Pendaison de crémaillère

( De mon répertoire de petites histoires et de courtes nouvelles, la dernière récemment écrite)... 

... En face d'un grand champ d'iris que n' a pas encore avalé le lotissement Les Alouettes, en ce soir de juin dans le salon salle à manger de Pierre et d'Isabelle dont la porte fenêtre grand'ouverte donne sur le champ... Sont réunis les potes et les potesses de Pierre et d'Isabelle qui fêtent leur pendaison de crémaillère...

Pierre et Isabelle, un couple de trentenaires "bien dans leurs baskets" tous deux cadres dans une société de design et propriétaires lui, d'un Duster Dacia 4X4 et elle d'une Suzuki Ignis, viennent de s'installer dans leur nouvelle maison en bordure du lotissement Les Alouettes.

Ils ont un labrador Isidore, un chat Snoupy et un petit garçon Hectorion âgé de 7 ans...

 

...Cadre technico-commercial et chargé du développement de sa société de design... Et maire de son village de surcroît, Pierre sa trentaine confortable et bardée de certitudes, est un homme de sang chaud, d'esprit frondeur... et parfois un peu leste dans ses élans d'empathie, en particulier avec ses collègues féminines...

 

Il se demandait bien, Pierre, son verre à la main, lors de la pose pour la photo souvenir, quelle cour lui faire à cette amie de sa femme, Sophie, qui n'arrêtait pas entre autres afféteries, de délicatement repousser une mèche de cheveux sur un côté de son visage ou de se passer un doigt sur ses lèvres...

D'ailleurs -soit dit en passant- c'est fou, fou archi fou... Tout ce que l'on observe en matière de comportements, de gestuelles, de façons d'être dans le vent de la mode, de beaucoup de gens (jeunes ou vieux, femmes ou hommes ou adolescents) dans le monde où nous vivons... De façons de s'habiller, de parler une sorte de javanais anglicisé... dans des relents tout cela, de mayonnaise éventée lors de ces apéritifs dînatoires et festifs de diverses réunions de convivialité entre amis... Où les visages caramélisés se mangent avec des yeux n'ayant que des effets de regard sans vrai regard...

 

Sophie s'était faite à l'occasion reine du chant, et entonnait un air de danse des canards, son verre levé et se tortillant le derrière... Et Pierre se disait " bah, un tout petit coup de canif dans le contrat, ça s'ra pas le premier ni le dernier"...

C'est qu'il ancrerait bien, Pierre, son âme de gai luron dans le coeur de cette Sophie toute saôule en plus de Martinis et de punch créole, de propos grivois...

 

... Hectorion, du haut de ses 7 ans surplombait la fête, écartant les rideaux du cagibi débarras où ses parents lui avaient dressé un lit pliant... Toutes les pièces dont sa chambre, ayant été réquisitionnées...

Et il ne dormait pas, Hectorion, il assistait, comme en coulisse de décor de théâtre, à la grande fête donnée par ses parents... Et il se disait : "quand je serai grand, que j'aurai un boulot, que je serai marié et que j'aurai une maison, je ferai jamais de pendaison de crémaillère, c'est de la frime tout ça" !

 

... J'imagine... telle jeune femme (ou jeune mamie) lisant ce texte, et qui, dernièrement avait été invitée à la pendaison de crémaillère d'un copain... les lunettes dans les cheveux, en train de froncer le nez et les sourcils... Au Duster Dacia 4X4 de Pierre et à la réflexion que se faisait le petit Hectorion...

... Les lunettes dans les cheveux (et avec de surcroît le pull sur les épaules un soir frisquet de juillet)...

... Je pense au roman d' Alice Ferney "LES AUTRES", où évoluent les personnages dans un jeu de miroirs et d'afféteries, d'ombres et de reflets... C'est ce qu'exprime aussi à sa manière dans ses romans, Michel Houellebecq (auquel on reproche d'être caricatural et d'user de clichés)...

 

 

 

 

 

crémaillère

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