale)...

    Un "vrai monument littéraire" ce livre!

    La fin est tout de même "assez dramatique", et d'ailleurs j'ai vu dans l'action entreprise par cette association de femmes ayant subi des outrages et ayant été violées (association fondée par Jenny Fields assistée de Roberta)... Un combat, certes noble et juste et méritant d'être mené, mais dans lequel entrait tout de même du fanatisme... En effet, par solidarité avec une jeune fille ne sachant ni lire ni écrire qui avait eu la langue coupée après un viol afin qu'elle ne puisse pas dénoncer ses agresseurs, d'autres femmes s'étaient elles aussi mutilées volontairement en se coupant la langue, et l'une d' elles en particulier, Pooh, était particulièrement virulente, extrémiste...

    Et c'est bien là, l'un des sens de ce livre : l'on peut mener un combat juste, pour une cause sensible, avec passion et avec conviction... Mais sans pour autant aller jusqu' à un fanatisme ou à un extrémisme destructeur...

    ... Le 4 septembre 2013 à 20h 50 sur ARTE "Le monde selon Garp", d'après le livre de John Irving ("une oeuvre majeure" à mon sens), film réalisé en 1982 par George Roy Hill.

    Acteurs et actrices : Robin Williams (qui joue aussi dans "Will Hunting", une "oeuvre majeure" aussi) ; Mary Beth Hurt, Glenn Close, John Lightgow...

    J'avais lu deux fois le livre, à plusieurs années d'intervalle...

    Le film m'a semblé "assez fidèle" au livre, sauf qu'un épisode du livre n'apparaît pas dans le film : celui ou T.S Garp séjourne quelque temps avec sa mère Jenny Fields en Autriche, à Vienne...

    J'ai trouvé que les acteurs avaient été bien choisis, et, me souvenant bien des personnages du livre... C'est drôle, il m'a semblé que les visages des acteurs correspondaient bien aux visages des personnages du roman tels qu'à l'époque je me les imaginais en esprit...

  • Au lac des ragondins


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         C'est "la paix des éléphants" au lac des ragondins... Sauf qu'au lac des ragondins, en bas de Mugron en Haute Chalosse, il n'y a pas d'éléphants et... Il n'y a plus de ragondins.

    Depuis plusieurs années déjà, ces animaux ont cessé de peupler les rives de ce lac, où ils pullulaient et venaient te grimper au pantalon, tout myopes qu'ils étaient mais si friands des quignons de pain que le dimanche, se promenant, on leur jetait...

    "On les a sans doute négociés", les ragondins, qui nageaient tels de gros rats museau hors de l'eau, au bord du lac. En effet, les cultivateurs et les autorités locales ne devaient guère apprécier qu'ils prolifèrent indéfiniment, ces animaux qui, peu à peu disparurent du paysage...

    C'est "la guerre des éléphants" au Lac François... Sauf qu'au lac François, sur le plateau des nations bardées de véhicules blindés et de grands oiseaux d'acier aux flancs bourrés de courges prêtes à éclater, les éléphants ont la peur au ventre de ce qui en pourrait cuire à leurs belles défenses d'ivoire...

    Ils étaient venus d'Amérique du Sud, des pampas d'Argentine, du nord de la Patagonie, les ragondins, par les grands voiliers du 18 ème siècle, par les steamers du 19 ème ; et, débarqués avec les ballots de marchandises sur les quais des ports de Bayonne, de Bordeaux et de Nantes, tels de gros rats voyageurs clandestins, ils "colonisèrent" les berges des rivières et ruisseaux d'Aquitaine, où ils s'acclimatèrent... Nous sommes en effet en Aquitaine comme dans le nord de la Patagonie, en latitude médiane...

    Dans les "spécialités gastronomiques" en Aquitaine et Poitou Charentes, l'on trouve sur les rayons notamment, des boutiques d'autoroute, de grands bocaux de daube de ragondin...

    Je n'ai jamais acheté de bocal de daube de ragondin...

  • Le Gypaète barbu

       

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         Une merveille, une pure merveille de la Nature... Et l'une de ces innombrables et étonnantes espèces vivantes dans le monde animal...

    Le Gypaète barbu est un vautour d'une espèce rare et très sensible aux dérangements causés par l'être humain...

    Il est en effet le dernier maillon de la chaîne des rapaces, ne se nourrissant exclusivement que de d'os, de pattes, de tendons et de ligaments, matières délaissés par les autres vautours qui eux, se nourrissent de chairs mortes...

    Le gosier du Gypaète est d'une remarquable élasticité, et de puissants sucs digestifs lui permettent d'utiliser les protéïnes, les graisses et les minéraux contenus dans ces restes délaissés par les autres rapaces.

    Aussi cet animal est-il d'une patience extrême, lorsqu'il attend très longtemps avant de s'approcher des carcasses complètement curées. Il est le seul, l'unique, à pouvoir se nourrir de ce qui reste après le passage de tous les autres rapaces.

    Et, plus étonnant encore, il réduit les os trop longs ou trop gros en miettes, après les avoir jetés en vol sur des rochers où ils se fracassent...

    L'on ne peut être que confondu d'admiration... et en même temps d'humilité... en face de l'une ou l'autre de ces innombrables particularités -et merveilles, et sujets d'étonnement- de la nature, de la vie des animaux et des plantes... Nous sommes bien là, oui, en face d'une intelligence qui nous échappe, dont nous ne pouvons qu'observer les manifestations...

    En dépit de toutes nos connaissances scientifiques actuelles, ce que nous ignorons -ou ce dont nous nous "foutons royalement" parce que nous n'en soupçonnons pas l'existence ou parce que cela nous semble sans intérêt dans notre vie quotidienne de consommation loisiresque téléïvore et shoppinguesque- est immense, pour ne pas dire incommensurable...

    ... Ce "genre de choses" qui concerne le monde animal, végétal, ce qui est du domaine donc, "des sciences de la vie et de la Terre -et de l'univers-"... M'intéresse bien plus que les "actualités people" ou par exemple, "les dernières nouveautés sur Facebook et sur Twitter"...

  • Le vrai pouvoir se transmet et se partage...

    ... Et ce pouvoir là n'a rien à voir avec celui qui consiste à dominer, à imposer, à être le plus fort, le plus riche, le plus influent, et qui en règle générale ne se partage pas mais est l'affaire d'un seul ou d'un petit nombre...

         Les êtres forts dans leur esprit et dans leur coeur, et dans la relation qu'ils ont avec leurs proches, leurs connaissances, les gens qu'ils rencontrent ; ne dominent pas comme les forts qui soumettent à leur volonté et à leur pouvoir les autres gens tout autour d'eux, et en particulier les faibles, les fragiles, qu'ils écrasent, piétinent, méprisent...

    Ces êtres là, forts dans leur esprit et dans leur coeur, sont des êtres qui recherchent ce qu'il y a de remarquable, de meilleur, d'unique, en une personne en particulier, et qui font ce qu'il faut afin que ce remarquable, que ce meilleur, que cet unique en cette personne, puisse s'exprimer, se développer, exister...

    Ainsi les êtres forts "existent" les autres êtres qui leur sont proches ou qu'ils connaissent autour d'eux...

    Ainsi les êtres forts ont-ils ce pouvoir de communication qui s'apparente à une forme "d'éducation et de transmission" mais à vrai dire c'est autre chose encore que de l'éducation car il y entre de l'exemplarité,, du témoignage, et comme une onde qui pourrait même avoir le pouvoir de guérir, de guérir de ce qui "plombe" les êtres à l'intérieur d'eux-mêmes...

    Le pouvoir, le vrai pouvoir, dans sa toute puissance, c'est celui qui se transmet et se partage... Ce n'est jamais celui qui se garde pour soi, pour dominer, pour imposer, pour être plus riche, plus beau, plus fort, plus "tout ce qu'on voudra" ; et qui à la longue, après avoir soumi et nivelé les gens et les peuples, ne peut que rencontrer de la résistance, ne peut susciter que de la révolte, ne peut qu'être abattu...

    ... Ce que je déplore, c'est que l'on n'en parle pas assez, de tous ces gens autour de nous, partout, qui "œuvrent" et mènent des actions qui "portent" et réconfortent, ainsi que de tout ce qui se réalise ici ou ailleurs, de beau, de bien, de grand...

    Les médias, et nous tous ou presque, dans le cours de la vie au quotidien, ne mettons l'accent que sur "ce qui ne va pas", sur ce que l'on déplore, sur tout ce que l' on ne peut guère supporter, et en "gueulant comme des veaux"!

    Assez de catastrophisme ambiant, assez de cette rage que l'on met à "voir les choses en noir!"

    Comme si l' on ne pouvait pas être d'un optimisme lucide, d'un optimisme sans angélisme mais réaliste !

  • Les âmes fortes

    Seules les âmes fortes s'en sortent...

    Les âmes belles et grandes et qui ont de la trempe...

    Dans ce monde tel qu'il est quoique l'on puisse déplorer et quoique l'on ait à souffrir et même si rien ne vient de ce que l'on espère...

    Ces âmes là, cependant, souffrent...

    Peut-être davantage que les âmes ordinaires...

    Et tout à fait différemment

    Mais elles souffrent...

    Tout comme souffre la fourmi venant de perdre l'une de ses pattes

    La fourmi ne souffre pas comme l'humain ou comme le chien

    Mais elle souffre.

    Les âmes fortes s'en sortent parce qu'elles portent en elles

    Ce qui les rend libres

    Libres et indépendantes de ce qui leur vient autant de l'intérieur d'elles-mêmes que de ce qui leur vient de l'extérieur...

    Les âmes fortes portent en elles une espérance lucide même s'il y a lieu de désespérer

    Et tout comme la fourmi venant de perdre l'une de ses pattes et souffrant différemment de l'humain ou du chien

    Les âmes fortes s'en vont de l'avant plutôt que de se retourner ou de demeurer sur place

    Les âmes fortes sont celles qui paient le prix fort

    Le prix qu'il faut pour être déjà dans le ciel avant la fin de cette si drôle d'expérience qu'est la vie...

    Le prix qu'il faut pour être voyant au delà de ce qui se voit

  • La montagne de l'âme, de Gao Xingjian

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                                                             Editions de L'Aube, Prix Nobel de Littérature en 2000

    L'auteur :

    Romancier, dramaturge, metteur en scène, critique littéraire et peintre, Gao Xinjian, né en 1940, est réfugié politique à Paris depuis 1988. Son oeuvre foisonnante en fait l'un des plus grands créateurs de notre temps.

    Résumé :

    Dans les années 80, un homme s'embarque dans un long voyage pour fuir les troubles de Pékin communiste. Il suit la piste d'une mystérieuse montagne et traverse une Chine méconnue, infiniment riche, qu'il n'imaginait pas...

    À la recherche de lui-même, son voyage est aussi spirituel et philosophique...

    Mon avis :

    "La montagne de l'âme" est sans doute à mon sens, l'un des plus grands chefs d'oeuvre de la littérature contemporaine...

    À lui seul, de toute l'oeuvre de son auteur, ce livre a justifié l'attribution du Prix Nobel de Littérature en l'an 2000. (En fait "La montagne de l'âme" est son livre le plus connu, mais Gao Xinjian est également l'auteur de nouvelles, de poèmes, et d'un opéra "La neige en Août")...

    Un livre surprenant, où l'on se laisse aller, ou plutôt conduire à travers paysages, lieux, légendes, personnages ; où l'imaginaire et le réel semblent ne plus avoir de frontières précises...

    Il n'y a pas vraiment de trame ni d'intrigue ni de suite organisée, mais du vécu, de l'exprimé, de la confidence, de la douceur, de la liberté, du pensé... et des personnages émouvants. Et ce tutoiement comme si l'auteur s'adressait lui-même à son lecteur par l'intermédiaire du personnage du livre...

    Ce qui m' a interpellé dans cette oeuvre, dirais-je, presque "sculpturale", c'est ce dédale de galeries en pleine nature où l'on est emporté comme sur des voies d'eau aux rives féériques, comme dans une sorte d' "asiatique marais poitevin"...

    Un livre qui se lit et se relit...

    Où l'on est loin du "sens commun", où nous est suggéré l'existence d'un "passage" non pas vers un monde meilleur ou un "différent" hypothétique, mais vers ce monde qui est sans doute en nous, que nous devons apprendre à connaître et qui a toujours existé ; et qu'aucun pouvoir en place et en force ne peut rayer de la carte...

    Quelques passages :

    Page 371 :

    Elle dit qu'elle te donnera la liberté à la condition que tu l'aimes, que tu ne la quittes pas, que tu restes avec elle, que tu continues à la satisfaire, que tu veuilles encore d'elle, elle s'entortille autour de ton corps, elle t'embrasse frénétiquement, elle couvre ton corps et ton visage de salive, elle ne forme plus qu'une boule avec toi, elle a gagné, tu ne peux plus résister, tu retombes dans le désir charnel, tu ne peux t'y soustraire.

    Page 590 :

    Et c'est ainsi que Zheng Banqiao a été gâché par ses contemporains. Ce qui était un détachement chez lui est devenu un simple ornement pour ratés. On a tant abusé de ses traits de bambou qu'ils sont tombés dans la pure convention, une simple manière de régler ses relations sociales chez certains lettrés.

    Ce que je supporte le plus mal, c'est la prétendue "stupidité rare". On serait stupide simplement en pensant l'être, en quoi est-ce difficile ? C'est en fait une manière de paraître intelligent en simulant la bêtise.

  • En funambule sur les fils de la Toile

    ... Aux temps des bouffons du Roi, en particulier sous le règne de Louis Le Grand, les maîtres dans le genre de la caricature verbale, humoristes et conteurs présents à la Cour, et se produisant aussi sur les places publiques... Parvenaient à "faire passer bien des choses" qui eussent été censurées si les mêmes personnages "bien en Cour" ou héros du jour de la scène publique, les avaient exprimées, ces choses là, comme on les exprime habituellement dans un estaminet (et de nos jours sur le Net) sans quelque effet heureux d'image ou de langage...

    Des personnages fictifs, des histoires inventées ; des récits tour à tour graves et humoristiques et ne mettant en scène, ne nommant aucun personnage réel connu... C'est ainsi que se gagne la liberté d'expression, le pouvoir, l'immense pouvoir de tout dire ; et d'impacter, de durer, en funambule, en accrobate sur les fils de la Toile... Sans qu'aucun vent ne puisse arracher ce qui demeure suspendu au vu et au su de tout le monde... Sans qu'aucune forme de procès ne puisse être intentée faute de preuve irréfutable, de personne nommément citée...

  • La dictature du Marché

          Dans certains pays où la liberté d'expression n'existe pas, ou se trouve "fortement encadrée", de nombreux artistes, écrivains, poètes, arrivent cependant à se faire connaître, en Europe, en France en particulier, sinon dans le monde entier... Ils ont tous ou presque en général, des parcours de vie assez atypiques, chaotiques, et ont dû la plupart du temps, quitter leur pays...

    Toutes les dictatures et cela quel que soit le régime politique, sont des prisons pour les poètes, les artistes et les écrivains, à moins qu'ils ne se fassent les complices, les pourvoyeurs de la "culture officielle" d'état ou de régime... Mais dans ce cas ce ne sont plus des poètes, des artistes ou des écrivains, mais les alliés du pouvoir en place qui leur a donné le statut de poète, d'artiste ou d'écrivain...

    ... Insidieusement (et c'est peut-être encore plus exécrable, plus castrateur, plus "diluant" ; il existe une autre forme de dictature qui celle là, sévit en particulier -et que tout un chacun subit sans sourciller- dans les pays soit-disant "de liberté" ; c'est la dictature du marché, de l'argent, du paraître, de la consommation de masse, du "nivellement par le bas", tout cela dans une forme plus ou moins diversifiée de "pensée unique" et de modes... Et là aussi, les artistes, les poètes, les écrivains "en résistance", en général non reconnus ou peu médiatisés y sont des exilés, voire des "foulés aux pieds"... à moins qu'ils ne participent, afin "d'entrer dans la danse", au tournage de la mayonnaise du monde, de cette mayonnaise qui pue le cornichon éventé, la crevette au relent de sexe sale... (mais alors ce ne sont plus des écrivains ni des artistes ni des poètes mais de petits ou gros coqs de basse-cour à crête fiérote)...

    Mais de temps à autre, le Marché, comme la Croisière, s'amuse et porte sur quelque plateau de télévision, sur la scène publique, quelques uns de ces artistes, poètes, humoristes, écrivains en "résistance"... Ce qui "bonifie" la mayonnaise, la mettant ainsi au goût du "consommateur manifestant à ses heures".

    ... Et c'est ainsi que le Marché, insidieusement, "assoit sa dictature", la consolide et la pérennise... Et le "citoyen lambda n'y voit que du feu" tant il est abusé...

  • Toutes les sauces y étaient...

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         Nous, la Société des Cons, sommes en Sion, la Nouvelle Jérusalem de la Civilisation Occidentalisée-Planétarisée-jusqu'en terres d'Islam et de Totems, des Galeries Marchandes et des panneaux quatre mètres sur quatre de publicités...

    Et toutes les sauces y étaient représentées déjà du temps d'avant les pubs dans les mails, par la grâce de Sidi El factor dans les boîtes aux lettres... Et ça continue de plus belle, dans les mails et dans les boîtes aux lettres...

    ... Et ça fait la littérature au quotidien, avant le shopping d'après midi même s'il fait beau,  à mirer les promos dans les catalogues réels ou virtuels... Et ça fait des veillées quand y'a pas à la Télé l'une ou l'autre Sainte Série préférée...