Le petit poucet

… C’est le petit poucet, mais pas le même que celui du conte de Charles Perrault.

Il marche sur un chemin et tous les dix pas, il pose à terre un caillou…

Un caillou gris, blanc, bleuté ; parfois deux cailloux, tous les dix pas.

Les cailloux que le petit poucet pose par terre au milieu du chemin, en plein milieu bien visibles plutôt que sur le bord du chemin, ne sont pas de la même taille, certains sont des pierres assez grosses…

Les dix pas sont comme un jour qui passe, un espace de temps, le temps de faire les dix pas…

Il est un peu magicien, le petit poucet…

C’est pour cela d’ailleurs, que cette histoire est un conte…

Dans les contes les vaches peuvent être bleues et les nuages, des oiseaux avec de grandes ailes, et, entre deux doigts d’une main on peut faire apparaître un caillou…

C’est ce que fait le petit poucet : il invente des cailloux, en les faisant surgir d’entre deux doigts de l’une de ses mains.

Mais avant de faire les dix pas – tous les dix pas il s’arrête parce qu’il est tellement petit, le petit poucet, qu’il lui faut se reposer – il met les cailloux jaillis d’entre ses doigts, dans sa musette…

Quelquefois dans les dix pas qu’il fait sur le chemin, le petit poucet, dès les deux premiers pas, au lieu de ne mettre qu’un seul caillou à la fois, ou deux ; il en met trois, quatre même…Parce que sa musette est pleine de cailloux, des gros, des lourds…

Mais des fois, il lui arrive, au petit poucet, de ne pas faire jaillir entre ses doigts, de cailloux, avant les prochains dix pas… Alors sa musette est allégée, il n’a plus de caillou à poser par terre au milieu du chemin…

Il y a, venus d’autres chemins, d’un peu partout dans le paysage, des personnages pouvant être des sortes de gnomes, parfois des ogres ou d’autres petits poucets… Qui sont les uns, beaucoup d’entre eux, invisibles pour le petit poucet, mais qui les voient, les cailloux posés ; et d’autres qui eux, ne cessent de tracer sur le chemin, de mêmes marques répétitives à tel point que le petit poucet ne peut jamais faire les dix pas sans voir ces marques …

Les invisibles qui voient le caillou se font parfois visibles, et même tracent un signe sur le caillou…

Ou les invisibles qui voient le caillou ne tracent jamais de signe sur le caillou…

 

 

Un jour, enfin certains jours ou “jours de dix pas”, la musette du petit poucet est tellement pleine de cailloux, et le petit poucet tellement – pas furieux, on peut pas dire ça – perplexe à vrai dire… Que… Il en arrive à se demander s’il va, cette fois là, pour les dix pas suivants, au premier pas… Soit ne mettre aucun caillou par terre au milieu du chemin, et cela trois fois, quatre fois, dix fois dix pas … Ou au contraire en mettre tout un tas, de cailloux, à la fois… Par une sorte de rage qui lui vient, se disant ceci : “eh bien là, tiens, je les assomme, les invisibles, je les balance comme un tas de patates, mes cailloux, je ne sais plus qu’en faire! Qu’ils s’envolent et viennent trouer les nuages, un jour je m’envolerai aussi et je les rejoindrai!”…

 

 

cailloux

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