Mourir d'aimer ?

      Mourir d'aimer, ce n'est pas forcément, à proprement parler, "se foutre en l'air"... Quoique parfois, des femmes et des hommes, et même des enfants, meurent vraiment (au vrai sens de mourir) d'amour...

Mourir d'aimer, c'est lorsque ta vie "meurt" alors que tu demeures vivant, cependant... Mais "vivant" comme la branche sur l'arbre, qui ne donne plus jamais de feuilles l'avril revenu...

Et en ce sens, "ce sens là" je dis bien... Mourir d'aimer c'est la plus mauvaise façon d'aimer... La pire qui soit, en fait...

Je ne veux pas mourir d'aimer... Je veux aimer sans mourir, sans que la branche sur l'arbre devienne une branche sans jamais plus de feuilles...

Je me suis souvent dit tout au long de ma vie : bon sang, c'est toujours moi qui fait le premier pas, qui "va chercher", qui "court après", qui espère, qui attend, qui rêve "qu'il ou elle" va répondre, se manifester...

Oui, c'est vrai : je "cours" après les visages, je dresse dans mon imaginaire ces personnages "mythiques"... pour les avoir seulement une fois vus, ou purement et simplement inventés... Et ils sont toujours beaux, avec une belle âme, et si ce sont des femmes, c'est pour ainsi dire "orgasmique"... "orgasmique" dis-je, comme des "tripes dans la tête" qui tremblent et fument telles des feuilles mouillées un après midi d'été orageux...

... "Il a disparu"...

... "Elle a disparue"...

Autant dire qu'un jour, il, elle... n'a plus donné de nouvelles... s'est comme envolé... Est parti(e) voir ailleurs... A cessé de paraître par exemple, sur tel ou tel forum du Net...

Ces "disparus" ont -sans doute- presque tous, cependant... "la tête dans le guidon"... et pédalent, pédalent sur leur vélo de course vers la ligne d'arrivée qu'ils se sont fixée... Et une fois franchie cette ligne d'arrivée, les voilà qui reprennent la course et rentrent encore plus la tête dans le guidon... Et adieu les coéquipiers, les fans même, et tous ces visages de chaque côté de la route, ces visages qui "visageaint de leur meilleur visage"...

Je me suis aussi, souvent dit -peut-être un peu plus tard ou plus en avant dans ma vie- : j'en ai marre de faire le premier pas, de courir après, d'aller chercher, d'attendre quelque réponse, quelque "signe"... Et alors j'ai... "presque mouru" (rire mais rire grave)...

Aujourd'hui même je me dis... parce que, quoiqu'il survienne, "la tête doit demeurer solide même pleine comme un oeuf, de tripes qui tremblent et fument"... Que ce "premier pas", eh bien, "il faut le faire quand même"... envers et contre tout...

Qu'est-ce que tu risques ?

C'est "tout bête" : il y a quatre possibilités, quatre seulement, et... excusez moi du propos "c'est clair comme de l'eau de roche" :

-Il, elle, ne répond pas, ne donne pas signe de vie, il n'y a que ce silence, ce long silence blême jusqu'à la fin de tes jours... qu'il va falloir cependant "savoir gérer" -encore faut-il trouver la plus "raisonnable" ou "philosophique" façon de gérer c'est à dire sans colère, sans amertume, sans nostalgie, sans foudre escagatrice... En somme, on va dire "on va littérairement gérer" (je penche plutôt pour ça)...

-Il, elle, répond en une courte phrase qui "t'envoie promener"... ou quelque chose qui ressemble à ça... alors tu sais, et il ne te reste plus qu'à "gérer" (c'est plus "facile", ça, que le "silence blême")...

-Il, elle, répond en deux ou trois phrases pour te dire en gros "j'ai la tête dans le guidon", ou bien "je suis démotivé c'est pour ça qu'on me voit plus", ou encore, "j'ai d'autres projets"... En somme, il, elle, court sur son vélo vers une ligne d'arrivée et n'a pas trop le temps de regarder sur le côté de la route là où "visagent" les visages...

... Et enfin "cette possibilité là"... que je garde pour la fin, la quatrième et dernière :

-Il, elle... a été "touché", "ému", et la réponse alors, est "un peu moins courte"... Et le lien se refait, et peut-être... se ré-invente...

... Qu'est-ce que tu risques ?

Fais-le, ose ! ... Il, elle, "ne va pas te bouffer" ! (au pire, c'est "le grand et long silence blême)... Et tu vas pas en crever! ... Et merde, si d'en crever ça te vient, je t'empêche d'en crever, par la force s'il le faut en te tirant par les cheveux ou par la peau du cul !

... Je ne "demande" qu'une seule chose à ce texte... Une seule : c'est qu'il empêche quelqu'un quelque part, quelque part dans le monde comme une fourmi dans une meule de foin de quinze mètres de haut et de trois mètres de diamètre... de mourir d'aimer au sens de vraiment mourir (en se foutant en l'air)...

Rien de ce qui est dit et surtout écrit, si perdu que ce soit dans des millions ou milliards de pages dans des livres ou sur le World Wide Web... N'est vraiment perdu... Un jour, toujours, des yeux, un visage, quelque part, tout près de là où l'on vit ou à l'autre bout du monde... "y tombe dessus"...

Un jour, il m'est venu l'idée d'un cosmonaute naugragé dans l'espace, perdu dans une petite "capsule de survie"... qui écrit quand même un journal de bord alors qu'il sait qu'il est loin, infiniment loin de tout monde habité, de tout monde vivant, et que personne jamais, aucun être intelligent et pensant et communiquant, ne saura, ne trouvera ce journal de bord... J'avais dit "ce cosmonaute, c'est pas possible, il doit croire en Dieu"... Mais je précisais ou sous-entendais que ce "Dieu"... N'avait rien à voir avec celui des Religions de la Terre des Humains...

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