L' "universalité" du Web

      Pourquoi universalité entre guillemets, déjà, pour commencer ?

J'exprime ici par l'emploi des guillemets un questionnement à propos justement, de l'universalité du Web.

En effet, le haut débit voire le très haut débit, la Web Cam, la vidéo, les galeries de photos, l'instantanéïté de la transmission et de la diffusion notamment sur les réseaux sociaux tels que Facebook et Twitter... Tout cela est-il bien "si universel que cela" sur la planète ?

Autrement dit, le "Terrien Lambda", quel que soit l'endroit du monde où il vit, habitant d'une grande ville ou d'une petite bourgade isolée ; a-t-il la possibilité de communiquer avec la même instantanéïté, et de la même manière en bénéficiant des mêmes services et "outils technologiques", partout, vraiment partout ?

Non, absolument pas dans la réalité du monde d'aujourd'hui...

Dans le livre "Le monde en stop", Ludovic Hubler, l'auteur, nous raconte qu'à la sortie d'une ville située au sud du Maroc, à Boujdour, il trouve un cybercafé "au milieu de nulle part, une enseigne biscornue et bringuebalante indiquant la présence du réseau des réseaux" alors qu'il n'y a pas un village à moins de 300 km à la ronde !

L'on imagine mal l'un ou l'autre des grands opérateurs de télécommunications, investissant dans des infrastructures coûteuses (lignes ADSL) afin de doter ce pays isolé d'un réseau à haut débit... Sans doute y-a-t-il (du moins je l'imagine) en ce lieu isolé du Sahara occidental proche de la côte Atlantique, une liaison satellite de même type que celle qu'utilisent les scientifiques et les chercheurs dans leurs expéditions en Antarctique, dans les grands déserts... Mais alors, qui, quel "organisme", finance une telle liaison en ce lieu où il n'y a... tout simplement rien ?

La liaison satellitaire en effet, c'est à dire autrement que par l'ADSL classique avec des infrastuctures de télécommunications, câbles, bornes et antennes ; n'est encore aujourd'hui accessible -et pour un coût d'abonnement et d'installation très élevé- que pour les journalistes réalisant des reportages, les scientifiques et les chercheurs en mission...

Et oui, réfléchissons un peu : il n'y a pas d'ADSL au pôle nord ni en Antarctique ni au fin fond du désert de Gobi ! (et pourtant les chercheurs et les scientifiques communiquent en temps réel et avec vidéo, web cam, depuis ces lieux "extrêmes")...

... Si le Web, comme c'est encore le cas sur une grande partie de la surface de la planète, n'est rien d'autre qu'un transmetteur de courriels, d'images, de pages de sites, de texte, de documents et d'informations... et éventuellement -mais d'une lenteur souvent désespérante- de vidéos, films... "Ce n'est point là à mon sens une révolution technologique d'envergure" !

La véritable "vocation" du Web si je puis dire, c'est de faire de la relation humaine dans une dimension planétaire comme on fait de la relation humaine dans une dimension limitée en espace... C'est à dire permettre à des gens éloignés et dispersés, non seulement de se lire ou même de s'entendre, mais aussi et surtout de se voir en direct dans l'environnement proche qui est le leur au moment de la communication...

Or cela n'est possible qu'en haut ou très haut débit ADSL... ou liaison satellitaire... Et sûrement pas hélas, dans bien de lieux en France, Europe, Amérique et partout dans le monde en "débit moyen" voire "bas débit"...

Il y a aussi, c'est vrai, et peut-être là "plus universel"... La liaison par le réseau Hertzien (téléphonie mobile, i-phone, smartphone, tablette) en 3G plus, 4G... mais aussi il faut le dire, en 2G ou moyen ou bas débit... Selon le niveau de "couverture" locale... Et, soit dit en passant, je voudrais bien savoir comment par exemple, au beau milieu de la Creuse au centre de la France, un jeune, accro de téléphonie internet, peut-il envoyer à ses copains de Facebook des vidéos et des galeries de photos, vu le débit d'émission qui doit être celui du lieu où il se trouve...

Car il y a celui qui émet, et celui qui reçoit : l'un des deux seulement peut-être en très haut ou haut débit, mais l'autre non... auquel cas l'un ou l'autre "galère" ou n'a tout bonnement rien !

Donc, on le voit bien -et il faut en être conscient et s'adapter en conséquence- le Web n'est "universel" (vraiment universel) que là où il crée, où il entretient, de la relation humaine "réelle" à distance (relation de même type ou presque, que la relation humaine "sur place" en un lieu déterminé et limité en espace où l'on se voit, se rencontre)...

Si ce n'est point le cas, le Web n'est alors -à mon sens- qu'un outil de communication à peine plus amélioré qu'un simple téléphone, un fax phone, un transmetteur d'images photos, de texte écrit, de pages de sites ou de blogs, mais sans réelle relation... Autrement dit "un pis aller", une illusion, du rêve qui ne se réalise pas "complètement"... Et engendre de la frustration...

Je pense en particulier, aux personnes handicapées, aux personnes isolées socialement, qui elles, peuvent grâce à une "universalité" réelle du Web créant de la "vraie relation", communiquer, diffuser, depuis un hôpital, une maison de retraite, un fauteuil roulant, et correspondre ainsi avec d'autres gens à l'autre bout du monde (ou même à seulement dix kilomètres d'eux), voir et entendre tous ces gens comme s'ils se trouvaient auprès d'eux...

Cela, oui, c'est assurément "une révolution technologique d'envergure" !

Nous n'en sommes pas encore là, loin s'en faut !

le web vecteur de relation

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