HIROSHIRMA 6 septembre 2017

... Le passage de l'ouragan Irma qui a dévasté Saint Martin m'inspire l'histoire suivante :

Monsieur Marcel Huntel est un retraité aisé âgé de 61 ans demeurant dans une belle et confortable maison à Saint Martin, titulaire d'une carte Visa Premier, bien assuré par une complémentaire maladie lui assurant les meilleures conditions de soins dans une clinique privée de son choix, une complémentaire maladie et actes chirurgicaux qui prend en charge tous les dépassements d'honoraires des spécialistes les plus réputés... Et qui, outre le fait qu'il soit bien assuré, possède les équipements les plus sophistiqués en matière d'internet, de téléphone portable, tablette etc. ... Il a en effet un ordinateur Mackintoch de 1700 euro, le dernier modèle de smartphone haut de gamme, une tablette 15 pouces Apple de 700 euro...

Avant que ne survienne l'ouragan Irma, il se trouvait, ce monsieur Marcel Huntel, assis dans un plantureux fauteuil club en cuir de vache près de la grande baie vitrée de son salon, et il sélectionnait dans ses albums de photos sur sa tablette high tech, les plus marquantes de ses selfies, notamment celles où il apparaît ouvrant la portière de son cabriolet BMW... Afin de les publier, ses photos, sur sa page facebook...

L'ouragan Irma arrive, la toiture de sa maison est arrachée par le vent, sa baie vitrée explose , des trombes d'eau s'engouffrent dans son salon, il a juste le temps, Marcel, de se réfugier dans un réduit, une sorte de placard mural situé entre sa cuisine et sa salle de bains...

Après le passage de l'ouragan, il n'y a plus d'électricité, plus de téléphone, plus d'internet... Marcel sort du réduit, fait quelques pas dans son salon dévasté, et tout à coup, voilà qu'il s'effondre, perdant connaissance, il vient de ressentir une forte douleur dans sa poitrine... Sa femme, l'ayant vu tomber, se penche sur lui, il demeure immobile, allongé sur le sol...

Impossible d'appeler le SAMU ni aucun secours d'urgence, le téléphone ne fonctionnant plus. Sa femme se rend au bout de la rue, à 200 mètres il y a le cabinet du médecin traitant du couple. Le médecin est parti plus loin, s'occuper de gens blessés, la femme dit au médecin ce qui vient de se passer pour son mari, le médecin dès qu'il a pu achever de s'occuper d'un blessé, gagne la maison de Marcel mais dans les 200 mètres il faut enjamber des poteaux et des parpaings et de surcroît patauger dans 50 centimètres d'eau boueuse tourbillonnante... Enfin le médecin arrive, se penche sur Marcel... Tente un massage cardiaque... Ne peut que constater le décès de Marcel...

A quelques centaines de mètres après le bout de la rue principlale du quartier résidentiel où demeure monsieur Marcel Huntel, c'est un tout autre "décor" en fait un tout autre monde qui commence, au delà -mais si proche cependant- du quartier résidentiel... Un monde de baraquements en tôles et planches et matériaux hétéroclites, de bâches et de toiles plastifiées, dont il ne reste rien d'autre après le passage de l'ouragan, qu'un amoncellement de décombres et de détritus... et une foule de gens hagards, à demi dévêtus, dont certains de ces gens sont à terre, les uns sur les autres...

Oscar Bonvoisin, un jeune Antillais âgé de 15 ans qui, à son professeur principal du collège avait dit "m'sieur c'est dieu qu'a créé l'monde" en réponse dans un cours sur la préhistoire... Et qui savait à peine lire, et demeurait avec ses parents ses deux frères et ses trois soeurs dans l'un des baraquements ; venait de recevoir sur sa tête un parpaing... Les yeux grand'ouverts, il eut juste le temps avant de mourir, de dire "ah putain qu'est-ce qu'il est vache le bon dieu!"...


 

... La vérité, c'est triste à dire mais je le dis... C'est que sur cette Terre dans le monde, dans cet environnement de consommation, de mode de vie qui est celui de plus d'un milliard et demi d'humains en grande majorité vivant dans des pays développés économiquement ou en voie de développement... La vérité dis-je, c'est que ces quelque un milliard et demi d'humains, sont davantage préoccupés de tout ce qu'ils peuvent perdre en matière de confort, de sécurité, de biens de consommation, sont davantage préoccupés de ce qu'ils devraient subir, sans électricité, sans moyens de communiquer par téléphone et internet, sans eau courante, dans leurs maisons dévastées, leurs cartes bancaires ne leur servant plus à rien, le médecin ou les secouristes qu'il faut aller chercher en se déplaçant à pied, devant pour quelque temps vivre au quotidien comme on vivait au moyen âge ou comme on vit encore par exemple dans une campagne malgache ou au fin fond du Cameroun dans un abri de fortune... Sont davantage préoccupés de tout cela, oui, que des morts et des blessés nombreux qu'il y aurait lors d'une catastrophe dans le genre de celle de l'ouragan Harvey au Texas ou de l'ouragan Irma à Saint Martin... Davantage préoccupés de tout cela, oui, de tout ce qu'ils devraient subir, plutôt que de la souffrance, de la misère mêmes des gens...

En effet, à quoi ressemblerait notre monde, notre environnement de vie quotidienne, sans internet, sans téléphone, sans électricité, sans moyens de communication sur des routes effondrées, avec des ponts détruits, des aéroports dévastés... Est-ce que nos assurances, nos cartes bancaires, notre sécurité en matière de soins médicaux rapides, nos tablettes, nos smartphones, nos comptes en banque gérés par internet, nos voitures dans la mesure où elles pourraient encore rouler, est-ce que tout ce dont nous jouissons avec autant de facilité que l'air qu'on respire, et dont nous serions privés du jour au lendemain... Est-ce que tout cela pourrait comme par miracle, réapparaître au bout de seulement quelques jours ?

Oui c'est malheureux à dire, mais une catastrophe dans le genre de celle de l'ouragan Harvey ou d'Irma suscite dans notre esprit, dans notre pensée, de la peur, beaucoup de peur... et disons... " une compassion de principe, une compassion de caractère consensuel" (dont nous ne sommes pas à vrai dire tout à faits conscients parce que masquée sous une apparence de vraie compassion impliquant un élan de soldarité sous la forme de dons en nature ou d'argent)...

Cela dit, je salue ces élans de solidarité réels, venus de partout dans le monde, et bien sûr de la part de nos concitoyens Français en associations, forces de l'ordre gendarmerie secouristes médecins pompiers etc. ... Ces élans de solidatité dans et par lesquels les gens affectés sont réellement secourus et qui eux, ont une autre dimension que celle de la seule compassion...

 

... Les médias, les bulletins d'information au sujet du cyclone José qui doit sévir dès ce soir et dimanche, et dont le trajet (le sens de circulation) affectera Cuba, Haïti et la Floride... Ne parlent pour ainsi dire que des conséquences pour la Floride, autant dire "black out" sur les mêmes ou pires conséquences sur Haïti et sur Cuba... 

Je juge "scandaleux", "révoltant", "indécent", ce "black out" sur les quasi certaines dévastations et futures victimes de Cuba et de Haïti, comme si les gens vivant en Floride "méritaient" davantage de considération ! 

La Floride, tout le monde le sait, est l'un des états les plus riches des USA, avec une concentration de quartiers résidentiels de belles villas et propriétés de milliardaires et de gens très aisés, un état de villégiature et de tourisme et d'espaces de loisirs haut de gamme pour privilégiés... Certes il y a aussi "quelques pauvres" dans cet état... mais rien à voir avec Cuba et surtout avec Haïti !  

 

 

 

ouragan

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