Deux visions du monde

Il y a deux visions du monde, de la société, de la politique, de la relation à l'autre, qui sont différentes, s'opposent et ne sont pas compatibles, et qui, lorsqu'elles se confrontent, ne génèrent l'une ou l'autre que des débats ou des polémiques sans issue.

 

La première c'est celle qui rassemble autour d'elle des personnes de tous milieux ou environnements sociaux, attachées, conditionnées aux privilèges (relatifs il faut dire pour beaucoup) et à tout ce dont ils jouissent dans leur vie quotidienne ( sécurité, confort, possession de quelques biens, équipements d'usage courant, un travail, des revenus )... Mais qui craignent qu'un jour ou l'autre en fonction de l'évolution du monde, de l'actualité du monde, des crises que traverse la société, de la violence ambiante ; leur vie quotidienne et leurs privilèges relatifs soient remis en cause, disparaissent... Et de ce fait, ont un rapport à l'autre qui se fonde sur la peur, le rejet de cet autre jugé indésirable, envahissant, inquiétant, trop différent de culture, de mode de vie, de religion... Cet autre, cet étranger, ce venu d'ailleurs qui est considéré responsable de ce qui contribue à nous priver de ce dont on jouit entre autre la sécurité, le confort...

On le voit bien avec cette actualité dramatique de milliers, de dizaines de milliers de migrants aux frontières de la Grèce et de la Turquie, depuis les derniers événements de la guerre de Syrie.

Du côté de la Grèce, et donc de l'Europe, des pays de l'Union Européenne ; là où s'exerce à son paroxysme et dans des conditions effroyables la pression de milliers de ces migrants, des habitants de ces endroits exposés où arrivent en masse autant de gens, seraient même prêts à prendre les armes pour repousser tous ces gens !

 

La deuxième c'est celle, aussi, qui tout comme la première, rassemble autour d'elle des personnes de tous milieux sociaux ; et qui bien sûr elles aussi toutes ces personnes, sont attachées à ce dont elles jouissent, à leurs privilèges relatifs... Mais qui, tout en craignant l'évolution du monde dans la violence et l'insécurité, ont un rapport à l'autre qui se fonde sur l'accueil, la solidarité, la reconnaissance de ce qui est différent dans les modes de vie, dans la religion, dans la culture... Et qui acceptent, aussi difficile que cela soit, toutes les conséquences inhérentes à la nature humaine, au comportement humain (autrement dit quand on pense à tous ces gens venus des zones de guerre et de combats en Syrie, au Moyen Orient, en Afghanistan, on pense aussi à des gens dangereux pouvant commettre des attentats, entre autres des djihadistes, des islamistes fanatiques)...

 

Ainsi le risque a-t-il lui aussi, comme les deux visions du monde qui s'opposent, deux réalités, deux aspects :

-Le risque de devoir par la force des choses, de l'actualité et des événements, être privé de ce dont on jouit encore, de voir disparaître les privilèges relatifs qui sont encore les nôtres dans une société en déliquescence (risque jugé inacceptable et que l'on ne veut pas prendre -pour les tenants de la première vision),

-Le risque de devoir subir la violence et le terrorisme des fanatiques disséminés dans les flux migratoires et que l'on ne peut empêcher de laisser passer à moins de refouler tout le monde. (risque que personne ne veut prendre, de la première ou de la deuxième vision)... Ainsi les deux réalités, les deux aspects du risque, se juxtaposent...

Et les deux visions du monde en sont autant l'une que l'autre, troublées...

 

De ces deux visions troublées, c'est la deuxième la mienne...

Je me fais donc à l'idée qu'un jour où l'autre, tout va forcément devenir plus difficile, plus précaire, plus incertain, plus dangereux... Avec peut-être dans mon jardin, autour de ma maison, deux ou trois tentes dressées abritant des gens, de la nourriture à partager, une relation peu aisée à établir...

 

Cependant je ne puis m'empêcher de penser que ce qui participe -même d'un tout petit éclat- à la beauté du monde ; est davantage susceptible d'être sauvegardé dans la deuxième vision que dans la première...

 

Cela dit, quand on pense à ces 50% de richesses et d'argent détenus par seulement 10% de gens multimilliardaires sur cette planète, il y aurait déjà, avec une bonne partie de tout cet argent, améliorer le quotidien de vie, non seulement des 4 millions de réfugiés vivant dans des camps et migrants pour bon nombre d'entre eux, mais de centaines de millions d'autres gens vivant dans la misère, la pauvreté...

A dire vrai, peu y pensent, et encore moins peu sont ceux et celles qui mènent des actions et des combats pour récupérer une bonne partie de ce qui est détenu par les 10% les plus agressivement, ostentatoirement et insolemment riches ! (et qui font les guerres où meurent et souffrent les gens) par intérêt économique et stratégiques combinés et en collusion avec les grandes mafias)...

 

 

 

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