Articles de yugcib

  • Dociles et rebelles

         Il y a en gros -si l'on se résout à cette simplification entre deux types généraux de caractère ou de personalité- les rebelles et les dociles...

    Les "dociles" ne sont jamais forcément tous, des obéïssants, des silencieux, des indifférents, des "laissant faire", et il arrive même que l'on les confonde ou que l'on les assimile à des rebelles parce qu'ils agissent, répondent, interviennent... Mais ils ne sont jamais des rebelles...

    Les "rebelles" ne sont jamais forcément, des trouble-fête, des contestataires violents et déterminés et systématiques, des "qui ne laissent pas faire", des résistants engagés et agissant, et il arrive même que l'on les confonde ou que l'on les assimile à des "dociles" (mais des dociles cependant, avec le poil hérissé)... Mais ils ne sont jamais des dociles...

    C'est "dans son intériorité", dans son intériorité propre et unique, que l'on est un "docile" ou un "rebelle"...

    C'est dans son intériorité que l'on "se coule dans le moule", que, par exemple on se laisse porter dans le courant de la société de consommation de masse en matière d'alimentation, d'habillement, de loisir, de culture, de mode de vie... un peu de la même manière que l'on accepterait "parce qu'il le faut bien" une piqûre dans les fesses (surtout si l'infirmière est douce et gentille et jolie de surcroît)...

    C'est dans son intériorité que l'on "ne se coule pas dans le moule", que par exemple on refuse chaque fois que l'on le peut, de se laisser couler dans le courant de la société de consommation de masse ; que l'on ne baisse pas le pantalon pour la piqûre dans les fesses...

    Si le rebelle ne peut agir directement faute en général de moyens appropriés, il lui reste son intériorité qui elle, est inaltérable, et lui "colle à la peau" comme sa signature au bas d'une lettre, comme son écriture quand il écrit avec un crayon...

    Certes, l'extérieur -autrement dit l'environnement- agit sur l'intériorité... Mais pas au point de faire de l'intériorité une mer à jamais gelée...



  • La frontière

         Dans la relation par la parole ou par l'écrit, il y a ce que l'on dit ou ce que l'on écrit à l'Autre, aux Autres, comme en traversant un "territoire de tous ces visages" autour de soi, jusqu'à ce qu'apparaisse une sorte de "frontière" au delà de laquelle il semble difficile -ou tout au moins "hasardeux"- de s'aventurer... par la parole, par l'écrit...

    Tant que cette "frontière" n'est point atteinte, le "territoire de tous ces visages" peut être autant celui où l'on dit, où l'on écrit à l'Autre, aux Autres, à peu près tout ce que l'on sent pouvoir dire ou écrire ; que celui où l'on ne dit ou écrit à l'Autre, aux Autres, qu'une partie, une partie seulement de ce que l'on dirait ou écrivait s'il n'y avait point de "frontière"...

    Mais il y a cette "frontière"...

    Alors, au delà de cette "frontière", c'est l'écrivain-ou le poète- qui peut, seul, s'exprimer, afin de "faire passer" ce qui ne peut être dit ou écrit, ce qui est difficile à dire ou à écrire "de but en blanc"... Et non pas, non plus, cet "être ordinaire" qu'en vérité l'on est chacun, écrivain ou pas, poète ou pas...et qui lui, se risquerait, sans se rendre compte d'ailleurs du risque qu'il prend, ou de l'inopportunité qu'il y a, à dire, à écrire en tant qu'être ordinaire... D'où la faculté qui celle de l'écrivain ou du poète à parvenir à "faire passer"...

    Pourtant, bien avant la "frontière", il y a ces visages comme s'il n'y aurait jamais de "frontière", autant dire toute la confiance que nous inspire ces visages ; toute la gentillesse, toute l'affection contenues dans ces visages, toute la considération que ces visages ont, de ce que l'on dit ou de ce que l'on écrit... Et qui fait que l'on se sent-ou se croit- autorisé...

    Et, bien avant la "frontière", outre l'être ordinaire que l'on est, l'on peut déjà, aussi, être l'écrivain ou le poète dans une parole qui se fait écriture, dans une écriture qui se fait parole... En général, "ça marche" avec la plupart des visages... Ce qui "ne marche pas" en revanche, c'est, de l'autre côté de la frontière, quand la parole n'est que parole, ou quand l'écriture n'est qu'écriture, et que c'est l'être ordinaire seul qui dit ou écrit quand même... sans se sentir autorisé...

    Mais c'est loin d'être "simple"...

    Car la "frontière" est multiple en ce sens qu'il y a toujours, une "frontière après la frontière"... Que même l'écrivain ou le poète a du mal à passer... parce qu'il lui faut comme une sorte d'autorisation, une autorisation qu'il ne peut se donner lui-même, ou alors s'il se la donne lui-même il entre par effraction... Et l'effraction c'est ce qui fait du mal à la relation...

    La frontière est multiple et elle est aussi, assez souvent, imaginaire... De telle sorte que tu crois, toi, "faire passer" ... mais que cela "casse"... De telle sorte que tu crois, au contraire, que "cela ne passera pas"... mais alors c'est une porte qui ne s'ouvre pas, c'est une attente qui demeurera une attente...

    Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est l'être en révolte, c'est l'auteur du "coup de hache sur la mer gelée" qui, le plus naturellement du monde dans sa logique même d'être en révolte, d'auteur du "coup de hache", se passe de toute autorisation ; a le plus besoin de se se sentir autorisé à passer la frontière... Mais il ne peut avoir en lui la conscience aiguë du besoin qu'il a de se sentir autorisé... 

  • Ah quel cul quel bol ! ...

         Bon nombre de jours vécus ne peuvent être qualifiés de "jours heureux" dans la mesure où ces jours, sans être des jours "malheureux", sont des jours ordinaires durant lesquels il ne se passe rien... Des jours où tu te lèves le matin, tu prends ton petit déjeuner tranquillement sans "coup de fil fâcheux" au moment où tu beurres ta tartine, ni aucune inopportunité désagréable survenant, où tu vas faire ton footing ou ton tour en vélo du matin, ou te rendre un moment dans ton jardin ou t'asseoir sur un banc, dehors, pour lire un livre... Tu n'attends personne en particulier, tu n'as à aller ni là ni ailleurs, et ce ne sont pas non plus les "bintzeries" (petites contraintes domestiques diverses et répétitives) qui se "bousculent au portillon"...

    Néanmoins... néanmoins... Et c'est là où je vais en venir... Parce que tu n'as pas ce mercredi 11 juin 2014 un TGV à prendre à Bordeaux pour Roissy Charles De Gaulle Aéroport où tu as un avion à prendre à 21h 10 pour Dzaoudzi ou St Denis La Réunion... Ni un autre TGV ou TER pour aller à Lille ou à Marseille, ce mercredi 11 juin 2014... Alors tu peux qualifier royalement et sans surdimensionnement manifeste, ce mercredi 11 juin 2014 de "jour heureux" au même titre qu'un jour "très voire hyper heureux"...

    En effet, si tu avais eu un TGV à prendre pour Roissy Charles De gaulle ce mercredi 11 juin 2014, ce TGV n'aurait point été au rendez vous habituel ce matin en gare de Bordeaux, ni sans doute un autre TGV un peu plus tard au plus tard six heures avant le décollage de l'avion pour Dzaoudzi de manière à ce que tu puisses arriver au Terminal numéro 3 au moins deux heures avant le décollage de l'avion... Et tu aurais sans doute donc raté l'avion, et oh rage oh galère oh situation kafkaïenne, demain c'est pareil et idem après demain la grève SNCF continue... Donc résultat "dans l'os" (pour ne pas dire "dans l'cul") ton billet d'avion une galère pas possible pour te faire rembourser ou remplacer par un autre billet pour un autre jour mais lequel... j'en ferais presque une crise cardiaque rien que d'y penser...

    Ah quel cul quel bol, de ne pas avoir un TGV à prendre Bordeaux St Jean aéroport Charles De Gaulle, ce mercredi 11 juin 2014 ! Et que ce jour mercredi 11 juin 2014 soit un jour "béni des Dieux" entre tous, même très ordinaire, où il ne se passe tout bonnement rien, si tu n'as pas de train à prendre!

    ... Cela dit, je pense à tous ces billets "ID-TGV" à bas prix, achetés sur internet 3 mois à l'avance par des centaines de gens, des billets qui ne sont en aucun cas remboursés... Et ces avions qui seront ratés... Ratés/ratés... à moins que, question "de vie ou de mort" pour prendre l'avion là à tout prix, tu prennes 800 km un taxi qui va te coûter dix fois plus cher que dix mille km en Airbus 340... (Et merde, pas d'bol, ce mercredi 11 juin 2014 les taxis font grève...)

    ... Réflexion/conclusion : au delà de "être pour/être contre" (la grève) au delà des revendications et des mécontentements des uns et des autres, au delà des intérêts privés ou particuliers ou collectifs, au delà de tout ce qu'on peut dire dans un sens ou dans un autre... Ce monde est invivable, ce monde est absurde, c'est une "usine à gaz" pire que dans "L'Amérique", "Le Procès" ou "Le château" romans de Frantz Kafka, sans doute le plus "prémonitoire" des écrivains d'avant 1930... La seule différence -peut-être- c'est que Frantz Kafka aide à comprendre comment le monde fonctionne (car il n'arrête pas de tirer le fil de la bobine en dépit des noeuds impossibles et complexes qui font que le fil se casse dès qu'on tire un peu trop fort) ; tandis qu'aujourd'hui, même en essayant de comprendre comment le monde fonctionne, même en tirant le fil de la bobine avec des noeuds encore plus sophistiqués... on est complètement dépassé !

    ... Au lieu de "Quel cul quel bol"... j'aurais pu titrer " Petite chronique d'un jour heureux" (rire)...

    Finalement, c'est encore le rire qui sauve, à défaut de comprendre comment le monde fonctionne, grâce à Frantz Kafka...

    ... Et ne dites pas que "Quel cul quel bol" ça serait du Céline !

    ... Ah, putain, où va-t-on ?



  • Céline l'homme en colère, de Frédéric Vitoux

         Frédéric Vitoux, de l'académie française, fut en 1968 l'un des premiers étudiants français à entreprendre une thèse consacrée à l'auteur du Voyage, parue en 1973 sous le titre Louis Ferdinand Céline, misère et parole (Gallimard)...

    En janvier 2009, Frédéric Vitoux publie Céline l'homme en colère...

    Voici ce qu'écrit Frédéric Vitoux dans son introduction à « Céline, l'homme en colère » :

    «  Un écrivain happé par l'université...

    Il a été disséqué, laminé, écartelé, embaumé – de thèse en conférence et de colloque en diplôme. Là aussi, le phénomène s'est révélé mondial. Des universitaires australiens lui ont consacré dans leurs revues des numéros spéciaux, des universitaires italiens se sont penchés sur ses hallucinations romanesques. Des études savantes ont été publiées par-ci, par-là, sur les structures stylistiques de sa langue, la répétition chez lui de quelques tournures syntaxiques, les fonctions de ses néologismes... D'autres universitaires s'épuisent encore à dresser des lexiques, des catalogues, des index, des tableaux analytiques de sa vie et de son œuvre. Bref, Céline est mis en fiches, son texte saisi par les ordinateurs et la proie des moteurs de recherche... »

    Il en est de même pour quelques autres écrivains ou poètes entre autres Arthur Rimbaud, Marcel Proust... Sur l'oeuvre desquels « planchent toujours » les universitaires, les critiques, les chercheurs...

    Mais il est à mon sens, comme  une vérité éternelle  ou plus exactement une réalité éternelle : « l'on est tout seul dans sa peau jusqu'à la fin de ses jours » et cela quoiqu'il soit dit, écrit, disséqué, commenté, interprété, de l'homme ou de la femme écrivain, poète, artiste... par les universitaires, les chercheurs, les biographes, et en règle générale tout un chacun... De même que « l'on est tout seul dans sa peau jusqu'à la fin de ses jours » en tant qu' être ordinaire de ce monde au beau milieu de ses proches, de ses connaissances, de tout un chacun aux alentours et cela quoique ces proches, que ces connaissances et tout un chacun puissent dire de ce que l'on est, de ce que l'on fait...

    Et Céline écrit dans une lettre à Milton Hindus du 22 juin 1947 :

    « Je m'intéresse peu aux hommes et à leur opinion, et même pas du tout... C'est leur trognon qui m'intéresse... pas ce qu'ils disent, mais ce qu'ils font... La chose en soi... presque toujours le contraire de ce qu'ils racontent, c'est là que je trouve ma musique dans les êtres... Mais malgré eux... »

    Cette lettre fait écho à une simple et exemplaire profession de foi du médecin des pauvres qu'a été Louis Ferdinand Céline (de son vrai nom Destouches) :

    « La fuite vers l'abstrait est la lâcheté même de l'artiste – Sa désertion. » (lettre à Elie Faure du 2 mars 1935)...

    Le « trognon » n'est-il donc pas la « peau » autrement dit la réalité intérieure, profonde, authentique, en dehors de tout regard porté par les autres, de l'être ?

    Et, fuir cette réalité intérieure, profonde, authentique de l'être, s' absoudre de cette réalité par les artifices de l'abstraction, c'est à dire par une représentation qui n'a plus rien à voir avec la réalité première ou qui est une contrefaçon, une contrefaçon même « habile » si l'en est, de cette réalité... C'est, cela s'assimile à de la désertion, de la lâcheté de la part de l'artiste... Car la réalité s'impose et exige que l'on se confronte à elle dans toute sa dimension, de sa surface jusqu'en sa profondeur ; et que l'on ne baisse pas les yeux vers le sol, là où s'étend ce qui n'est que le reflet ou la représentation « cultuo-culturelle de confort relatif », de cette réalité...

    Écrivain maudit, controversé, ordurier, consacré... (et tout ce que l'on peut en dire) Avec cependant son style ajouré, éclaté comme de la dentelle... ? L'oeuvre de Céline, à l'exception de Voyage au bout de la nuit et de Mort à crédit, reste encore aujourd'hui, largement ignorée du « grand public » mais aussi d'un certain nombre d'intellectuels de formation universitaire...

    Et que dire de tous ces écrivains qui, d'une manière ou d'une autre pour telle ou telle raison se réclament de Céline, tout comme d'ailleurs ils peuvent aussi se réclamer de tel ou tel auteur ?... Que dire, oui, de ces critiques littéraires s'exclamant à propos de tel écrivain « c'est du pur Céline »... Alors qu'en vérité, oui, « on est tout seul dans sa peau jusqu'à la fin de ses jours » ?

    Ce n'est -peut-être- que par le « trognon », ce « petit bout de trognon  pris en pleine poire »... Que tu parviens, à peine le temps d' une étincelle de lumière traversant le ciel de nuit, à ne plus être « tout seul dans ta peau »...



  • Bande d'arrêt d'urgence

         Le secrétaire d'état aux transports envisage de modifier la règle d'utilisation des bandes d'arrêt d'urgence, notamment sur les rocades à 4 voies aux abords des grandes villes, afin dit-il, de "désengorger" les flux de circulation en ouvrant cette voie réservée jusqu'à présent aux arrêts en cas d'urgence, à la circulation des taxis, des bus, du covoiturage...

    Absurde ! Inepte! Cette voie -qui d'ailleurs n'est pas une voie mais une sorte d'allée- n'est pas du tout adaptée pour la circulation, du fait de sa largeur inférieure à la largeur d'une voie normale de circulation...

    Que pourra faire, que devra forcément faire un conducteur dont le véhicule est en moins d' une minute immobilisé par une panne grave (je pense entre autre à un alternateur qui tout d'un coup cesse de fonctionner : plus d'électronique, tout s'arrête en 30 secondes, c'est à peine alors si tu as le temps de faire aller la voiture sur le bord! )

    Ta bagnole tombe en panne grave totale très brusquement, sans prévenir : tu arrives in-extrémis à te garer sur la bande d'arrêt d'urgence, manque de pot au même moment, y'a un bus qui déboule à 100 à l'heure ! BOUM! T'es mort, ainsi que les autres passagers dans ta bagnole! Idem, par exemple aussi, avec une courroie de transmission qui saute, un pneu qui éclate, un malaise cardiaque ou autre...

    D'autant plus que, sur rocade à 4 voies autour d'une grande ville, nuit et jour et notamment aux heures de grande circulation, les bus, les taxis, sont légion, ainsi que tous véhicules et que le risque de devoir être obligé de s'arrêter très vite est multiplié forcément du fait du nombre de véhicules, et que si on permet aux bus et aux taxis de rouler sur la bande d'arrêt d'urgence, on va aussi multiplier le risque de collision avec un véhicule en panne!

    Absurde! C'est de la non assistance de toute personne en danger devant s'arrêter d'urgence, de la part du secrétaire d'état aux transports, qui expose ainsi la personne en danger d'être percutée et tuée...

    Si cette disposition est votée, j'attends les premiers morts, les premiers drames dès le lendemain même du décret d'application...

    Vous voyez par vous-même, si vous êtes dans la circulation sur une rocade autour de Paris ou de Bordeaux, tous les matins pour vous rendre à votre travail : il y a toujours au moins un ou deux véhicule tombant brusquement en panne, devant rejoindre immédiatement la bande d'arrêt d'urgence.



  • Les followers et les créateurs

         Les followers ne franchissent pas les portes par lesquelles passent les créateurs, du moins quelques uns d'entre eux, de ces créateurs...

    Les followers tout au long de leur vie followent...

    Il n'y a nulle magie à passer sa vie à follower : c'est ce que pensent et ressentent au fond d'eux les créateurs, tous les créateurs même ceux d'entre eux qui sont les plus nombreux et ne peuvent jamais franchir les portes, les portes on va dire du succès et de la postérité...

    Il y a comme un abîme entre le monde des followers et le monde des créateurs... Un abîme en ce sens que le follower passant sa vie à follower, n'est en général pas un créateur et ne peut donc "se mettre dans la peau" -et dans l'âme- d'un créateur.

    En fait le follower followe ces personnages qui ont franchi la porte et sont à la Une des médias...

    Ces personnages qui, dans la société de consommation de masse en matière de divertissement, de loisir, de spectacle, de scène littéraire, artistique... Sont des personnages que l'on voit à la télé et qui ont un compte Twitter et dont les petites phrases sur Twitter sont followées par une flopée de followers... Ce qui ne garantit pas cependant le succès et la reconnaissance à long terme et une postérité "un peu plus longue" que deux ou trois saisons, deux ou trois annnées...

    Le follower ne followe jamais ce personnage qui vit tout près de lui, qui peut être son voisin, l'un de ses proches, l'une de ses connaissances et qui est en quelque sorte un créateur à sa manière mais sans flopée de followers, un personnage dont il ne comprend pas le besoin de "s'exister", le besoin de s'exprimer, le besoin de produire et de diffuser...

    Le créateur, quant à lui, followe peu, parce qu'il passe le plus clair de son temps à créer...

    Et l'on dit du créateur parce qu'il followe peu voire même pas du tout parfois, qu'il "vit dans son monde à lui"... Alors qu'il porte à sa manière le monde en lui, qu'il témoigne par ce qu'il produit, du monde qu'il observe...

    Le follower ne créant pas, ne portera jamais le moindre coup de hache sur la mer gelée...

    Si encore le follower "existait" le créateur, au lieu de seulement le follower !



  • La culture

          "La culture ne s'hérite pas, elle se conquiert"

                            [André Malraux]

    ... Et j'ajoute pour ma part que la culture, une fois acquise de haute lutte par le travail, la recherche personnelle, la connaissance, la mémoire, la réflexion, l'analyse... Et si possible par la création... Se conserve et s'entretient, s'affine, se développe, s'étend, se fait messagère, se partage...

    Et qu'elle est aussi un combat de haute lutte contre ce qui lui ressemble mais n'en est point, et qui la contrefait...

    La culture effectivement ne s'hérite pas comme l'on pourrait par exemple hériter d'une maison ou d'un bien, d'une fortune... Cependant, si elle ne s'hérite pas, il n'en demeure pas moins que, né de père et ou de mère "pétri de culture", ou ayant évolué, enfant, dans un milieu culturel, un milieu d'artistes, un milieu "intellectuel", un milieu où l'on vit autrement qu' avec des "fins de mois difficiles"... La culture vient alors "un peu moins de haute lutte" (en général)... Et sera-t-elle "meilleure", ou seulement "coulant de source" ... rien n'est certain... Car "un coup de hache sur une mer gelée" vient toujours de là où il faut combattre de haute lutte, c'est à dire depuis partout, depuis n'importe quel milieu ou environnement social ou familial...

    Est-ce que c'est si simple que cela, de savoir jouer quand on a en main les meilleures cartes ?

    Est-ce que c'est si évident que cela, de savoir jouer, aussi, quand on n'a pas en main les meilleures cartes mais que l'on est déterminé et habile à abattre les cartes sur le tapis ?

  • Je suis du côté d'...

         Je suis du côté d'une morale qui n'a rien à voir avec la morale qui a cours dans le monde, la morale de ce qui "doit se croire et se savoir"-ou plus exactement, de ce que l'on nous fait croire et savoir-, la morale du Vase Sacré, de tous les vases sacrés d'ailleurs, la morale des compètes et des podiums, la morale des "bobos" de goche et de droite plus ou moins enfriqués imbus d'eux-mêmes qui chient sur les "pèquenots", les "ringards", les ceu's auxquels on ne donne jamais la parole pour cause de délit de sale gueule, délit d' humilité et de dignité dérangeant les orgueilleux les "m'as-tu-vu" et les "je-sais- tout", délit de pauvreté où l'on donne quand même sa chemise à un plus pauvre que soi...

    Je suis du côté de la morale d'un mec de Betléem du temps de Tibère, qui défendait une femme adultère et se mettait en colère contre les marchands du temple...

    Je suis du côté de la morale de tous ces artistes, écrivains et poètes et penseurs qui, depuis les premières civilisations, ont abattu leur oeuvre à la face du monde, du monde dans lequel ils vivaient, comme un coup de hache sur une mer gelée...

    ... Et j'aurais aimé que pour les 70 ans après la seconde guerre mondiale, par exemple -et entre autres tant d'autres dont personne, aucun média ne parle lors de ces célébrations... L'on pense à ces gens dont le nom commençait par "de", ou à ces gens "d'une certaine Droite" qui, en 1940 ont fait le choix de la Résistance et ont perdu leur vie dans le combat qu'ils ont mené contre les Nazis, plutôt que de se ranger du côté des vainqueurs, des collaborationnistes et des trafiquants en tout genre... Et que l'on pense aussi, toujours entre autres, à ces tirailleurs Tunisiens au Honeck dans les Vosges en décembre 1944, qui furent massacrés, passés au lance flamme par les Nazis, après avoir mené un combat désespéré dans la neige et le froid, jusqu'à la limite de leurs forces...

    [ Parole d' anarchiste inclassable, pourfendeur des vases sacrés, des goches et des droites de la soit-disante Voie Sacrée que l'on croit être la seule possible au dire de ceux qui, en haut, au milieu et même en bas, nous enfument.]

    NOTE : dans mon "jargon", pour parler -ou plus exactement pour définir si j'ose dire- "une certaine Gauche", j'écris "goche" comme on écrit "moche"...

    Et, de cette expression "un pavé dans la mare", j'en fais "un pavé dans le cloaque"... pensant à cette "drouatte huhèmepée" que le pavé Bigmalion vient d'éclabousser, pensant à cette "goche" qui n'a plus rien de Gauche et qui, tout comme la mare de "drouatte" est aussi un cloaque dans lequel s'est crashé le pavé Cacahuzac ; pensant à tous ces sportifs, artistes, hommes d'affaires et à-la-une-des-grands-médias et à-la-une-des-grands-intellectuels et écrivains qui quasiment tous ou presque résident en Suisse en Belgique aux USA pour pas payer d'impôt ; pensant à cette "morale" de tous ces gens là qui se produisent sur les plateaux télé, cette "morale" qui a le vent en poupe, qui pète haut et fort et qui est applaudie quoiqu'en dise le "commun des mortels" quand il trouve que "ça commence à bien faire" et qu'il gueule un peu histoire de "faire sa morale"...

    Car tous ces "commun des mortels" qui "gueulent comme des putois" ou qui "moralisent" via des blogs, des forums de RTL, ou via les associations locales dont ils font partie, ou via les comptoirs de bistrot... Qui ne sont pas forcément des "je bombe le torse"-quoiqu'assez souvent si- mais ne sont jamais humbles ; qui, en bagnole dans les rond-points ou sur les voies de présélection, te klaxomerdent furax parce que t'as un peu merdé ; qui, s'ils devenaient, s'ils pouvaient devenir eux-aussi des Kadors de la Télé, des vedettes et de grands écrivains promus dans les Leclerc Culturel... Oui, tous ces "commun des mortels", eh bien ils se comporteraient peut-être pire encore, parvenus dans les sommets, que ceux que l'on voit tous les jours à la Télé actuellement, que tous ces gens des milieux politique, artistique, intellectuel, économique...

    La "Voie Sacrée", sur laquelle tout le monde veut naviguer parce que c'est là, sur ses rives que sont tous les marchés et toutes les scènes publiques, n'est plus une mare avec des fonds vaseux mais un cloaque, un cloaque dont la surface miroite...

    ... Et la "Panthère"... elle a peut-être "des bouts de patte de velours" (tout en "oeillant" noir et vrai -vrai, ce qui convainc pas mal d'animaux de la forêt-)... Mais... Mais... Laissez-la venir dans le Cirque, et vous verrez alors ce qu'il y a réellement sous le velours des bouts de patte, et qui fera très mal... Sauf bien sûr à ses élus, à ses  élites, aux nouveaux bien-pensants, qui eux, seront les nouveaux maîtres, les nouveaux décideurs...

    Quand une Voie Sacrée change de camp, elle demeure toujours une Voie Sacrée...



  • Un grand corps malade

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         C'est un grand corps malade, à vrai dire totalement gangrené de nano-dinosaures, de nano-dinosaures en petits points bleus et roses...

    Et survient Antidote, un "traitement de cheval", en gros points noirs...

    Et, dans le vaste et céleste espace, d'autres grands corps malades dont certains ne se portent pas si mal, voient leurs nano-dinosaures tout aussi bleus et roses-ou violets ou rouges ou verts ou jaunes- pointer des cornets acoustiques et des lunettes-loupes, en direction du grand corps malade "médicalisé" à l'Antidote...



  • Les maîtres du monde et leur clientèle

         Que pensent les 737 "maîtres du monde" contrôlant 80% de la valeur des entreprises mondiales, les 147 multinationales (et leurs actionnaires), les Axa, Natixis, Société Générale, BNP Paribas, LVMH, Bouygues, Eiffage, Vinci, Véolia, Dassault... Du résultat des élections au parlement Européen du 25 mai 2014 ? De la poussée du Front National en France, du Parti Radical de Gauche en Grèce, de la "déconfiture" en France du Parti Socialiste et de l'UMP ?

    Oui, qu'en pensent ces gens là, dans ces 737 "maîtres du monde", dans ces 147 multinationales qui, eux, "se foutent comme de l'an 40" de tel ou tel gouvernement, de tel ou tel parlement, de tel ou tel parti au pouvoir -ou arrivant en tête dans une élection- dans tel ou tel pays Européen ou autre dans le monde ?

    Car la réalité c'est que ce sont ces géants de la finance, de l'économie, de l'industrie, de l'agriculture, des marchés de la consommation de masse, des marchés du tourisme, de la culture et des loisirs, de l'habillement, de l'alimentation et des équipements ménagers et autres ; qui font la loi et se jouent des gouvernements quels qu'ils soient, et ont pour clientèle la quasi totalité riches et pauvres des habitants des pays dits développés ou en voie de développement ?

    Que pensent ces gens là, qui ne représentent qu'à peine 1% de la population mondiale, mais possèdent à eux-seuls 80 % de la richesse mondiale (en capitaux, actions, dividendes, propriétés), des flux migratoires, de l'immigration en général vers l'Europe et vers les pays du monde développé ? Oui qu'en pensent-ils sinon en terme de main d'oeuvre bon marché au plus bas prix possible, sans aucun salaire minimum ou même garanti, corvéable à merci ?

    Toute l'économie planétaire, tous les marchés de la consommation de masse, reposent sur l'équilibre précaire (précaire oui, mais en même temps durable) qui existe entre d'une part 1 milliard de "consommateurs potentiels" auquels on peut, par extension, associer environ 3 milliards de "consommateurs accédant à la consommation" ; et d'autre part 3 milliards de "non consommateurs aspirant à la consommation"... Autrement dit, ce sont les 3 milliards de "non consommateurs aspirant à la consommation" qui intéressent le plus, les "maîtres du monde"(question emploi, coût du travail) ... dans la mesure où les autres 4 milliards peuvent peu ou beaucoup, consommer, notamment le milliard "le mieux loti" (si l'on peut dire) ...

    Et tant que cet équilibre perdure, peut perdurer... Alors "rien ne changera" dans le monde... Et ce qui pourrait rompre cet équilibre, c'est :

    -Soit les "consommateurs potentiels" qui, par réaction ou révolte ou par choix de mode de vie, cessent de consommer ce qu'on leur "fourgue"...

    -Soit une catastrophe écologique de grande ampleur, une pandémie, une guerre mondiale, un changement climatique radical et rapide et dévastateur...



  • Le tableau

         Dans les années 1950, 1960, 1970... Le monde était comme un tableau, un paysage avec des personnages. Et le tableau semblait immobile, comme figé dans le temps, un temps relié au temps qui précédait... Mais le tableau cependant était bien vivant, et les personnages animés, et c'était comme si l'on se trouvait, acteur ou spectateur ou témoin, à l'intérieur du tableau, un tableau dans lequel on respirait, on vivait...

    Les scènes, les personnages, tout ce qui constituait le tableau dans le détail et dans son ensemble, tout cela était de couleurs aussi criardes et violentes que dans le tableau d'aujourd'hui, celui des années présentes de ce début de 21ème siècle... Autant dire que le "monde d'avant" était aussi inique, aussi empli d'hypocrisies, et les gens aussi préoccupés de gagner toujours plus d'argent, d'accroître ou de conforter leurs possessions matérielles...

    Mais il y avait, dans le tableau, le tableau "d'avant", comme un fond, un arrière plan dans lequel on discernait des tons, des couleurs qui ne changeaient pas et qui, si lointaines nous eussent-elles parues ces couleurs, si invisibles même parfois ; n'en étaient pas moins présentes et immuables... Des couleurs et des tons somme toute, dans le fond du tableau, qui étaient pour nos yeux comme le ciel du jour ou de la nuit au dessus de nos têtes...

    Dans le tableau d'aujourd'hui, le tableau des années de ce début de 21ème siècle, les couleurs de l'arrière plan du tableau sont craquelées, si craquelées qu'elles partent en éclats, des éclats de plus en plus dispersés, de plus en plus petits ; autant dire que le fond ou l'arrière plan disparaît peu à peu, et qu'il ne demeure dans le tableau devenu mouvant, de plus en plus mouvant à tel point que l'on court à perdre haleine pour le regarder ; que les couleurs criardes et violentes du nouveau paysage avec des personnages dont la vie court comme un train sur des rails de gare en gare, et les gares sont des lieux de marchés et de consommation...



  • Notes de voyage, mardi 20 mai 2014

    Abbaye cluny

         De l' abbaye de Cluny, que j'ai visitée le 20 mai 2014 lors d'un trajet pour me rendre des Vosges vers les Landes ; il ne demeure en fait, de l'origine, que des vestiges de ce qui fut le siège du plus grand ordre monastique médiéval en Europe de l'ouest, ordre fondé en 910 par le duc d'Aquitaine et comte d'Auvergne Guillume I ; et qui a rayonné sur l'Europe durant tout le moyen âge avec sa grande église abbatiale de proportions hors normes pour l'époque, puisque nous sommes encore dans l'art roman et que l'on y découvre là, dans cette église, une voûte de 30 mètres de hauteur... Mais j'ai été un peu désorienté par toutes ces installations modernes en matériaux composites, situées derrière l'entrée principale et formant comme un vaste hall, avant l'accès sous la voûte de l'église...

    Je trouve qu'en bien de lieux de patrimoine architecturel, culturel et autre , de nos jours, la société de loisir et de consommation de masse devient par trop envahissante et dénature ces lieux de patrimoine architectural... Non pas que je souhaite loin s'en faut que ces lieux ne soient plus -ou soient moins- accessibles au "commun des mortels", mais l'on devrait s'attacher dans la mesure du possible, à ne pas les dénaturer et à trouver le moyen de faire entrer la modernité et les technologies du 21 ème siècle, d'une manière plus discrète, moins voyante... (Nous sommes carrément parfois, dans l'ostentatoire, dans le "bling bling", notamment avec ces boutiques de gadgets et de souvenirs et de choses soit-disant "locales" en réalité le tout ou presque fabriqué en Chine)... L'on trouve en effet partout, en ces lieux de culture et de patrimoine, musées, sites archéologiques, châteaux, cathédrales, abbayes, monuments historiques, etc..., que ce soit à l'entrée ou dans les alentours immédiats ; de ces boutiques et espaces de vente de toutes sortes de produits de consommation touristique...

    Ibis budget

    ... Pensant dormir le soir à Vichy, dans un "Ibis Budget étape-hôtel" ou dans un "Première Classe" (ces hôtels du groupe Accor que l'on trouve implantés dans des ZAC, des ZI ou des parcs d'activité économique autour des grandes et moyennes villes en France), j'arrive donc à Vichy vers 20h 30, l'hôtel Ibis Budget ce soir du 20 mai est "plein comme un oeuf", avec tous ces gens en déplacement de travail pour la semaine, qui viennent de partout et surtout de divers pays européens (c'est ça la nouveauté depuis deux ans en France, les entreprises artisanales, les grosses PME tous métiers, et surtout les "géants" de la construction et du bâtiment que sont Eiffage, Bouygues et compagnie), embauchent des gens "venus d'ailleurs" que de la région ou même de France, et ces gens logent dans ces hôtels là, du groupe Accor)...

    A Riom, à Clermont Ferrand, même topo : hôtels complets, et quant aux autres "hôtels à la Papa" dans lesquels on se rendait autrefois... Ou bien ils ont été repris (quelques uns surtout en ville) par des "Groupes" et sont tenus par un gérant ; ou bien ils sont fermés, n'ont pas été repris...

    Ne restent que les "grands hôtels" à 4 étoiles, les séjours "haut de gamme", ou à la limite des hôtels pour des budgets "larges" (autour de 90, 100, 120 euro la nuit)...

    ... C'est fou ce que depuis deux ans surtout (avant c'était moins visible, moins preignant) en France (et ailleurs en Europe cela doit être la même chose), je constate une évolution accélérée dans l'implantation des zones de marché, autour des villes, dans les structures et voies de circulation, dans la complexité des technologies nouvelles et déjà existantes, dans les rapports de communication, dans les modes, les tendances, les différents types de consommation, etc...

    L'évolution me semble plus accélérée, plus complexe, et je n'arrive plus à suivre, à m'adapter comme avant, dans les années précédant 2008, j'ai l'impression par moments, de "décrocher"...

    Par exemple, dans les trains (les TGV), dans les avions, dans les aérogares, les gares, les lieux publics les plus fréquentés, je vois des tas de gens de tous âge (et donc pas forcément que des jeunes de moins de 30 ans) munis d'ordinateurs portables, de smartphones, tablettes et autres "engins"; qui surfent sur le Net, appellent, reçoivent, travaillent sur des dossiers et des fichiers, consultent des informations, des mails, etc... Et tout cela dans des conditions souvent les plus inconfortables qui soient... Et ils semblent tous, ces gens, très à l'aise, hyper réactifs, accro, pianotant surfant avec une vitesse, une dextérité impressionnante! Pas étonnant qu'il faille sans arrêt, avec la masse de ce qu'il faut stocker, avec la vidéo, la musique, les nombreuses applications de Windows 8 et autres systèmes d'exploitation, disposer de haut débit "encore et toujours plus haut", de capacité de stockage quasi infini (on parle maintenant de Tera-octets, pour les disques durs)...

    Affolant ! Déconcertant !

    En ce qui concerne le travail, l'économie de marché, la mondialisation, c'est surtout depuis 2012 que l'on voit de plus en plus de grosses PME artisanales et tous métiers confondus, et bien sûr les Eiffage, Vinci, Bouygues, BTP et autres, recourir à de la main d'oeuvre hors de France, du fait du "coût du travail" (salaires du pays qui emploie mais charges du pays d'origine). Il en résulte un afflux de travailleurs saisonniers, venus de partout, pour quelques semaines, quelques mois, et tous ces gens là il faut bien qu'ils trouvent à se loger! C'est la raison pour laquelle, en semaine, en France, tous les hôtels du groupe Accor genre Formule 1, Etap Hôtel, première classe, sont tous "plein comme un oeuf" de janvier à décembre sauf le week end...

  • Nebraska, film d' Alexander Payne

         J'ai beaucoup aimé le film "NEBRASKA", d'Alexander Payne, que j'ai vu tout dernièrement, un film réalisé en 2013, en Noir et Blanc.

    En "toile de fond" de ce film, ce sont ces paysages infinis, plats, sous un ciel immense, des terres agricoles des grandes plaines centrales des USA, de "l'Amérique profonde", avec les mêmes bourgades aux maisons de bois, et les gens, pour la plupart touchés par la crise économique d'après 2008, vivant petit, sans perspective d'avenir, sans autres distractions si l'on peut dire que de se réunir dans des cafés saloons où l'on boit des bières et du wisky à longueur de journée, où, le soir on se retrouve entre voisins, amis, connaissances, autour d'une séance de Karaoké... Et dans les maisons, dans les familles, l'on y vit replié, sans activité sans travail le plus souvent, assis des heures sur un canapé devant la télé, et ce sont tous les potins du coin qui animent les conversations, avec des propos truculents, un langage "à l'emporte pîèce", et l'on ressasse les "pieux souvenirs", ceux du temps de ce qui, autrefois il n'y a pas encore si longtemps, fut... et n'est plus...

    Les gens sont obèses, difformes, avec des visages ravagés, bouffis, apathiques, et ils ont des parcours de vie chaotiques, c'est ce que l'on voit dans le film ; mais tout cela est montré avec beaucoup de sensibilité, du réalisme, un réalisme lucide et tragique, sans "parti pris", et les dialogues valent par moments leur "pesant d'or", tant ils sont émaillés de propos truculents, émouvants et drôles...

    Un vieil homme, Woody Grant, incarné par Bruce Dern, croit "dur comme fer" avoir gagné un million de dollars à une loterie (il a reçu une lettre en ce sens, qu'il garde sur lui tout le temps) et toute l'histoire en fait, tourne autour de ce million de dollars supposé et qui fait rêver autour de ce viel homme partout où il passe...

    L'un des fils du vieil homme, David, incarné par Will Forte, accompagne son père dans son voyage, depuis Billing dans le sud du Montana, jusqu'à Lincoln dans le Nebraska, une expédition dans la voiture du fils, de quelque 1200 kilomètres, car c'est à Lincoln que Woody Grant doit “toucher son million de dollars”, au bureau de la loterie... Au départ, le vieil homme envisageait de se rendre à pied, jusqu'à Lincoln. Au cours de ce voyage, il y a les arrêts dans des motels, et le passage dans la ville où Woody a passé son enfance et où il y retrouve son frère et ses neveux ; et sa femme Kate, qui était restée à Billing et ne souhaitant pas l'accompagner le rejoint finalement par le car... Nous assistons alors à une truculente scène de famille, avec évocation de souvenirs... La femme de Woody Grant, Kate, est incarnée par June Squibb ; et l'autre fils, Ross, le frère de David, par Bob Odenk.... Tous ces personnages sont émouvants et drôles, et bien représentatifs quoiqu'un peu caricaturaux, de “l'américain lambda”, très moyen, pauvre et sans avenir dans ces bourgades du Middle West... Bien sûr, on s'en doute, il n'y a pas de miracle : le million de dollars c'est du vent, du rêve... Et justement le rêve il est bien là, aussi immense, aussi générateur d'espérances noyées dans des beuveries et des karaokés de bar saloon, que dans ces immenses paysages plats et monotones des Grandes Plaines centrales de l'Amérique du Nord...

  • Une rencontre, film de Liza Azuelos

         Une rencontre, film de Lisa Azuelos, avec François Cluzet dans le rôle de Pierre, un avocat ; et Sophie Marceau dans le rôle d'Elsa, écrivain : l'histoire, à lire le résumé du film, semble assez banale et l'on se dit à priori que cela ne vaut pas le coup d'aller voir ce film... Ce n'est qu'après réflexion que l'on se met à penser que, peut-être, le sujet -un sujet"bateau"- est traité avec originalité, et que l'histoire donc, pourrait ne pas être ordinaire... (c'est ce que je me suis dit)...

    François Cluzet, qui a pu parfois s'enfermer dans des rôles "moralisateurs", n'est pas, loin s'en faut, ici dans ce film "Une rencontre", particulièrement dans un rôle "moralisateur"... Il incarne trop, à mon sens, dans ce film, ce type de personnage masculin, la cinquantaine confortable, dans un milieu aisé (il est avocat, dans l'histoire) "pas spécialement séducteur mais séducteur quand même", qui est marié, a une vie de famille, et qui un beau jour rencontre une femme qui lui plaît au delà de toute mesure, une femme qui, elle aussi, est attirée.... Et le début du film (cela se passe dans un salon du livre à Rennes, une manifestation présentée comme "mondaine" où l'on y côtoie des gens "branchés"-et pour certains un peu "atypiques-) est finalement "assez représentatif" de ces milieux aisés, intellectuels, où la morale soit dit en passant, sert de couverture ou de vernis, et "se fout la malle vite fait" dès qu'une situation sensible entre deux personnes se plaisant, se présente, en l'occurrence la rencontre d'un homme ou d'une femme qui va "tout remettre en question"... Et c'est fou, fou, ce que ce thème est "porteur", ce que le "commun des mortels" adhère, et voudrait bien lui aussi, connaître et vivre ce genre d'histoire dans sa vie...

    C'est donc cela, ce que je viens de dire, qui me gêne, auquel je n'adhère pas du tout...