Je fis ce rêve là...

 

... J'avais vingt ans de moins qu'aujourd'hui et j'étais dans un travail qui ressemblait beaucoup au travail que je faisais dans les années 90 : conseiller financier à la Poste...

Mon “boss” me paraissait presque sympathique et j'étais pour ainsi dire en une sorte de relation apparentée à de l'amitié avec lui... Il n'était pas, le “boss”, un “foudre de guerre” ni un fana de la performance, du résultat et du “paraître”...

Mais un matin il me fit venir dans son bureau...

On ne vous voit plus dans votre bureau ni chez vos clients, et durant les trois derniers mois vous n'avez à votre actif que deux signatures de contrats... de toutes petites affaires en réalité... Que se passe-t-il ?”

Je ne sus que répondre, je baissai la tête, à court d'arguments et d'explications... Car la seule ou les seules explications que j'aurais pu fournir, m'eûssent irrémédiablement perdu.

Je me voyais déjà dans la situation de précarité de ces chômeurs en fin de droit, ne pouvant plus payer mon loyer, interdit bancaire... De toute évidence la “boîte” ne me garderait point...

En vérité ce travail je l'avais en horreur... Tous ces objectifs demesurés – et absurdes – de production, ces horaires impossibles, ces contraintes, ces séances de training et de phoning, jeux de rôle et autres imbécilités inventées par la Boîte... Cette “philosophie” de la performance et du résultat à n'importe quel prix... Et encore ces réunions, ces conférences épuisantes en discours, présentations de graphiques et de courbes... alors qu'au dehors resplendissait un ciel bleu d'été... Oui, tout cela j'en avais par dessus la tête...

Et je me disais que la retraite, c'était bien loin encore, et même la possibilité “d'arrêter avant” - sous forme de cessation progressive d'activité professionnelle.

Quelle galère ! Ne valait-il pas mieux, au pire, être “chômeur errèmiste” ? ... Ou – on peut rêver- artiste, écrivain, poète et gagner quatre sous par ci par là comme les troubadours du moyen âge? Vivre dans une roulotte, voyager, voir du monde, faire le pitre sur une place publique... et cela jusqu'à 90 ans même !

... Par chance ce n'était qu'un cauchemar que je fis là, cette nuit du 24 au 25 juin 2010... et je m'éveillais, paisible retraité de 60 ans ayant déjà à son actif trois années de “CPA” (cessation progressive d'activité)... Et totalement délivré – et désormais étranger en heureux exil- de ce monde du travail abject, inhumain, broyeur de rêves et te “pétant la tête” !

... Oh combien je comprends l'angoisse, le mal de vivre, la révolte, le peu d'intérêt en face d'un avenir barricadé et formaté, que manifestent à présent de si nombreux jeunes de moins de 25 ans que l'on commence à voir affluer dans les grandes manifs!

Certes, le monde du travail, autrefois, n'était pas drôle du tout... Mais il y avait tout de même une “dimension d'humanité” où l'enfer sur cette Terre s'ouvrait parfois sur de “petits paradis”...

 

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