Au nom de la terre, de Edouard Bergeon

... Avec, dans le rôle de Jacques le père de Pierre Jarjeau, Rufus ; dans le rôle de Claire l'épouse de Pierre Jarjeau, Veerle Baetens ; dans le rôle de Thomas, le fils de Pierre, Antony Bajon ; et dans le rôle de Pierre, Guillaume Canet.

Un film d'un réalisme poignant, qui témoigne de ce qu'est l'évolution du monde agricole en France depuis 40 ans...

Le film se termine (la dernière image) par cette phrase inscrite sur toute la longueur de l'écran :

"Aujourd'hui en France un agriculteur se suicide tous les jours"

En 2018 il y avait en France, 448500 chefs d'exploitation agricole. Avec un suicide par jour cela veut dire que durant ces 10 dernières années, plus de 3600 agriculteurs en France, ont mis fin à leurs jours...

Les gens que nous sommes, femmes et hommes du commun exerçant toutes les professions, activités, en tant que salariés d'entreprises privées et publiques, en tant que patrons de PME, de travailleurs indépendants, de tous métiers et emplois, donc, autre que l'activité de chef d'exploitation agricole... Ne sont pas dans la réalité au quotidien, de ce que vivent les agriculteurs. Ils ne savent que ce dont ils entendent parler autour d'eux, ils se font tous, chacun, une idée du monde agricole et de la terre, en fonction d'une sensibilité personnelle...

Edouard Bergeon dans son film montre au fil de séquences significatives, ce qu'est la vie de famille, ce qu'est le lien familial dans le monde agricole, ce qu'est la solidarité entre agriculteurs (liée à des intérêts et des soucis communs)... Ce sont des femmes et des hommes qui, quoiqu'on en dise, aiment leurs animaux, éprouvent des sentiments... Mais qui, dans le système de production (gigantisme de l'exploitation et des machines, financement, investissements nécessaires, diversité d'activités entre élevage de divers animaux de bouche, culture de céréales)... Sont pour ainsi dire obligés de "mettre leurs sentiments dans leur poche", prisonniers qu'ils sont d'un système implacable, un système où les banques, où les lobbies sont les véritables maîtres...

Quand nous voyons des vaches sous la pluie, dans le vent et le froid, qui broutent de l'herbe saupoudrée d'une première neige ; où quand nous voyons des poulets par milliers confinés dans des hangars géants et alimentés par des robots, de l'informatique et de l'électronique... L'on se dit que le monde agricole, que les "paysans" comme on les appelle encore, n'ont plus comme jadis, le souci de la qualité de l'environnement naturel, de leurs animaux qu'ils traitent telles des marchandises...

A dire vrai est-ce qu'ils le "vénèrent", ce système ? Est-ce qu'il y adhèrent de leur plein gré? NON, NON et NON... Ils le subissent "par la force des choses" (c'est à dire par la domination des banques et des lobbies)... Et, il faut le dire aussi, et c'est peut-être là le pire ; par la pression qu'exerce des millions de gens, de consommateurs, par le genre de vie qu'on mène dans notre société du profit, de la jouissance, de l'offre de produits et services, du paraître, de l'instantanéïté, de trois repas par jour avec viande et charcuterie, de congélateurs et de frigos archi pleins, de campagnes promo dans les grandes surfaces commerciales, de crédits et de cartes bancaires...

 

 

 
  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire