Entre conviction religieuse et fanatisme...

... Il y a une grande, très grande différence.

     Je suis absolument atterré, bouleversé, par cette "flambée de haine et de violence" qui survient et s'étend, et embrase les esprits, à la suite de la diffusion de ce film islamophobe, ce film qui, soit-dit en passant, n'est pas une oeuvre d'art...

Mais il faut noter cependant, que cette "flambée de violence et de haine" est attisée par des groupes extrémistes qui l'entretiennent, entrainent des foules de manifestants à travers le monde, et se livrent à des attentats contre des intérêts américains... Si les Musulmans sont tous choqués par ce film, il n'en demeure pas moins que la plupart d'entre eux, même s'ils manifestent publiquement leur colère, pensent que leur foi n'est pas compatible avec la haine et la violence.

Une véritable oeuvre d'art, qu'elle soit littéraire ou artistique, cinématographique, théâtrale, ou même qu'elle soit caricaturale, qu'elle soit l'expression d'une contestation, d'une révolte, qu'elle soit "combattante et engagée", qu'elle soit partisane même, et fondée sur de l'émotion... Parce qu'elle demeure et s'affirme "une oeuvre d'art"... Ne blesse pas un être dans sa chair, dans son esprit, dans son intimité profonde, dans sa croyance, cette croyance qu'il a au fond de lui et qui lui est chère... Certes, elle peut le déranger, l'agacer, susciter en lui de la révolte, de la résistance... Mais jamais le blesser comme on blesse, comme on maltraite avec rage, avec cruauté, un être à terre en lui donnant des coups de pied dans le ventre ou dans la tête... Ou comme on blesse aussi, un être dont on ne partage pas du tout les convictions et auquel on nuit sciemment...

Il y aurait là, toute une réflexion qui devrait s'imposer naturellement, au sujet de ce qu'on a envie d'exprimer, dans tel ou tel contexte, dans telle ou telle situation, en présence de telle ou telle personne ou ensemble de personnes, que ce soit sous une forme écrite, artistique ou autre... Autrement dit (c'est ainsi que je "vois les choses") : aller jusqu'à y mettre "jusqu'au fond du coeur de son réacteur", mais dans la contestation, dans la révolte, dans la caricature, dans l'humour le plus décapant qui soit, finir par laisser "transpirer" une "certaine mansuétude", une sorte de "bienveillance" qui ne s'assimile pas à de la complaisance ou du "laisser aller"... (une manière en quelque sorte, de ne pas blesser l'autre dans sa chair, dans son intimité, dans sa croyance profonde ; tout en s'opposant à lui ou en le "tourneboulant" ou le caricaturant)...

La parole, ou toute forme d'expression, artistique ou non ; c'est, dirais-je, "de l'acte sans l'acte lui-même", de l'acte qui serait, si la possibilité de l'acte était, sans que rien ne retienne l'acte...

La conviction religieuse qui fait d'un être humain un croyant en un dieu (mais pas forcément un "pratiquant")... Je la conçois, je la reconnais, je la respecte... Mais je pense que la conviction religieuse n'est pas "compatible" avec la haine et avec la violence... S'il y a haine et violence, il n'y a plus "conviction religieuse" mais fanatisme... C'est à dire que la conviction religieuse, par la croyance en un dieu et par la croyance que ce dieu fonde une Loi, devient alors fanatisme, ou une sorte de dictature et l'objectif du fanatique est clair : imposer au monde sa "vision" par la force, par l'autorité, par la guerre... C'est, ni plus ni moins, l'éternel combat (meurtrier et guerrier) du "Bien" contre le "Mal"... Et, avec "l'éternel combat", l'idée que ce combat est une nécessité, une nécessité absolue et incontournable et qui doit donc opposer les combattants jusqu'à ce que "mort s'ensuive" pour l'une ou l'autre des "deux armées"... Si je m'imagine "dans la peau" (et dans l'esprit ou dans l'âme et dans la chair) d'un croyant, d'un croyant dans une réflexion profonde, dans une recherche de "vérité" (qui s'apparente à mon sens à une réflexion philosophique et culturelle)... Je n'arrive pas à concevoir un dieu qui se satisfasse d'un tel dessein, pour l'être humain (ce dessein étant celui du "combat éternel" jusqu'à l'éliminination de l'un des "deux camps")... Je concevrais plutôt un dieu qui se serait fixé pour objectif, de faire que l'être humain arrive à se libérer de l'emprise de ce destin, c'est à dire de l'emprise de la fatalité...

... Il y a, dans la révolte, dans la contestation, assez souvent je l'observe, du fanatisme... La révolte alors, par l'idéologie ou par la "vision du monde" qui la soutient et l'impulse, s'assimile à une religion, à une forme d'intégrisme qui engendre de la haine, de la violence, du parti-pris, de l'injustice, de l'arbitraire... Et il y a dans la révolte "quelque chose qui participe à la barbarie, à une ou à des formes de barbarie"...

En face de cette révolte là, qui semble s'imposer et participer à la "marche du monde", je m'interroge et en ce sens, je rejoins la pensée d'Albert Camus dans son livre "L'homme révolté" : la "vraie" révolte serait donc celle qui refuse ce destin imposé, orchestré, mis en scène et présenté comme le seul possible, et incontournable, fatal...

Je pense que la révolte "dans le sens où l'on l'entend et dans ses manifestations qui semblent les plus justifiées", en particulier lors de situations vécues inacceptables et dans lesquelles on peut être amené à prendre les armes et donc à tuer... Est, en somme, "comme une étape" ou "un pis aller", une sorte de "passage obligé"... Mais que, une fois cette expérience tragique vécue, un autre destin pourrait devenir possible : le destin de "l'homme révolté", de cet homme qui refuse la soumission au sens commun. Mais en ce sens, "l'ère de l'homme révolté" n'est pas encore commencée...

l'homme révolté

  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire