L'impasse

     Tous ces "brûlots" tels des gondoles enflammées que nous propulsons sur les canaux de la ville en eau ; autant dire toutes nos rancoeurs, toutes nos colères, toutes nos frustrations, toutes nos désolations, exprimées en kilomètres sur les réseaux sociaux du Net, énoncées, traduites ou exposées dans des livres, sur des blogs ; à propos de tel ou tel sujet d'actualité, de tel événement, de tel personnage contesté, de tel fait de société... sont aussi vains que des feuilles mortes poussées dans le caniveau par un vent froid d'automne, en face de ce qu'il y a de pire à subir en ce monde, mais que néanmoins nous subissons, inertes et silencieux que nous sommes par peur ou par une sorte de paresse confortable...

Ce qu'il y a de pire, pire que tout ce que nous dénonçons tous, c'est ce cul-de-sac rocheux et sans aucune faille-passage, d'une hauteur vertigineuse, et qui constitue le fond de l'impasse ...

Car les deux ou trois plus grands canaux de la Ville en eau, sont des impasses avec chacune d'un côté des maisons inhospitalières dans lesquelles règnent la violence subie et la violence provoquée, et de l'autre côté, des maisons dans lesquelles on ne pénètre qu'autorisé ou introduit ou pris de force... Et tout au bout de l'impasse, le cul-de-sac rocheux sans aucune faille-passage.

Et le côté des maisons où l'on n'entre qu'autorisé, introduit ou pris de force, s'enforce de tout ce qui s'y projette dessus et qui vient de l'immense serpent-bourrelet-décharge publique à ciel ouvert, en plein milieu du canal.

Nous rêvons pratiquement tous d'une "Voie Royale", nous imaginons et traçons à l'infini des "voies royales" dont aucune n'est la "Voie Royale", et tout se termine dans l'impasse...

brûlots

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