Restez poli !

 

Chronique de René Borg, dans VOSGES MATIN, le dimanche 24 octobre 2010 :

 

"IPSOS publie un sondage édifiant sur l'incivisme. Plus de deux Français sur trois estiment que l'incivisme a eu tendance à progresser ces dix dernières années. Les personnes âgées sont encore plus sévères (tu m'étonnes!). Juste, en passant, cette précision qu'IPSOS a zappée : le civisme concerne le respect par rapport à la chose publique. La civilité, parce qu'en fait il s'agit bien de cela, se définit par rapport au respect des règles du bien vivre. Nuance. Mais il s'agit bien d'incivilité dont on parle, celle qui fait dire par 69% des Français, faire preuve de civisme c'est avant tout respecter les autres – ses voisins, toute personne quels que soient son sexe, son âge, son origine. Au fond, cela peut paraître surréaliste de mettre le doigt là dessus, ce que regrette la France profonde sondagée tient à l'incivilité, pas l'incivisme (il s'agit bien d'un autre problème) qui gagne. Le bus surabondé où personne ne cède sa place à la dame âgée. Le carrefour où tout le monde bourre au vert, quitte à paralyser la circulation. La station d'essence où l'on veut se goinfrer de gazole, même si les autres, derrière, ont de bonnes chances de faire ceinture. Rester poli revient à passer pour un demeuré. Inversement, forcer le trait attire l'attention. Comme Jean Luc Mélenchon quand il traite David Poujadas de salaud, larbin, laquais des puissants. C'est du dernier impoli. Mais cela fait le buzz, comme le casse-toi-pov'con, de triste mémoire. Puisque l'exemple vient d'en haut, alors... "

 

... Les mêmes 69% de Français (dont vous et moi peuvent faire partie)... Ceux et celles qui "déplorent" (et s'expriment sur ce sujet d'incivilité -souvent d'ailleurs en usant de propos outranciers-) sont en fait les premiers à se comporter égoïstement, vulgairement et avec insolence en maintes situations où ils ont à subir quelque gêne... Et en maintes situations aussi, où ils font preuve d'une passivité ou d'une indifférence ne pouvant que ressembler à de la goujaterie...

L'exemple de situation le plus endémique, le plus généralisé qui soit entre tous les exemples que l'on peut citer... C'est celui de l'automobiliste rageur et impatient qui, engagé sur une voie, dans un rond point ou se préparant à tourner dans une rue en centre ville, klaxonne brutalement derrière un autre automobiliste hésitant et mal à l'aise dans la circulation...

(Tout le monde ne dispose pas d'un "GPS" ou autre petit ordinateur sur son tableau de bord).

... Oui, c'est vrai – oh combien vrai hélas!- ... "L'exemple vient d'en haut" : d'un président de la République Française même... Jusqu'à bon nombre de nos élus (de droite comme de gauche) en passant par des gens de télévision, de spectacle, et des "célébrités"... Alors comment s'étonner que le "lambda" ou la "lambdade" du coin de la rue, qui du matin au soir tout autour de lui et sur les radios et les télés, n'entend que des vociférations obscènes, des réflexions "à l'emporte pièce" ou des propos outranciers à "effets spéciaux"... Ne se mette pas lui ou elle aussi, à vociférer, à bousculer, à klaxonner ?

 

... Mais ce que l'on oublie de dire... et d'écrire... Ce qui passe inaperçu (ou "surréaliste")... Ce qui parfois surprend ou interpelle et peut-paraître "d'un autre temps"... Ce qui est, en fait, le "plus gros pavé que l'on puisse jeter dans une mare"... C'est cette gentillesse, cette délicatesse, cette humilité toute empreinte de dignité, cette merveilleuse simplicité de certaines personnes, dont nous pouvons être les témoins tout proches et directs... Et parmi ces gens là, il y a des "très jeunes", et des gens de toutes conditions et de toutes origines.

L'environnement familial ou social ou économique, la mode, la culture du temps, l'éducation... Le comportement des uns et des autres (en particulier celui des "bien placés sur la scène publique")... Tout cela n'est pas d'une fatalité ni d'un déterminisme absolu qui nous "plomberait tous"...

 

... Petite précision de ma part :

J'aime bien Jean Luc Mélenchon, ayant comme on dit "le coeur fortement ancré à gauche" (et partageant en grande partie ses idées)...

J'aime beaucoup moins David Poujadas, que je trouve trop "consensuel"... Et dont le "petit sourire" m'énerve quelque peu...

Mais bon... On peut aimer les gens sans pour autant apprécier certains de leurs propos et la manière dont ils s'expriment ; et on peut ne pas apprécier les gens sans pour autant les "descendre en flèches enduites de pourriture" en public...

 

 

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