Exit Williams Robin

     C'est avec une très/très grande tristesse que j'ai appris, ce mardi 12 août dernier, la disparition de l'acteur Américain Williams Robin... Qui a joué notamment dans Madame Doubfire, dans Le cercle des poètes disparus et dans Will Hunting... Trois films que j'ai vus et revus (dont 3 fois Will Hunting qui est pour moi un "film culte")...

Cela me fait cependant penser que... Le meilleur que l'on peut, que l'on est capable de donner de soi-même aux autres, à un être en particulier, de sa famille, un ami, enfin peut-être n'importe qui... Ne sauve pas forcément cet Autre, ne change pas forcément la vie de cet ou de ces Autres... Et surtout, ne change pas, déjà, pour commencer... sa propre vie... Mais que ce n'est jamais, assurément jamais, inutile, totalement inutile de le tenter... de "sauver", de "changer"... Et qu'il FAUT, en fait, tenter de le faire !

Si Will Hunting repasse encore, eh bien pour la 4ème fois je le revois...

Ah quel film, quelle oeuvre ! Et quel acteur que Williams Robin !

... Ce "meilleur de soi-même" en fait, n'est pas forcément le meilleur au seul sens de meilleur...

Il serait, plutôt, en même temps ( indissociablement) "ce qu'il y a de plus pur et de plus fort en soi", cependant relié à ce qui est "ordinaire" en soi (car "l'ordinaire" est en chaque être, en fait)...

Les êtres au coeur pur sont la plupart du temps, des êtres fragiles, non pas fragiles dans le seul sens de la fragilité, mais disons... "exposés", plus exposés que les autres êtres, à ce qui vient du monde, des autres êtres (de la dureté, de l'absurdité, de l'indifférence, de la violence du monde et des autres êtres)... Ils sont, dirais-je "visionnaires" (mais plus "visionnaires" dans le sens de la lucidité, que "visionnaires" de ce qui sera, de ce qui va être)... Il y a en eux, du fait des valeurs qu'ils défendent et dont ils se réclament (valeurs qu'ils différencient de ce que l'on appelle en terme de Croyant ou de moraliste "des vertus"), il y a en eux, donc "une sorte d'intégrisme" : ils sont à leur manière "intégristes" (et ils le sont d'autant plus qu'il y a en eux cette pureté et cette force qui les habitent, qui les transcendent)...

Ils sont comme ces saisons d'été en milieu géographique (terrestre) médian ou tempéré, lorsque l'anticyclone n'est pas suffisamment bien placé pour empêcher les dépressions de perturber les saisons d'été...

Rares, très rares, sont les êtres au coeur pur qui sont en même temps des êtres solides... Et cela d'autant plus, que, pour peu qu'ils acquièrent justement, de la solidité, ils sont inévitablement éprouvés en fonction de cette solidité qu'ils ont acquise... Jusqu'à la limite de leurs forces, jusqu'à ce que le meilleur en eux, c'est à dire ce qu'il y a de plus pur et de plus fort en eux, ne puisse plus les sauver eux-mêmes... alors qu'ils ont passé leur vie à essayer de tirer les autres vers leur meilleur...

Il vient alors à cette limite extrême (dans cette sorte de zone de "no man's land")... de la désespérance, une "lucidité tragique", le combat semble perdu... Vient alors le renoncement... Ou le suicide... Le suicide purement physique... ou ce que j'appelle le "suicide littéraire, le suicide de l'artiste, le suicide du poète, le suicide du meilleur de soi-même", le suicide donc, qui consiste à ne plus rien exprimer... (Je pense en disant cela, par exemple, à Frantz Kafka, quand il envisageait et qu'il avait même spécifié par écrit, de détruire la quasi totalité de ses oeuvres - mais son ami Max Brod ne l'a pas suivi dans cette voie et a sauvé une grande partie de ses écrits)... Je pense aussi à Arthur Rimbaud, qui à l'âge de vingt ans à peine passé, arrête complètement d'écrire et décide de changer de vie en partant à l'aventure en Afrique, se livrer à des activités n'ayant plus rien à voir avec la littérature...

Y-a-t-il eu pour Arthur Rimbaud comme pour Frantz Kafka, ce renoncement? Cette désespérance? Cette lucidité?... Au point pour ainsi dire d'aller jusqu'au "suicide littéraire" ? D'ailleurs... L'ont-ils vécu en eux ainsi ? Nul ne peut le savoir...

... Avoir le coeur pur et en même temps être un être solide, vraiment solide... Je pense que c'est possible... Mais la solidité forcément, implique de la dureté, de l'intransigeance, implique de ne pas se compromettre, d'être sans la moindre complaisance d'opportunisme ou de confort... Et à "ce niveau là", l'être au coeur pur, c'est bien là qu'il est le plus exposé... Et qu'il doit résister le plus afin de survivre déjà... Et s'il y arrive, à faire tomber les murs des forteresses imprenables, ces forteresses qui défendent ce monde qui a toujours existé, celui des "forts par les armes, forts par l'argent, forts par les apparences, forts par tout ce qu'ils possèdent, forts par ce qu'ils dominent, forts par le nombre de "clients", de "sujets" ou de serviteurs qu'ils ont autour d'eux...

Williams Robin

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