Le dérisoire glouglou de l'eau qui s'enfuit par le trou au fond de la baignoire...

... La transmission (d'un savoir et de connaissances ainsi que d'une pensée, d'une culture, d'une œuvre, enfin, de tout ce qui fait une vie, la vie qui est la nôtre dans ce que l'on entreprend et réalise par l'effort, l'intelligence, la recherche, le travail, tout ce que l'on laisse en mourant et qui peut être retrouvé)... La transmission donc, de tout cela ; en particulier aux générations qui directement ou collatéralement nous suivent... S'avère dans les temps que nous vivons, plus aléatoire, plus incertaine, plus difficile, qu'elle ne l'avait été de tous les autres temps précédents...

Il me semble que plus on remonte dans les temps anciens, jusque par exemple dans les temps préhistoriques (ceux de la fin du Paléolithique Supérieur, de -30 000 à -12 000), plus encore la transmission d'un savoir/d'une somme de connaissances, s' imposait d'elle même naturellement et était-elle une réalité au quotidien, tout au long de la vie, d'une génération à la suivante...

Il y a aujourd'hui -du moins en ce qui me concerne, et je pense que je ne suis pas le seul loin s'en faut à le ressentir- une véritable interrogation, une question lancinante, une incertitude déprimante à se demander si ce que l'on sent devoir transmettre de soi, de ses acquits, de ses réalisations, de sa pensée, de sa culture... peut intéresser vraiment, interpeller ces enfants, ces jeunes des nouvelles générations proches et collatérales...

L'idée vient, finit par venir, qu'au terme de notre vie, et déjà bien avant le terme de notre vie, "tout (ce que l'on est, ce que l'on fait, les traces que l'on laisse) s'écoule comme l'eau d'une baignoire par le trou d'évacuation en un dérisoire glouglou"...

La transmission je pense, ne peut être possible, réelle, envisageable, souhaitée par tel enfant, tel jeune d'une génération nouvelle proche ou collatérale... que dans la mesure où au moins une partie de ce dont elle est faite, entre dans la sensibilité, dans la vie même de l'enfant, du jeune en question... Si ce n'est point le cas, alors immense s'avère le "fossé relationnel", immense est l'indifférence, et vaine toute tentative, toute approche...

Il ne reste plus alors, pour celui ou celle qui bientôt disparaîtra, que le silence, un silence lucide, un silence d'autant plus lucide qu'il s'est résolu à ne donner cours à aucune "mise en avant" de ce qui vit en soi et n'est pas attendu, pas désiré, voire piétiné qu'il serait...

 

... Cependant, et c'est là l'intelligence, c'est là, cette "mécanique" de l'aléatoire... De tout ce qui est broyé, de tout ce qui est effacé, de tout ce qui s'enfuit et disparaît... Rien ne se perd vraiment, tout resurgit sur quelque autre chemin, dans quelque autre paysage, en quelque autre ciel, en quelque autre sol quelque part, un jour ou un autre...

 

 

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