Les œuvres à venir

… Dans les correspondances de Gustave Flaubert, dans une lettre à Louise Colet en date du 24 avril 1852, on lit ceci :

 

"Aucune pensée humaine ne peut prévoir, maintenant, à quels éblouissants soleils psychiques écloront les oeuvres de l'avenir. En attendant, nous sommes dans un corridor plein d'ombre, nous tâtonnons dans les ténèbres. Nous manquons de levier, la terre nous glisse sous les pieds. Le point d'appui nous fait défaut, à tous, littérateurs et écrivailleurs que nous sommes. A quoi ça sert-il ? A quel besoin répond ce bavardage? De la foule, à nous, aucun lien. Tant pis pour la foule, tant pis pour nous surtout."

 

... En 1852... "Il ne croyait pas si bien dire" Gustave Flaubert, en ces temps d'une modernité en marche qui commençait à rendre possible l'accession du bavardage sur des tribunes devenant plus nombreuses, plus diverses, plus  libres, et toutes  soucieuses de visibilité...  

Notre époque est semblable – mais en bien pire : le bavardage sied à une foule qui, certes, va plus à l'école qu'en 1852, mais n'est plus éduquée que par des faiseurs d'opinions, des personnages de télévision, et des producteurs de novellas...

Le "point d'appui", celui qui fait la force, l'âme, la grandeur, la culture d'un peuple dans son ensemble, et qui était comme autrefois la fontaine à eau sur la place d'un village, fait de nos jours défaut parce qu'on lui a préféré des "points branlants » pour tous qui cependant sont loin de branler tout le monde et ne font pas de liens dans la foule"...

Les faiseurs d'opinion, les personnages de télévision, les producteurs de novellas, forment une Nomenklatura sans aucun lien avec la foule mais vivant aux dépens de la foule et "en vivant fort bien" d'ailleurs...

Et tant pis, donc, pour une foule dont on se fout… Et qu’hélas soient les porteurs de lumière plus préoccupés de l'éclairage de la scène que de la lumière qu'ils portent…

 

 

 

éclairage

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