Si les moutons pouvaient se marrer ...

... Leur rire ressemblerait au rire d'une foule de spectateurs dont la moitié d'entre eux font semblant de comprendre ce qui se dit sur la scène et se marrent donc par convenance afin de ne pas passer pour des idiots ou des ringards...

... Dans la salle de spectacle un public enthousiasmé par la prestation du comédien humoriste, applaudit après chacune des petites histoires que raconte le comédien humoriste...

Mais le comédien humoriste parle très vite de telle sorte que l'on ne comprend pas toujours ce qu'il dit, et de surcroît l'accoustique de la salle n'est pas très bonne, et les gens des rangs situés à l'arrière de la salle, éloignés de la scène, entendent bien le comédien mais ne comprennent pas grand chose...

Néanmoins, fusent les rires en une grande vague rythmée sans cesse renouvelée, d'un bout à l'autre de la salle...

Il y a dans la salle

Les "branchés" qui eux, comprennent tout...

Les "un peu moins branchés" qui eux, ne comprennent pas tout dans le détail mais saisissent bien le sens général de l'histoire...

Les "pas branchés" qui eux, même dans les premiers rangs et à plus forte raison dans les derniers, ne comprennent pratiquement rien ni le sens de l'histoire...

"Etre branché" c'est être de son temps et bien au courant de l'actualité -"people" notamment- ainsi que de tout ce qui est nouveau, à la mode, et que tout le monde connaît ou est censé connaître...

Mais il faut dire qu'il y a des "pas branchés" qui font comme s'ils étaient "branchés"... Et que les vrais/vrais "pas branchés", ceux qui, ostensiblement et avec insolence et résistance, font état de leur inculture dans le domaine de l'actualité people et des modes et nouveautés, ne sont pas très nombreux...

Tous, quasiment tous, cependant, se marrent, s'esclaffent, dans ces salles de spectacles humoristiques ou de divertissement...

Il est malvenu, inconvenant, impensable, de ne point rire...

Il faut donc rire comme si l'on a compris, pour ceux et celles qui n'ont pas compris ou pas assez compris... Sinon, tu passes pour un "beuh-beuh" aux yeux de ton voisin d'à côté, si tu ne ris point, de concert avec les autres...

Si tu ne ris pas, c'est peut-être aussi parce que, ayant compris l'histoire racontée, ça te fait pas fait rire du tout...

Et ce qui qui heurte, c'est quand tu fais comprendre aux autres dans un silence éloquent, pourquoi tu ne ris pas alors que la mauvaise qualité de l'acoustique de la salle n'y est pour pas grand chose, et que le débit rapide de parole du comédien humoriste n'y est pas non plus pour grand chose...

Dans ce cas, t'es pour ton voisin d'à côté un "beuh-beuh dérangeant"...

 

... Au cinéma, dans les films de télévision, et plus encore au théâtre -sauf dans les très petites salles- c'est la même chose...

Ils bouffent les mots, ils escamotent des syllabes, ils ont un débit de parole trop rapide, les acteurs, les comédiens...

Tiens c'est curieux : dans les films des années 1950, 1960, et jusqu'en 1990, que la télé rediffuse parfois, on comprend mieux les acteurs... Qui, soit dit en passant, aujourd'hui, sont ou morts, ou très vieux...

C'est "l'air du temps" qui veut ça... Dans une mouvance survoltée instantanéïsée effet-spécialisée banalisée formatée dénaturée, et où l'image a plus d'importance que le texte...

Merde! Le texte, on dirait presque qu'il dérange !

 

 

 

 

l'air du temps

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