Likes et émoticônes

… Il me vient l’idée – cela ne date pas d’hier, d’ailleurs – que, ce qui sur la Toile et sur les réseaux sociaux, fait le plus polémique, suscite le plus de commentaires, de réponses, de réactions ; le plus aussi de nombre de vues de tel ou tel « post » d’un tel d’une telle… (Mais peut-être pas cependant le moins lu)… Serait lié, directement lié à une manière de s’exprimer commune au plus grand nombre de gens, plus souvent sans doute des « jeunes générations » ( 15/20 ans, 20/30 ans, 30/40 ans) mais aussi jusqu’aux « rassis » et « seniors/senioresses » ayant connu dans leur jeunesse l’école, le collège, le lycée et la Fac d’après les premières grandes réformes du milieu des années 1960…

 

Une « manière de s’exprimer » qui privilégie l’effet de langage, la lisibilité immédiate, le « court », et qui évite les développements jugés ennuyeux ou trop longs à lire… Ou encore qui se fonde sur une pensée que je qualifierais « d’engagée sans l’être autrement que consensuellement » et qui est plébiscitée ou (c’est selon) désapprouvée par les uns ou par les autres… D’où les commentaires, les réponses, les réactions qui s’enchaînent les unes derrière les autres, pour finalement « dire la même chose » - en gros on loue ou on conspue… Le résultat étant le nombre de vues lié au nombre de commentaires et de réponses…

 

Si encore cette manière de s’exprimer, quasi généralisée pour ne pas dire planétaire, faisait état d’une orthographe et d’une grammaire « acceptables » ! … Mais ce n’est pas le cas… Et faisait aussi état d’une capacité de réflexion, d’un développement de pensée « encourageant » ! … Ce n’est pas le cas non plus…

 

En France 68 millions d’habitants, chaque jour 16 millions utilisent Instagram ( soit dit en passant sur Instagram je n’y suis point ) ; 5 millions Twitter et 27 millions Facebook…

 

« Plus simple, plus rapide et donc moins casse tête » - et bien sûr réduit au maximum – on « like »… Ou l’on poste juste une émoticône…

Et le nombre de « like » serait même « plus référentiel » que le nombre de vues pour autant que ces vues soient des lus…

 

À noter aussi que ce sont souvent les mêmes sujets d’actualité qui sont évoqués et suscitent les productions et les commentaires des uns et des autres, relatifs à ces sujets « bateau » ( d’ailleurs il faut dire « très sensibles » - que je n’énumère ni ne nomme ici )…

 

Cela dit… Autre constatation (et qui va à l’encontre de cette « immense cacophonie de communication à distance par internet, et du fait de cette dépendance des uns et des autres au smartphone et à internet)… Un vrai paradoxe ! … Plus personne ne se regarde dans la rue, dans les transports, dans les lieux publics, plus personne ne va chez l’autre à l’improviste ; le soir après 19h dans les villes moyennes, les bourgs, les villages, on ne voit plus personne dehors… Quoique tout de même dans les grandes villes ou métropoles régionales ou parfois aussi dans certaines localités en centre ville, les terrasses de café sont occupées de jeunes et de moins jeunes qui se rencontrent là, au café du coin…

 

Ce qui s’oppose et diffère, en matière d’expression écrite (et d’images) sur la Toile, n’entrant guère dans cette « néo culture » de la communication, de la relation sociale et du rapport à l’autre, qui est celle de la civilisation du 21ème siècle, de domination des apparences et de l’effet immédiat « à chaud » - où la pensée et la réflexion développée font défaut, réduites, simplifiées, consensuelles et communes qu’elles sont ; n’a guère de chance d’être beaucoup suivi et surtout, de faire l’objet de réactions, de commentaires, de réponses…

 

Merde à la domination des apparences, à l’addiction à l’effet immédiat, aux likes et aux émoticônes !

Merde à cette « néo culture » du 21ème siècle, de la communication, de la relation sociale, à laquelle adhèrent un trop grand nombre d’intellectuels en vue, que met en avant et favorise le système éducatif !

Merde à ce vide et à ce désert dans les rues de nos villes et de nos cités, que produit et généralise la dépendance de tous au smartphone, à l’internet et aux communautés de toutes sortes sur les réseaux sociaux, toutes aussi partiales et crispées les unes et les autres !

Merde à l’imbécilité du silence !

Merde à la prolixité du propos réducteur, de la louange ou du blâme repris en chœur !

 

… La vocation du commentaire n’est point de louer ou de blâmer – quoique parfois louer ou blâmer ne peut être exclus – et encore moins d’abonder dans le sens qui semble fédérer les uns ou les autres autour d’un même consensus de pensée – mais plutôt d’apporter un complément d’information, un appoint, une précision particulière, d’argumenter, d’infléchir si besoin, d’émettre un avis différent ; et aussi – c’est peut-être là, la véritable vocation du commentaire – d’amener l’interlocuteur à exprimer une autre pensée, à faire part d’une autre réflexion… En somme, d’être pour l’interlocuteur, un « moteur d’inspiration »…

C’est dur de ne devoir compter que sur soi-même, et, quasiment chaque jour, de « croiser le fer » avec l’épuisement !

 

 

 

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