Le silence de ceux qui ne disent rien...

     S'il y a l'écriture, la parole, la poésie, l'agissement, la réaction exprimée et portée sur la place publique, de quelques uns d'entre nous qui ne peuvent demeurer indifférents...

Il y a aussi ce silence de ceux et de celles qui ne disent rien, n'écrivent rien, ne postent pas dans les forums, n'envoient pas de "courrier des lecteurs" dans les journaux régionaux du samedi et du dimanche, ne bloguent pas... Ce silence oui, des uns et des autres, de tant d'uns et d'autres en vérité, mais qui n'est pas forcément un silence complice ou tacite...

Ce silence là, il porte en lui ses mots, sa pensée, sa révolte, et à sa manière il lamine, il est bien réel, bien présent... et parfois, plus efficace, plus "fédérateur", plus "combatif" dirais-je, que tous ces discours "à déterrer les haches de guerre", que tous ces écrits et que tous ces propos qui voyagent sur les blogs et sur les réseaux sociaux ou même que toute cette prosodie d'intellectuels et de pseudo-intellectuels sur les évènements de l'actualité, sur la société en général, sur tous les sujets sensibles dont on parle dans les tribunes de RTL et autres radios...

C'est un silence qui se lit comme la page d'un livre dans un regard, sur un visage, dans un comportement, dans le choix qui est fait d'une manière d'acheter, de vendre et de consommer, de lire ou de ne pas lire tel ou tel livre, de regarder ou de ne pas regarder telle ou telle émission de télévision" ; c'est une manière de communiquer avec son prochain... C'est un silence qui agit bien plus qu'il ne s'exprime publiquement en "roulant ses grosses mécaniques", c'est je crois, le silence de tous ces gens que l'on prétend -souvent avec mépris ou condescendance- soumis, incultes, et que l'on prend pour des veaux...

Et ce silence là, moi, il m'interpelle et je crois en lui et je lui fais confiance, il bousculera le monde, même s'il lui faudra du temps pour cela !...

Ce n'est pas parce que le monde est noir, affreusement noir, lucidement noir ; ce n'est pas parce qu'il y a tant et tant d'imposture et d'esbrouffe, tant de médiocrité relationnelle, tant de violence, tant de vulgarité, tant de soumission, tant de complicité tacite, tant de compromission, tant de mensonges, tant d'hypocrisie, tant d'injustice, tant de culte de l'apparence et de la performance et de l'immédiateté... Qu'il faut désespérer, penser que "le combat est perdu d'avance"...

La culture, l'interrogation et le doute, l'audace dans la pensée et dans l'acte, le risque qu'il y a à se voir vite fait bien fait torpillé et coulé ou repris de force dans le courant et entraîné, mais avec la peur vaincue en soi de ce risque là... Cela, oui, c'est une sorte de révolution à faire en soi et autour de soi, pour récréer de l'avenir...

Non au mépris de la fiction réaliste et novatrice, au mépris de la poésie, au mépris de la réflexion ; non à la contrefaçon dans l'Art et dans tout ce qui se vend et s'achète !

le silence plus fort que les discours

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