Autre petite histoire "coronavirique"

… Fleurestine et Capucette toutes deux âgées de 28 ans vivent en couple à Osgar – en – Caballe, dans une maisonnette située en bordure d’une forêt, au bout d’un chemin traversant un grand pré à vaches…

Leur plus proche voisin est Gaspardino âgé de 44 ans, un solitaire dans une grande demeure restaurée, mais qui néanmoins tout solitaire qu’il soit, ne manque jamais la fête des voisins début juin chaque année, et fréquente la médiathèque de la ville la plus proche…

Elles avaient aussi, Fleurestine et Capucette, un peu plus loin, dans la forêt, un autre voisin, Odilon, celui là “un peu demeuré sur les bords” ou pour mieux dire “un peu tapé”, coléreux permanent et totalement asocial, âgé de 73 ans, qui depuis cinq ans, ne pouvant plus demeurer tout seul dans sa vieille maison toute de guingois, une ruine en fait ; vit placé dans un EHPAD à la ville voisine…

Fleurestine et Capucette…

“En couple”…

“En couple” comme on dit sur Facebook…

Une expression “en couple”, soit dit en passant, “assez convenue” dans la “grammaire sociale” actuelle…

Mais bon… Trève de “philosophie réflexionnelle” et revenons à Fleurestine et à Capucette…

Notre “couple” donc, était dans ce qui demeurait encore l’environnement social d’ Odilon, les deux seules personnes ayant de la considération et manifestant de la bienveillance, de la gentillesse on va dire, à l’égard de cet Odilon que tout le monde prenait pour un demeuré, un taré infréquentable n’arrêtant pas de fulminer contre la société toute entière…

Depuis qu’Odilon est placé en EHPAD, où il vit sans jamais sortir dehors, pas même dans le parc de l’EHPAD, toujours tout seul dans sa chambre, ne se rendant qu’aux repas en bas dans la grande salle ; Fleurestine et Capucette viennent le voir assez souvent et lui apportent une friandise, une boîte de chocolats, une revue d’automobiles de sport…

Il faut dire qu’Odilon a été toute sa vie durant, un passionné de belles autos, et qu’il a rêvé dans sa jeunesse d’être coureur automobile… Et, soit dit en passant, petit, à l’école, il n’était “pas si mauvais que ça”, il faisait zéro faute en dictée, et présentait de belles rédactions…

Les rares lettres qu’il écrivait, en général à des “connaissances faites sur des journaux dédiés à des rencontres amicales” et parfois à des personnes de sa famille (aujourd’hui tous disparus), sans être cependant des “monuments de littérature”, n’en étaient pas moins “fort bien tournées” et d’une écriture d’écolier appliqué, bien régulière, avec les pleins et les déliés, de belles majuscules, à l’encre violette…

Depuis mars 2020, Fleurestine et Capucette, notamment dans les périodes de confinement et lors des “flambées” de contamination au covid dans les EHPAD, ne voyaient Odilon qu’une fois de temps à autre, entre les périodes de confinement… Et plus du tout, depuis le dernier mois où les visites n’étaient possibles que sous conditions et uniquement un membre de famille très proche…

Aucun lien de parenté, évidemment, entre Fleurestine, Capucette et Odilon…

… Un appel téléphonique de Capucette, il y a 3 jours, au secrétariat de l’EHPAD, pour demander des nouvelles d’Odilon…

“Il est décédé du covid hier matin”…

Demande de précisions…

“Il y a une semaine, il était fiévreux, avait des difficultés respiratoires, ça s’est aggravé très rapidement, il a été amené à l’hôpital, il pouvait pas supporter le tube de l’appareil respiratoire, se débattait sans cesse, il a fallu au final le mettre en sédation… Il sera incinéré et ses cendres dispersées dans le Jardin du Souvenir”…

… Fleurestine et Capucette… Vivant “en couple”…

Elles ont été les seules personnes à le pleurer, l’Odilon…

 

 

 

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